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Vendredi 19 juin 2020 - 22H56 - Clairefontaine.
Match catastrophique contre la Hongrie. Nous avons terminé sur un match nul, ce qui ne nous assure pas encore la qualification pour les huitièmes de finale, et Ousmane est gravement touché au genou.
Les gars savent ce que je n'ai pas aimé, et nous en discuterons demain lors de la réunion. Pour l'instant, la faim me tenaille, alors je me dirige vers la cuisine, suivie finalement par tous les joueurs.
Le silence pesant qui imprègne la cuisine contraste avec l'agitation du match, la tension palpable de nos esprits frustrés. Les joueurs s'assoient autour du plan de travail, échangeant des regards préoccupés, chacun mâchonnant sa propre déception.
Moi, je m'attelle à la tâche, cherchant refuge dans la routine familière de la préparation des repas. Le frigo est le premier à subir mon inspection, ses portes s'ouvrant sur un assortiment de légumes frais et une boîte mystérieuse, héritage des cuisiniers. Un post-it scotché dessus indique son contenu destiné au "sandwich joueurs et staff pour le 19/06". Du poulet en petits morceaux – parfait pour des sandwiches improvisés.
Mes gestes deviennent mécaniques alors que je découpe les baguettes, les ouvre et les dispose sur une assiette. Je m'empare d'un couteau aiguisé, suspendu au-dessus de l'évier, et entame la découpe des légumes frais, lavant les crudités et lançant des œufs à cuire dans une casserole.
Les sandwiches prennent forme un par un, chaque assemblage adapté aux préférences de chacun des joueurs. C'est un rituel apaisant, presque méditatif, qui me permet de m'évader temporairement de la déception du match.
Une fois les sandwiches prêts, je fais une exception pour mon père, lui préparant son repas personnalisé avant de le lui apporter dans son bureau. C'est un petit geste, mais dans ce moment de frustration collective, chaque acte de réconfort compte.
Je me retrouve face à Charles après avoir informé mon père et les autres joueurs de la blessure d'Ousmane. Sa présence ici est surprenante, mais je décide de mettre de côté mes sentiments confus pour faire face à la situation.
- Salut...
Sa voix est calme, mais il semble un peu hésitant.
- Bonsoir, je réponds, essayant de paraître aussi neutre que possible.
Allez, Cléa, fais un effort.
- Mmh, ça va ? sa question est courtoise, mais je peux sentir une pointe de gêne dans l'air.
- Oui, et toi ?, je réponds brièvement, espérant que la conversation ne s'éternisera pas.
C'est alors que je me rappelle que j'ai encore la moitié de mon sandwich à terminer.
