Ancré en moi, Partie 2 : Domination (TERMINEE)

Partie 2 - Chapitre 28

Monsieur S

Je l'observe mais elle ne le sait pas. Malgré toute la haine qu'elle me véhicule à chaque journée, malgré le silence qu'elle m'impose en dehors de ce tribunal, je ne peux détacher mon attention d'elle. Plus les journées défilent, plus j'ai l'impression qu'elle se laisse consumer.

Par sa rage, sa vengeance, sa tristesse je crois, et son dégoût. Plusieurs fois je l'ai vu grimacer en entendant, pour la je ne sais combien de fois, les témoignages de ses clientes.

Je ne sais pas ce qu'elle pense exactement, mais je peux le deviner.

Je la dégoûte. Moi et mes agissements.

Elle doit se rendre réellement compte du monstre que je suis, que ce que je lui ai fait n'est pas pardonnable.

Je n'en ai jamais eu rien à faire, j'ai toujours assumé ce que je faisais, ce que j'étais.

Mais avec Tania, tout a toujours été différent, et encore aujourd'hui. Je ne peux pas me donner une image lisse alors qu'elle est loin de l'être, mais je ne veux plus qu'elle me voit comme un monstre. Que les autres me considèrent comme tel m'est bien égal ! Mais pas ma métisse... Son avis compte pour moi, une chose que je pensais impossible et que je ne devrais pas ressentir. Pourtant, chaque jour qui passe, chaque personne qui parle, m'oblige à me demander si elle arrivera à m'absoudre par la suite, à me laisser une autre chance.

Tu ne devrais pas t'en soucier ! C'est elle qui a voulu cette situation !

Mais tout ça est ma faute. Si je ne l'avais pas traité ainsi, si je ne l'avais pas ramené chez elle, si je n'avais pas été un putain de monstre, nous n'en serions clairement pas là.

Est-ce que cela veut dire que, si les choses avaient été différentes, nous serions tout de même ensemble ?

Nul ne peut le savoir...

Merde... Moi qui ne voulais pas avoir de regret, qui disait ne pas en avoir, je culpabilise tellement en cet instant.

J'aimerais qu'on arrête tout. Je voudrais... Non. Les excuses ne sont pas ce qu'il faut à tout ça... Tania a besoin de se venger, a besoin de toute cette comédie. Même si ça lui fait du mal. Même si ça nous éloigne immanquablement.

Je jette un coup d'œil vers elle, au moment où Victor invite une de mes anciennes filles sous contrats, Sarah.

Je me rappelle parfaitement d'elle. Une sublime beauté maghrébine, que je voulais ajouter à mon tableau de chasse. Sa famille voulait faire d'elle un médecin ou une chirurgienne. Mais, au manoir, elle m'a avoué avoir une passion pour la danse. Elle a pris des cours particuliers avec les meilleurs et a pu entrer dans l'une des plus grandes institutions de Paris. L'une des rares qui, finalement, a su profiter de ce que je lui offrais, a su saisir les opportunités que j'ai mises sur son chemin. L'une des rares à s'être accommodée de mes perversions.