Trou Noir

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Une semaine était passée depuis que Loki avait fini par trouver la photo dans son dressing, une semaine que Mobius savait, une semaine qu'il l'avait quitté sans lui laisser la moindre chance de s'expliquer.

Au début, Loki l'avait laissé faire. Il avait compris son erreur mais aussi le besoin de temps de son compagnon, que ses idées puissent faire leur chemin. L'historien savait qu'il devait lui laisser de l'espace. Mais quand Mobius avait fini par venir récupérer ses affaires, dans un silence encore plus glacial que l'arctique, Loki l'avait très mal supporté.

Ses pouvoirs, chose qu'il cachait, qu'il maîtrisait depuis des mois maintenant explosèrent et détruisirent la moitié du dressing en question, faisant à nouveau voler cette photo, vestige des secrets droit vers lui.

Loki se laissa tomber contre un des murs en morceaux et laissa les larmes rouler sur ses joues, serrant cette photo contre lui, tenant simplement par la force du désespoir. Cette photo était un des rares souvenirs qu'il avait gardé de son ancienne vie, de tout ce qu'il avait quitté et de tout ce qu'il ne retrouverait jamais.

Il l'avait gardé car il avait toujours ce besoin d'être proche de son passé, d'un deuil qu'il n'avait jamais pu achever. Il n'avait toujours pas fait le deuil de sa mère après tout, alors comment pouvait-il faire le deuil de l'homme qu'il avait aimé plus que tout ? Celui qui l'avait rendu bon et qui lui avait permis de voir le monde d'une autre manière, qu'un trône ne valait rien.

L'historien se relève difficilement, titubant légèrement, comme s'il était irrémédiablement attiré par le sol, par sa peine. Il réussit tout de même à se diriger dans son salon. Il attrapa un cadre posé dans l'entrée et se laissa tomber dans le canapé.

Il posa les deux photos sur la table basse et l'observa. Elles étaient si semblables. L'une datant de 1893, à la foire de Chicago, dans des tenues d'époque, des sachets de pop corn dans les mains. Ils se regardent dans les yeux, de l'amour pleins le regard. Un échange de regard qui sera traduit par seulement amical si on écoutait l'histoire. Des amis selon l'histoire qu'ils ont voulu se donner, que l'univers leur a dressé.

Des secrets dictés par des normes sociétales infernales, se révélant simplement dans l'intimité d'une chambre, d'un groupe d'amis, d'une tour en dehors du temps et des épreuves endurées afin d'en arriver à cette finalité.

Puis la mort, surprenante, destructrice et fatale. Elle leur avait sauté dessus, détruisant ce paradis minime, créé sur les ruines de la souffrance et d'un univers en perpétuel destruction. Un univers qu'ils avaient sauvé ensemble.

Puis Loki observa la seconde photo, celle d'un présent beaucoup plus beau, au détour d'une danse, d'un bal auquel il n'avait même pas voulu aller. Une robe redessinant ses contours, dans les bras d'un homme qu'il n'avait pas prêt à aimer à nouveau. Cet homme qui lui faisait redécouvrir le bonheur. Un bonheur construit autour de mensonges qui ne laissa qu'un trou noir dans son âme, dans sa vie. Il l'avait bien cherché, il le savait, mais pourtant, il ne pouvait s'empêcher de souffrir, de vouloir être égoïste, de remonter le temps et de tout réparer, seulement, il ne pouvait plus le faire.

Pourtant, plus Loki regardait les deux photos, plus il voyait à quel point ce n'était pas les mêmes hommes, il y avait tant de différence entre eux, autant physiquement que dans leur caractère. Ils étaient selon les lignes du temps, selon les directives du multivers le même être, mais ils ne représentaient même pas un reflet d'un miroir.

Ils étaient deux êtres distincts, Loki le savait, rien qu'en observant ces deux photos, rien qu'en écoutant son cœur. L'historien se sentit encore plus mal, une nouvelle décharge de magie sortit de ses poings, envoyant la table basse en pleins dans la cheminée, se détruisant dans un bruit de fracas qu'il n'entendit même pas.

La seconde d'après, Sylvie était là, près de lui et il s'effondra dans ses bras, ne trouvant même plus la force de se contrôler, ni même de penser à autre chose que ce trou béant qui aspirait tout en lui, la moindre de ses forces mais aussi tout cet amour qu'il avait ressenti deux fois et qu'il avait perdu à chaque fois par sa faute.


I know my heart will be broken in the end [Lokius Professors!AU]Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum