Chapitre 23

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- Oui ? Non ne t'inquiètes pas. On rentre très bientôt... Quoi ? Non bien sûr que l'avion ne s'est pas crashé !

A l'autre bout du fil, Sohee, paniqué de ne pas nous voir revenir était dans un état d'inquiétude que j'avais rarement connu.

- Je t'envoie un message dès qu'on est dans l'avion... Oui. Bisous.

Le violoniste, à ma droite m'envoya un regard qui traduisait toute sa fatigue et sa lassitude.

Voila deux heures que nous étions sensés être rentrés à Séoul sur lequel se déchaînait une violente tempête pour une durée indéterminée. Tous les avions à destination du pays du matin clair étaient à l'arrêt, bloqués sur les pistes.
Et l'aéroport d'Oslo, capitale de la Norvège ne faisait pas exception.

Nous n'en étions pas sorti depuis huit heures ce matin. Il était désormais seize heures et rien ne bougeait et aucune annonce ne se faisait entendre dans la hall immense. La manager du violoniste commençait à sévèrement s'impatienter et le faisait savoir à qui voulait l'entendre, notamment au personnel qui ne semblait pas en savoir plus que nous sur la programmation des vols de la journée.

C'est seulement une heure plus tard que l'annonce sonna. Aucun avion ne décollerait en destination de la Corée avant au minimum midi, le lendemain. Autrement dit, nous étions bloqués sur le sol Norvégien pour la journée.

C'était la destination où nous devions passer le moins de temps, une demie journée en tout et pour tout. Mais le temps en avait décidé autrement, et je semblais être le seul que cette situation ne dérangeait pas.

Au contraire, ça me donnait du temps en plus.

- Vous avez déjà visité ? demandai-je au violoniste qui se rongeait les sangs, l'air dérouté par l'annonce.

Alors qu'il allait me répondre, une voix le coupa dans son élan.

- Bon, tout le monde. commença la manageur à l'attention de toute l'équipe. Comme le vol a été décalé, je vous conseille de profiter de cette soirée et de la matinée de demain pour visiter un peu. On ne peut rien faire à part attendre.

Un sourire marqua mon visage que je remballai immédiatement en croisant le regard sévère de la femme devant moi. Elle se tourna de nouveau devant le reste de l'équipe et termina :

- On trouvera un hôtel de dernière minute pour que vous n'ayez pas à dormir sur ses foutus bancs. Maintenant, quartiers libres pour tout le monde.

Le violoniste eut l'air ébahi, mais se reprit en comprenant qu'il n'aurait pas le choix.

Nous quittâmes l'aéroport sans nous préoccuper de nos valises, récupérées par le personnel.

Rester ici encore quelques jours me donnait du temps, du temps nécessaire pour être sûr de ma décision concernant Minjun, même si chaque nuit passée aux côtés du violoniste dans un nouvel opéra me confortait un peu plus dans la même idée.

J'avais beaucoup réfléchis à ce que je voulais désormais, mais aussi à ce que je ne voulais plus. Et parmi ce que je ne voulais plus, il y avait la violence. Et Minjun en était devenu indissociable. Le garder dans ma vie, c'était renoncer à mes idéaux.

Il m'envoyait des messages auxquels je répondais par une requête d'un peu plus de temps, et il me l'accordait en ne me répondant plus de la journée.

Une fois sortis de l'aéroport, le froid nous mangea rapidement les extrémités. Sachant que je ne tiendrais pas longtemps immobile, je me tournai vers le violoniste.

- Vous voulez aller vous promener ? lui proposai-je.

Il accepta silencieusement et je m'en réjouis.

𝐋𝐄 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐎𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾Where stories live. Discover now