𝐋𝐄 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐎𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾

Chapitre 1

J'ouvris les yeux dans le noir complet; c'était encore le petit matin. La ville dormait encore et j'allais me réveiller sans réel but, comme à chaque aurore. Mes yeux encore gonflés trouvèrent le réveil sur ma table de chevet; il indiquait cinq heures sept. Je ne parviendrais pas à me rendormir, je le savais, pourtant je m'allongeai de nouveau dans les draps blancs. Je caressai la couverture du bout des doigts, elle était froide et la place à mes côtés vide. J'avais encore dormi seul, comme bien trop souvent. Minjun avait refusé ma venue, prétextant une fatigue post-concert mais je n'étais pas dupe, je savais qu'il avait vu du monde. Je ne savais juste pas ce qu'il avait fait. Ça m'était égal, tout ce qui m'importait était de savoir s'il allait mieux.

Mes yeux commencèrent à s'habituer à l'obscurité et grâce à la faible lumière du jour qui filtrait sous la porte, je pus bientôt constater ma solitude avec plus de clarté. Je me souvenais avoir investi dans ce lit deux places pour que l'on puisse le partager. J'avais souris toute la journée en pensant à sa réaction, au sourire qui gagnerait ses lèvres lorsqu'il réaliserait qu'on pourrait aussi dormir chez moi; et ça avait été le cas, du moins le premier soir. Il avait sourit et m'avait embrassé, heureux. Puis par la suite, il n'était plus jamais venu.

Mon téléphone vibra, je l'attrapai à bout de bras avant de le lever pour qu'il se trouve juste sous mes yeux. Une notification de lui apparue sur l'écran.

"Chez moi ce soir 19h"

Je lâchai le téléphone qui s'écrasa sur mon torse, droit sur mon cœur. Mes yeux balayèrent le plafond crème, moisi par endroit et j'acquiesçai intérieurement. J'y serais, ce soir, mon amour.

Une seconde vibration me poussa à attraper immédiatement mon téléphone, le cœur battant légèrement plus rapidement, l'espoir faisant son travail, mais ce ne n'était pas lui. Cette fois-ci, il s'agissait d'un appel. Sur mon écran, trônait le prénom de Jimin, un ami de longue date. Je décrochai avant d'activer le haut parleur et de reposer le téléphone sur mon torse, toujours allongé.

- Allo ?

- J'étais sûr que tu serais réveillé.

Un petit sourire étira mes lèvres, il me connaissait un peu trop bien.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- T'es occupé aujourd'hui ?

Je tournai la tête vers la place libre à côté de moi, et mon sourire se fana.

- Non, je suis libre comme l'air.

- Génial, tu pourrais me dépanner vers quinze heures ? J'ai un cours à donner et la baffle déconne à mort.

Je soupirai, encore éreinté de la veille. Je m'étais couché tard, réfléchissant à la proposition de Minjun, entre bien et mal à me demander si accepter n'avait pas été une des plus grosses erreurs de ma vie. J'avais même rêvé de lui, Taehyung, jouant du violon éperdument tandis que je l'observai à travers une fente de porte dérobée. Mon réveil avait été tout aussi difficile que mon endormissement, mais peu importe, je n'avais rien d'autre de prévu avant dix-neuf heures de toute façon.

- D'accord, mais à une condition.

- Non.

Je souris de nouveau, je n'avais pas besoin d'expliciter, il avait très bien compris.

- Tu n'as pas le choix, à tout à l'heure.

J'entendis un bref "Mais" contestataire avant de raccrocher. J'avais dix heures devant moi, il allait falloir tuer le temps. J'attrapai mon téléphone et basculai sur le côté pour ne pas avoir à le tenir par-dessus ma tête. J'ouvris les réseaux sociaux par mauvaise habitude et tout y passa : instagram, snapchat et même twitter. J'observai la vie des autres avec voyeurisme et envie. Toutes ces vidéos d'amis qui n'en étaient plus me donnèrent le cafard. Ils faisaient la fête, sortaient le soir, s'amusaient en dehors de la fac, et moi, j'étais cloîtré chez moi, à attendre un coup de fil de Minjun qui ne viendrait jamais pour donner un sens à mon existence.