Chapitre 12

300 37 52
                                    

Le samedi matin, en me réveillant chez Jimin, le visage bouffi par les larmes, je reçus un message de ma mère qui fit accélérer mon coeur plus qu'il ne l'aurait dû. Selon ses dire, j'étais attendu ce soir chez Hana pour un repas de famille en l'occasion de l'anniversaire de Namjoon, son fils. N'étant pas très famille, je ne connaissais que peu les dates qui concernaient cette dernière. Je me retrouvai coincé, incapable de décliner l'offre car il s'agissait quand même d'un évènement important, même si je ne savais même pas quel âge il avait aujourd'hui atteint. Je répondis que je serai là et la discussion s'acheva ainsi.

Je me redressai dans le lit pour faire face à la fenêtre, droit devant, qui de sa hauteur donnait sur le ciel. Le soleil était déjà haut et ses reflets puissants, il devait être midi. Les rayons traversaient le rideau blanc en dentelle, teintant le visage de mon ami de reflets découpés de formes douces et d'arabesques fines. Il était agréable à regarder, pourtant, c'est sur l'extérieur que mon regard se posa. Une nouvelle journée commençait pour moi et tout était toujours dans le même état. Chaque jour j'attendais mon grand changement, un sursaut dans ma vie qui me prouverait qu'elle en valait peut-être le coup. Les réponses à mes questions manquaient, les perspectives étaient insaisissables.

Jimin fit par ouvrir les yeux, me sortant de mes pensées. Il les frotta et avant même de dire quoi que ce soit, il me prit dans ses bras. Ce simple geste, aussi banal pouvait-il sembler, suffit à me rappeler qu'il y avait des gens dans ce bas monde qui me permettaient encore de me raccrocher.

- Jungkook... Je suis tellement désolé...

Je ne savais pas pourquoi il s'excusait. Nous n'avions pas parlé la veille, il s'était contenté de venir me chercher et de me proposer de dormir avec lui, et c'était déjà beaucoup. Peut-être avait-il deviné; ce n'était pas bien compliqué de voir le tourment qui m'habitait. Il me lâcha et je vis ses yeux embués. j'eus presque envie de pleurer avec lui.

- Je n'ai pas envie d'en parler Jimin. Merci d'avoir été là.

Il hocha la tête et je fus soulagé qu'il comprenne. Notre dispute de la dernière fois était déjà du passé. Je m'appuyai sur le lit et une douleur me parcourut le corps immédiatement. je regardai mes paumes dont les plaies étaient recouvertes de croûtes séchées. Le lit dans lequel nous avions dormis était parsemé de tâches de sang que je n'avais pas vues dans la nuit. Je mis un coussin sur celles-ci lorsque Jimin fut distrait, ayant honte d'avoir sali ses draps. Lorsque j'étais rentré la veille, ma tête était si pleine et mon corps si vide que je m'étais mis directement au lit, sans prendre le temps de nettoyer mes plaies. J'avais plongé dans un sommeil rempli de cauchemar, mais j'avais tout de même dormi. C'était déjà ça de gagné.

Je m'apprêtai à me lever du lit, mais Jimin me retint par le poignet. Je m'en dégageai rapidement, terrifié à l'idée qu'il ait vu mes blessures mais il n'en fut rien. Il eut simplement l'air déçu que je le rejette ainsi.

- Tu n'es pas seul. Tu peux absolument tout me dire, n'importe quand. Je serai toujours là pour toi, d'accord ?

Ses yeux sérieux ne quittèrent pas les miens une seule seconde. J'acquiesçai pour la forme, mais il n'y avait rien à dire. J'avais déçu Minjun, j'étais tombé, tout était de ma faute.

Deux heures plus tard, après avoir discrètement changé le drap de chez Jimin, j'embarquai dans le train qui me mènerait bientôt dans ma ville natale. Je regardai Séoul disparaître derrière moi. Ce fut bien la première fois que l'idée de rentrer à la maison ne me parut pas effrayante. J'avais besoin de faire le point, de changer d'air. Que me restait-il à la capitale ? Jimin, un patron et une amie que je venais de trahir, et un homme qui ne m'aimait plus. Qu'est-ce qui me retenait de rester là-bas ? Peut-être la peur de prouver à mon père qu'il avait raison. Mes rêves étaient partis en fumée à l'instant où j'avais posé les pieds à Séoul. J'avais voulu jouer dans la cour des grands; aujourd'hui, j'en payais le prix fort. Mais m'avouer vaincu aurait été comme le coup fatal. Et bien que j'ai tous les défauts du monde, je n'étais pas du genre à me résigner ou à abandonner malgré mes effondrements. J'avais simplement besoin de temps.

𝐋𝐄 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐎𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾Où les histoires vivent. Découvrez maintenant