Chapitre 15

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Le trajet du retour, comme tous les autres, se montra incroyablement silencieux, pesant et inquiétant. Le violoniste à ma gauche , maintenant détendu regardait par la fenêtre avec des yeux froids, semblables au temps brumeux de l'extérieur. Et moi, je le regardai lui. Parce qu'après ce que j'avais découvert, depuis une semaine mais aussi en cette fin de soirée, il m'était absolument impossible de décoller mes yeux de sa personne. Quand je commençai à avoir des pistes et à comprendre le violoniste, celui-ci en ajoutait de nouvelles, toujours plus incompréhensibles les unes que les autres. Ou peut-être que ces nouvelles pistes n'étaient en fait que la conséquence logique des premières.

La voiture se gara finalement devant chez le musicien qui n'avait toujours pas bougé. Il finit tout de même par me regarder, ouvrir la bouche puis la refermer comme s'il se retenait de me dire quelque chose. Il resta quelques instants encore à me fixer, l'air hésitant, puis finalement, il me fit un léger signe de tête avant de se tourner vers la portière et d'appuyer sa main sur la poignée.

- Est-ce que vous voulez que je reste, monsieur ?

Sa main resta en suspend par dessus la poignée. Je n'avais pas plus dit cela parce que je l'avais vu hésiter que parce que moi aussi, au fond, j'avais envie de rester. Les raisons de mon envie de lui tenir compagnie étaient multiples, mais la peur surmontait toutes les autres. J'avais comme un sentiment puissant, presque mystique que si je ne restai pas avec lui ce soir, quelque chose se produirait.

- Tu étais déjà supposé être en repos toute la journée... finit-il par rétorquer en fixant toujours la poignée.

À travers la vitre, je vis dans les reflet de ses yeux qu'il lui était coûteux d'être raisonnable.

- Ça je le sais, mais vous voulez que je reste non ?

Ses yeux s'ouvrir un peu plus grand et je déglutis, à la fois surpris et honteux de ma confiance.

- Excusez-moi... je...

- Oui.

Il releva le regard vers le mien, à travers la vitre et je me sentis rougir sous son intensité. Et comme pour me prouver que j'avais bien lu son expression, que je n'avais pas inventé cette envie en projetant la mienne sur lui, il confirma :

- J'aimerais que tu restes si tu es d'accord.

J'hochai la tête et le musicien se redressa sur son siège pour regarder le conducteur à travers le rétroviseur intérieur.

- Ce sera tout, vous pouvez rentrer. Bonne soirée.

Le chauffeur lui adresse a un léger signe de tête.

- Bonne soirée monsieur.

Nous descendîmes tous les deux du véhicule noir pour nous rendre vers la maison, tentant tant bien que mal d'éviter la pluie. C'est tout de même trempés que nous entrâmes dans la maison devenue sombre sous un ciel si noir. Il alluma le lumières et nous enlevâmes nos chaussures trempées par la pluie. Une partie de mes affaires se retrouva également posée sur le porte-manteaux et ainsi, je me retrouvai en chemise et pantalon de tailleur. Malgré ses vêtements pleins d'eau, il n'ôta pas sa veste de costard. Je me fis bêtement la réflexion qu'il n'y avait pas de honte à avoir, que j'avais déjà vu son corps dévêtu, puis je me rappelai les cicatrices, et tout fit alors sens.

Alors que j'arrivai dans le salon, mon téléphone se mit brusquement à sonner, me faisant sursauter au passage. J'envoyai un regard désolé au violoniste qui ne prêta pas tellement attention à moi en s'enfonçant dans la cuisine. Je sortis alors mon téléphone de ma poche de pantalon pour découvrir le numéro de Minjun affiché sur celui-ci. Mon coeur se mit à accélérer dans ma poitrine et mes mains devinrent moites sur l'appareil. Pour ne pas avoir davantage de temps pour paniquer et faire n'importe quoi, je décrochai puis portai le téléphone à mon oreille, le son baissé au minimum pour ne prendre aucun risque.

𝐋𝐄 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐎𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾Where stories live. Discover now