Chapitre 26

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Inspire...

- 1 minute left. s'écria une voix dans le couloir.

J'ajustai le col de ma chemise, repositionnait ma cravate correctement et passai une main dans mes cheveux cirés. Les techniciens sur scène finirent de préparer cette dernière, s'occupant avec soin du piano qui occupait une place royale, en son centre.

Expire...

J'observai le couloir s'animer de plus en plus à chaque instant, et ressentis ce sentiment grisant de l'appréhension couler dans mes veines, jusqu'à me submerger complètement. J'aimais cette sensation de stress, d'angoisse avant de monter sur scène, elle me faisait me sentir vivant.

Une femme équipée d'un casque et d'un microphone se positionna devant moi en faisant un geste vers la scène, quelques marches plus haut.

- You can go.

J'hochai la tête, avant de gravir les marches comme je le faisais depuis des années. Ce soir, comme depuis trois ans maintenant, je jouerai seul.

A peine le rideau fut ouvert, que je plaçai mon cerveau sur off, et ce pour tout le reste de la soirée. Il ne fallait penser à rien d'autre qu'à ces interminables rangées de notes qui s'étalaient sur le papier à musique et que je connaissais par coeur. Ce soir on m'attendait, on espérait de moi une grande performance, et j'allais la leur livrer.

Je m'assis en face du piano dans le silence complet, et fermai les yeux en posant mes doigts sur le clavier sans pour autant enfoncer les touches.

Ne penser à rien, jouer jusqu'à l'épuisement; c'était ce qu'il y avait mieux à faire.

Je rouvris les yeux et démarrai ma performance avec un sentiment de vide. Trois heures plus tard, je me tenais au milieu de cette même scène seul; sauf que le public avait quitté les rangs. Allongé sur le parquet, je fixai le plafond en me sentant fatigué, et vidé de mon énergie.

M'épuiser pour ne plus penser à rien, voilà ce que je faisais chaque jour depuis trois ans. Je me réveillais, fonçais au conservatoire et jouais des heures durant. J'étais tellement concentré que j'en oubliais de manger, mais ce n'était pas grave, je n'avais plus tellement d'appétit de toute façon.

Ma vie s'apparentait plus à une sorte de survie, mais je m'en contentai. Je savais qu'il fallait apprécier les choses comme elles venaient, sans trop en espérer.

Mon téléphone vibra à côté de moi et je tendis le bras pour l'attraper, trop éreinté pour me lever. Le nom de Jimin apparut sur l'écran, et j'attrapai l'appareil pour décrocher.

- Allo ?

Sa voix m'arriva aussi rapidement que j'avais décroché.

- Tu arrives à quelle heure demain ? demanda t-il.

J'écarquillai les yeux. On était déjà samedi, je retournais en Corée demain et je ne l'avais même pas vu venir. Je soupirai en passant une main sur mon visage;

- Je décolle à midi, donc tard le soir j'imagine. Ne m'attends pas, j'irais directement à l'hôtel.

En vérité, je n'en savais rien. Pas plus que j'avais su quelques secondes plus tôt que je retournais chez moi demain.

- Quoi ?!

Je reculai l'appareil de mon oreille, inquiet que mon tympan ne cède sous les cris de Jimin.

- Non, hors de question. Ça fait trois ans que je ne t'ai pas vu, et tu veux déjà m'éviter ? Même si tu rentres à quatre heures du matin, tu m'appelles et je viens te chercher, compris ?

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