Chapitre 22

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La maison se dressait devant moi, haute et somptueuse. J'étais venu ici des centaines de fois mais aujourd'hui, j'avais l'impression qu'il s'agissait de la toute première.
Ma gorge était sèche et mon coeur palpitait dans ma poitrine. La poignée de ma valise me glissait d'entre les doigts à cause de la sueur qui s'en échappait.

Après deux semaines, je retournais enfin à ce que j'aurais dû considérer comme chez moi.

Cette maison renfermait tant de souvenirs, de bons comme de mauvais, de rires et de larmes, mais aussi de secrets qui n'en étaient jamais sortis.

À travers la fenêtre je parvenais à nous revoir rire dans le salon, nous embrasser assis sur le piano et jouer des heures durant jusque tard le soir. Ces souvenirs me serrèrent la gorge et le coeur, parce qu'il semblaient si loin à présent, appartenant à un passé révolu, où Minjun m'aurait ris au nez si je le lui avais rappelé.

Les cris et les larmes avaient remplacés la douceur des débuts et désormais, je croyais que nous n'étions plus fait que pour ça. Que l'amour n'avait plus de place dans notre couple que pour effacer les crimes, la violence et les erreurs. Je ne nous reconnaissais plus, ni lui, ni moi, ni ensemble et je craignais qu'il n'y ait plus rien à sauver dans notre relation.

J'étais parvenu à négocier avec Kim Taehyung mon retour ici, juste avant le départ pour l'Europe. Notre discussion avait été longue et laborieuse, mais nous étions parvenus à trouver un accord. Il m'attendrait dans sa voiture en bas de la rue, le temps que je récupère mes affaires et que je dise ce qu'il me restait à dire à Minjun - bien qu'il ne savait toujours pas qu'il s'agissait de lui.

J'avais longuement réfléchis à ce que j'allais lui partager. J'avais élaboré un plan, planifié des phrases toutes faites sans jamais être satisfait. Je devais lui annoncer mon départ, c'était la seule certitude que j'avais. Pour le reste, je n'étais trop sûr de rien, pas même de l'aimer encore. Mais je m'étais promis une chose : s'il levait la main sur moi aujourd'hui, je partirai définitivement, et sur le champ.

Parce que si je ne le faisais pas cette fois, je ne le ferais jamais.

Je me retournai une dernière fois, jetant un dernier coup d'oeil au SUV du violoniste aux phares allumés en bas de la rue. Savoir qu'il était là et qu'il m'attendait faisait monter en moi une sensation de chaleur et un courage surdimensionnés. Avec lui à mes côtés, j'avais la sensation que plus rien ne pouvait me faire peur, pas même Minjun.

Je me dirigeai vers la porte et pour ne pas risquer qu'il sorte et soit visible par Kim Taehyung, je rentrai dans la maison sans sonner. Par chance, elle n'était pas fermée, comme s'il attendait mon retour à tout moment.
J'avançai lentement dans le presque noir, la peur m'envahissant de nouveau maintenant que le violoniste était un peu plus loin. Au bout du couloir, j'arrêtai ma valise et la posai dans un coin.

Dans l'air flottait encore un parfum de femme, toujours le même, sucré et fleurit.

- Jungkook ?

Je tournai la tête, sentant mon coeur faire un bond dans ma poitrine.

Il cligna des yeux comme s'il avait vu un fantôme, l'air de se demander si j'étais bien réel.

- Tu es enfin rentré ? questionna t-il sans reproche visible dans la voix.

Il s'approcha de moi rapidement et je reculai, sentant mon coeur accélérer d'un coup dans ma poitrine. Je fermai les yeux d'appréhension de ce qu'il s'apprêtait à me faire subir mais le seul contact que je sentis fut celui de ses lèvres sur les miennes. Sa main serra ma taille pour me rapprocher de lui, et de légers frissons démarrèrent à cet endroit. Je me sentis coupable de ressentir encore du désir pour lui.

𝐋𝐄 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐎𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾Where stories live. Discover now