Il s'était mis à s'entraîner sans relâche avec l'espoir de voir un jour une lueur de fierté briller dans les yeux de son père, mais celui-ci se montrait toujours insatisfait. Lorsqu'il quittait la pièce, en colère en claquant la porte derrière lui parce que son fils venait de presser une mauvaise note, Taehyung restait là, à fixer le sol, et cela pouvait durer des minutes, voire des heures.

Puis sa mère arrivait discrètement, le prenait dans ses bras et allait le coucher en le berçant. Sa douceur à elle lui permettait de combler le manque qu'il ressentait à l'égard de son père. Elle l'aimait et le lui disait, et il était convaincu au plus profond de lui que c'était vrai. Pour son paternel, il n'en était pas bien sûr.

Jusqu'à ses sept ans, il garda un équilibre vital, entre l'amour de sa mère et l'absence et l'autorité de son père. Il ressentait le vide, au fond de lui, mais il colmatait la brèche comme il le pouvait. Il acceptait les cris et allait se réfugier auprès de la seule figure d'amour qu'il connaissait.

Puis un jour, il rentra de l'école à pied comme il le faisait tous les jours. C'était l'été, les feuilles vertes se balançaient sur les arbres et le soleil, à son zénith l'aveuglait. Il passa le pas de la maison avec le sourire, fier de rapporter une bonne note à la maison, une de plus. Il trouva Eunhee, sa petite soeur, au milieu du salon, en train de jouer aux poupées sur le sol, assise une tailleur.

- Où est maman ? demanda t-il, surpris qu'elle ne l'ait pas accueilli comme elle le faisait d'habitude.

- Dans la salle de bain. Elle joue à la morte. répondit la petite sans s'arrêter de fixer ses barbies qu'elle agitait.

Il inclina la tête sur le côté, se demanda ce que pouvait bien signifier ce jeu. Puis il se saisit des hanses de son sac pour le coller à son dos alors qu'il montait les escaliers en courant, gravissant les marches deux à deux.

- Maman ! J'ai eu 98 en maths ! cria t-il en poussant la porte de la salle de bain, trop heureux de lui annoncer.

Mais il n'obtint pas de réponse. Il la vit, allongée au milieu du carrelage, face contre terre, dans sa robe bleu ciel préférée - que lui adorait aussi. Doucement, il ôta les hanses de son sac de ses épaules pour le poser sur le sol, sentant un sentiment inhabituel grandir en lui.

Il s'approcha d'elle sans oser appeler son nom, de peur de la réveiller. Il s'accroupit à ses côtés, toucha sa longue chevelure qui s'étalait sur le carrelage comme des algues brunes.

- Maman, tu dors ? demanda t-il doucement.

Mais il n'obtint toujours pas de réponse. Alors plus délicatement encore, il passa une main sur son épaule pour la secouer, mais il la retira immédiatement. Sa peau était gelée, et en la regardant d'un peu plus près, il réalisa qu'elle était aussi incroyablement blanche.

Cette réflexion ne fit qu'un tour dans son cerveau. Pensant qu'elle devait avoir très froid, il se redressa et partit chercher un plaid dans sa chambre. Il la recouvrit, se rassurant un peu d'avoir contribué à son bien être à elle, sans pour autant parvenir à mettre le doigt sur ce qui le dérangeait lui.

Il quitta la salle de bains sans comprendre, récupéra son sac et descendit dans le salon. Il s'assit sur une des chaises autour de la table et sortit ses devoirs pour ne pas prendre de retard. Mais il ne parvint pas à se concentrer. Il hésita à appeler son père avec le téléphone fixe, mais il avait bien trop peur de le déranger au travail.

𝐋𝐄 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐎𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾Where stories live. Discover now