Chapitre 37

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PDV Carlos

Il est 22 h, et quelques minutes lorsque j'actionne l'interrupteur de mon studio, sis au-dessus du salon d'Asal. Parce qu'il a fallu que je récupère ma bécane. Je tire de la poche de mon slim mon porte-clefs au mousqueton en forme de chiot, et pendeloque en R chantourné et mauve pailleté. R pour Robyn. J'esquisse un sourire en me figurant les grands yeux rieurs de mon ex-copine. Si elle le savait, elle se féliciterait certainement de son cadeau en se frottant les mains avec malice tout en dansaillant la salsa, la saloperie de boule de poils sur une épaule. Elle me manque, et avec elle son humeur changeante, son café serré du matin, nos soirées dansantes... Robyn avait bien ce petit quelque chose qui aurait pu me rendre amoureux fou.

Si mon histoire avec Louane ne m'avait pas marquée au fer rouge.
Si mes pensées n'avaient pas été hantées par Hanna en permanence, déduis-je en déposant le trousseau sur la table de nuit.

Pensif, je porte la main à mon poignet gauche afin de me défaire de ma montre connectée. Cette journée a été fructueuse, riche même. J'ai enfin mis un nom ─ grâce à ma mère ─ sur ce que je ressens véritablement pour Hanna : l'amour. Il est tout sauf platonique, indubitablement, reconnais-je en pensant à notre étreinte passionnée dans cette alcôve pénombreuse de la Whispering Gallery. La galerie des murmures. Je m'attaque à mon t-shirt pour réprimer le violent désir que ces pensées érotiques génèrent en moi. Après quoi je consulte mes notifications.

[Merci. J'aurais voulu que cette journée ne se termine pas... qu'elle ne se termine jamais.]

[Je t'aime + le smiley du singe qui se couvre les yeux.]

Ils ont été envoyés il y a une demi-heure, le second à 20 minutes d'intervalle, ce qui veut dire qu'elle ne savait pas trop comment me le dire, qu'elle s'est donc lancé. Mais je l'ai deviné plus tôt. Je l'ai d'abord soupçonné sous l'arche, je l'ai ensuite lu dans la profondeur de ses yeux gris. Cela dit sa fâcheuse manie de blablater lorsqu'elle est en proie à l'adémonie y a grandement contribué.

À Hanna♡ :
Dors bien.

J'ai un sourire torve. Pense-t-elle que je vais lui faciliter la tâche avec ça ? Si oui, elle se trompe lourdement.

PDV Hanna

Lentement je soulève les paupières, les habituant à la clarté qui inonde la pièce par un entrebâillement des rideaux de velours lavandes. C'est le matin. Je souris aux anges en me rappelant la journée d'hier, plus précisément de comment elle s'est terminée. J'ai dû faire un effort surhumain pour monter dans le taxi tandis qu'il en prenait un autre pour retourner à Dyker Heights. J'avais envie d'être embrassée encore et encore, réalisé-je en effleurant mes lèvres du bout des doigts. Repoussant les draps, je file à la douche pour éteindre le feu qui est en train de prendre naissance dans mon bas-ventre.

─ Holà, la compagnie ! lancé-je à la cantonade en passant la porte de la salle à manger.

Nous y mangeons les week-ends et les jours de fête. Justement, aujourd'hui est samedi.

─ Holà, répond mon beau-frère.

Il introduit une fourchetée de basilics finement hachés et de lamelles de carottes dans la bouche de Victoria. Elle la mâche de mauvaise grâce. Riant sous cape, Émilie empile des pancakes.

─ Combien de "une dernière bouchée pour moi" dois-je prendre ? Dis-moi.

─ Autant que Petit-Moi en a besoin, alors ouvre, répond son mari en déposant un léger baiser sur ses lèvres retroussées.

HannaWhere stories live. Discover now