Chapitre 36

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Agenouillée devant son maître, la rousse révère son maître en le fellationnant. C'est un véritable honneur, aussi le fait-elle avec la plus grande application. Elle lèche le membre viril dans toute sa longueur s'extasiant de le voir grossir encore et encore. C'est la seule partie de son anatomie qu'il ne contrôle pas à cent pour cent.

Devinant le cours de ses pensées, l'homme écarte son organe, la privant ainsi du plaisir de le faire jouir. Docile, elle ne dit rien, mais son âme crie en quête d'assouvissance. Le sexe est pour elle une addiction, il ne le sait que trop bien. Il y a veillé.

Pour la récompenser de sa sagesse, il se met de nouveau à sa portée. Aujourd'hui encore, elle lui a apporté des photos.

─ Je t'en donne l'autorisation.

La nymphomane se rue automatiquement sur l'objet de son désir. Elle le branle à son rythme et désir, alternant coups de langues et gorgées profondes parce qu'elle est une soumise et qu'elle aime ça. Si ça ne tenait qu'à elle, elle ferait ça toute sa vie. Mais voilà, le contrat a pris fin, il y a de cela quelques mois. Ses espoirs concernant un éventuel renouvellement se voient peu à peu réduit à néant par l'obsession malsaine du dominant qui va crescendo pour cette fille qu'il appelle Angelica (Angélique).

Rebel aussi l'obsédait. Quatre ans, c'est le temps qu'il lui a fallu pour se remettre de sa perte. Durant ce laps, elle a servi de souffre-douleur, de vide-couilles... Sa conduite irréprochable lui a valu l'addenda d'une année.

À ses débuts, elle avait mal, très mal. Chaque séance était une torture qui la laissait vide à l'intérieur. Dans la noirceur de la nuit, les sanglots ont longtemps secoué son corps meurtri à vie, qui gisait nu devant un sinistre présentoir en guise d'épreuve. Ces soirs-là, recroquevillée sur le carrelage froid, elle avait pour habitude d'implorer la Mort de venir lui rendre visite. Cette dernière, fidèle à elle-même, a fait la sourde oreille, préférant sans aucun doute répandre le chaos et la désolation là où elle n'est pas conviée. Peu lui importe la nature des gens, pourvu que le malheur soit semé. Elle s'en repait. Elle a emporté ses parents. Au fil des mois, elle s'est accoutumée à la douleur et ceci sous toutes ses formes. De tolérable, l'acte est devenu vital. Un beau jour, elle a pris conscience de sa mission et depuis elle accomplit pleinement ses devoirs. Anger (Colère) est son nom de code. Elle l'a alors adopté.

L'homme lui intime un rythme plus fou, imaginant sans peine son Angelica nue devant lui. Il lui fera l'amour, c'est certain. Il lui fera l'amour comme c'était le cas avec Rebel. Sa Rebel. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle se donne la mort ? Pourquoi ! Son orgasme s'accompagne d'un grognement féroce. Il déverse son jus dans la bouche qui ne lui donne plus autant de plaisir, et ce, malgré son expertise.

***

L'ombre d'un sourire apparaît sur le visage du patron, comme tous les soirs, quand il a en main le rapport de la journée. Ses précieuses photographies. Il en veut toujours plus.

La colère, noire comme le tatouage de lion qu'il a au bras, déforme ses traits de l'homme au fur et à mesure qu'il les découvre. Elles ne sont pas comme d'habitude, aussi s'enrage-t-il. Sur l'une d'elle, un petit con embrasse Angelica. Son hurlement se répercute dans la chambre de converse avec le son de sa canne lorsqu'il l'envoie valser contre le mur. Anger sursaute. L'unique fois où elle l'avait vu ainsi perdre le contrôle, était quand Summers s'est donné la mort. Car il l'aimait, malgré lui.

Anger se mord la lèvre inférieure jusqu'au sang pour se donner contenance. Ne pas pleurer. Ne surtout pas pleurer.

─ C'est mieux ainsi, s'adoucit l'homme après une inspiration. Je ne permettrai pas à ce petit merdeux de connaître une mort aussi belle que celle de Grégory. Il doit souffrir le martyre.

Il lui revient en mémoire son homme de main, lui annonçant le décès du petit ami de Sara. Une balle en plein cœur, patron, lui a-t-il assuré en ricanant. Maintenant que Le Russe a cassé sa pipe, il ne peut plus compter sur lui. Les bons employés ne courent pas les rues. Il se positionne devant la toute première photo d'Angelica. Il l'a, lui-même prise, le jour où il l'a vue entrer dans ce bar, belle à couper le souffle. La tentation faite femme.

Étant une amie proche de Sara, il avait l'habitude de la voir, de lui parler, mais il ne lui a jamais accordé la moindre importance jusqu'à ce fameux soir. Elle était voluptueuse dans une tenue rouge ─ rouge comme le sang ─, à ses pieds des louboutins. Assis à l'arrière de sa limousine, il l'a convoitée à tel point que son érection en a souffert. De là, il a tout vu : sa dispute avec son copain, le face à face, l'accident... tout. Le chauffard est mort quelques heures après d'une balle dans le cœur. Le Russe s'en est occupé. Le portier aussi a eu son compte.

À l'époque, il l'a voulue. Il la veut encore. Et il l'aura. Personne ne pourra l'en empêcher, surtout pas ce petit imbécile.

─ Je le tuerai de mes propres mains.

Il place la première image au centre du mur. Y figure le jeune effronté. Son regard brille d'amour, mais pas pour longtemps. Cette pensée est illustrée par la punaise qu'il plante pile-poil entre les yeux bleus.

─ Et c'est ici que logera la balle, murmure-t-il avec sur les lèvres un sourire rendu démoniaque par le feu qui crépite dans l'âtre.

Un autre chapitre mystérieux !
Entre nous, j'aime les écrire et les lire par la suite. J'en ressors à chaque fois plus... inspirée.

*Rendez-vous au prochain chapitre pour la suite.;-)

HannaWhere stories live. Discover now