Chapitre 18

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PDV Hanna

Quelques jours plus tard

─ Justin demande encore au Père Noël de veiller à ce que ses lutins vérifient bien les cadeaux pour éviter que le sien soit confondu avec celui de Chrystal. Il a rajouté : "Je ne veux surtout pas recevoir de vélo rose, beurk."

Nous rions.
Ma mère remercie Victoria tandis que Tante Philo note le cadeau sur son calepin. Demain, mon père et le Révérend Père iront acheter les cadeaux en ville.

Réunis à la bibliothèque comme tous les ans, nous tous les adultes, procédons à la lecture des lettres adressées au Père Noël. Une tradition que j'affectionne tout particulièrement, car elle met en relief l'innocence de ces fragiles créatures. La plupart d'entre eux, ont été maltraités aussi bien physiquement que moralement, mais ils continuent à croire en l'espoir d'un lendemain meilleur. Venir ici, me fait me sentir utile. Tous ensemble, nous travaillons à nourrir cette lueur d'espérance. Qu'elle ne s'éteigne jamais. En réalité, c'est ça l'esprit de Noël.

Ma mère pioche encore dans la boîte en carton.

─ C'est celle de Milo. Tu veux bien la lire pour nous s'il te plaît ?

Denver accepte d'un signe de la tête, l'ombre d'un sourire sur le visage. Il déplie soigneusement la lettre et lit :

Cher Père noël,

Je ne vais pas te demander de donner plus d'années à maman. Elle m'a dit que son heure est arrivée et que je dois la laisser s'en aller en paix. À la mort de maman, je serai obligé de vivre avec mon papa. Je sais que son autre fils ne m'aime pas et que c'est pour cette raison qu'il a quitté sa maison. Toi, qui as l'habitude de descendre du ciel, je te demande de parler à ton ami, Dieu. Qu'il fasse en sorte que mon frère finisse par m'aimer, et qu'il soit aussi cool que mon pote Carlos, car j'ai toujours voulu avoir un frère.

Agréablement, Milo Grant

Au fil de la lecture, sa voix s'est enrouée.

─ C'est lui ?

Un lourd silence s'abat dans la pièce. Il a dû l'interpréter pour un oui puisqu'il contracte la mâchoire. Ses yeux brillent de larmes quand il se lève pour suivre son oncle à l'extérieur. Nous reprenons notre tâche dans une atmosphère tendue. Le temps presse et nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous. Demain, c'est la veille de Noël. Avant de me coucher, je prie Dieu d'exaucer le souhait du petit garçon.

Je suis réveillée au milieu de la nuit par le grondement du tonnerre. Il pleut des cordes dehors et il y a une panne d'électricité dans tout le bâtiment. Et pourtant, il faisait beau ce soir. Je cours à la fenêtre fermer les volets. Je suspends mon geste lorsque la silhouette de Denver se démarque de l'obscurité à la lumière d'un éclair. Il a un sac sur le dos comme au premier jour. Il est en train de fuir ! Il ne peut pas faire ça ou plutôt je ne peux pas le laisser faire. Déterminée à l'en empêcher, j'empoigne une lampe de poche avant de traverser la maison, pieds nus. Je sors juste à temps pour le voir se trasciner en direction du lac. Éteignant la lumière, je le prends en filature. Malgré cette surveillance accrue, je le perds de vue. J'ai été discrète, il ne pouvait donc pas avoir envisagé de me semer. Je rallume la lumière pour y voir plus clair.

Je sursaute violemment quand je me heurte à un torse puissant. Mes yeux remontent les larges épaules pour aboutir aux traits durcis de ni plus ni moins que Denver. Je déglutis avec peine.

─ Pourquoi tu me suis ?

─ Tu étais sur le point de t'en aller, bafouillé-je tout penaud.

─ Ça ne répond pas à ma question. Pourquoi tu me suis ?

HannaUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum