Prologue

1.8K 96 347
                                    

Cher(chère) lecteur/lectrice,
Déjà un grand merci de lire mon histoire. J'ai eu du mal à me décider parmi mes écrits. Finalement, je me suis arrêtée sur "Hanna".

Je suis heureuse de la partager avec vous. J'espère que vous aimerez...

Flashforward

New York, mois d'octobre

─ Mademoiselle... Mademoiselle?

Je sursaute quand le son persistant qui résonne dans l'habitacle parvient à mes oreilles. Néanmoins, je clignote des yeux au moins trois fois afin de pouvoir recouvrer mon esprit engourdi depuis le début de ce trajet.

Le chauffeur me fixe perplexe avant de reprendre d'une voix monotone :

─ Mademoiselle, vous êtes arrivée.

Un regard à travers la vitre devenue translucide me permet effectivement de distinguer la silhouette du grand cimetière devant lequel le taxi est à présent garé. Quelques gouttes de pluie s'écrasent contre la vitre avant de ruisseler doucement contre elle.

─ Merci, dis-je en payant la course.

Je reste longtemps sous la pluie après le départ du taxi. Je fixe sans ciller le cimetière devant moi. Le ciel qui s'assombrit de plus en plus accentue le caractère sinistre de cet endroit. Les nuages lourds et chargés de pluie se libèrent au-dessus de ma tête collant mes cheveux à mon visage. L'eau ne tarde pas à dégouliner de ces derniers coiffés en afro. Un éclair zèbre le ciel suivi du puissant retentissement de la foudre.

Agrippant mon imper, je prends le chemin que je connais le cœur lourd. L'eau sur le sol gicle sur mes bottes en caoutchouc tandis que je remonte l'allée tombale munie de pierres blanches. Les larmes me montent aux yeux lorsque je foule le gazon imprégné d'eau de pluie pour m'arrêter devant la sépulture.

─ Salut Sara, débuté-je en m'agenouillant devant la tombe garnie de fleurs trop sombres, trop fades à mon goût.

Sara était une fille débordante d'énergie, trop gaie pour rester cloîtrée dans un endroit restreint. D'ailleurs, elle était claustrophobe. Elle aimait la liberté. Avec peine, je me souviens que tôt ou tard, nous devrons tous passer par là, aussi riches, aussi prétentieux que nous soyons. C'est un passage obligé. Certains d'entre nous n'auront même pas droit à une noble dernière demeure. Ils devront se contenter d'une terre battue à la va-vite. Le monde est tellement injuste.

Deux semaines, plus tôt, quand j'ai eu cet accident, j'avais espéré de toutes mes forces être à la place de Sara en ce moment ou être avec elle dans le séjour des morts tandis qu'elle, elle aimait la vie. Du bout des doigts, je touche l'épitaphe, ces lettres gravées sur une tombe qui évoquent cette personne unique qui a dû partir trop tôt, mais qui a marqué notre vie telle une tache indélébile. Oui, peu importe l'âge auquel une personne chère décède, il sera toujours trop tôt. Est-ce qu'on finit par s'y habituer à la longue ? Je l'espère de tout mon cœur. En attendant, je ne peux que vivre avec sa mort sur ma conscience.
Si seulement, je n'avais pas fait ce choix. Si seulement, j'avais privilégié l'amitié à l'amour.

─ Sara... Je vais si mal. Si seulement tu étais là avec moi.

Ma voix n'est plus qu'un murmure qui se brise, le reflet de ma douleur. L'eau salée qui coule de mes yeux se mêle à la pluie. Les deux en un mélange homogène viennent s'écraser à mes pieds.

Pour pouvoir lui expliquer, je dois remonter le temps.
Bien avant mon accident de voiture. Bien avant sa mort.
À cette époque heureuse où elle était encore en vie. À l'époque où Louane, elle et moi formions un parfait trio accumulant des bêtises, se confiant des secrets dans l'obscurité d'une chambre aux couleurs égayées. Des amies qui étaient capables de se chamailler pour ensuite rire comme des complices à gorge déployée.

À l'époque, où tout allait bien.

HannaWhere stories live. Discover now