Chapitre 31

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PDV Carlos

Il est 14 heures dépassées lorsque nous nous décidons à quitter le rang des festoyeurs. Nous y arrivons non sans mal, laissant derrière nous marshal, cornemuses, majorettes et cetera. Hors du défilé, aussi, il y a foule. Jour de libation, les pubs sont déjà noirs de monde. Il y a des animations à chaque coin de rue. Tout un chacun se targue cejourd'hui par le biais de tenues traditionnelles et de badges "Today I'm irish" d'être fils de l'île d'Émeraude.

Mais comme d'habitude, il y a un qui en fait toujours trop. Je fais référence au zigoto qui colle au cul d'Hanna depuis ce matin. Il me sort littéralement par le trou du nez avec ses cheveux verts étalés comme de la merde sur sa grosse poire. Pft ! Un guignol, c'est tout ce qu'il est. La colère me grille les neurones lorsque je les entends partir d'un rire complice depuis le rayon opposé. Une rétrospective de leur baiser achève de me convaincre sur la conduite à tenir.

─ Je l'ai trouvée. Je l'ai trouvée, cette jolie barbe rou-ge, chante Robyn.

Je passe devant elle sans la voir. Mon allure est celle d'un androïde. Une émotion sans nom me transperce le cœur quand j'atteins ma destination. Penché sur elle, ce connard est à un cheveu de l'embrasser. Je le tire par l'habit de manière abrupte. Il n'a pas le temps de dire ouf que mon poing s'écrase avec violence sur sa figure. Il se retient de justesse, porte sa main à son quart de brie qui pisse du sang.

─ Qu'est-ce que tu as fait ? s'écrie Hanna, incrédule.

─ Ce que j'aurais dû faire depuis longtemps, répliqué-je en la balançant sur mon épaule.

Je quitte la boutique de souvenirs en emportant comme unique cadeau mon Hanna.

─ Je l'ai trouvée. Je l'ai trouvée, cette jolie barbe rou-ge, chante une voix lointaine. Chéri ! Tu es là ?

J'émerge de ma vision rocambolesque suite à un claquement de doigts. Je suis toujours en possession de ce t-shirt vert anglais. La créature barbue qui vient de m'appeler agite sous mes yeux des doigts aux terminaisons fluorescentes. Des faux ongles. Je les retiens de peur de me faire éborgner.

─ Ouf ! Durant une minute, j'ai cru que tu avais été téléporté dans l'esprit de ce héros sexy de la guerre de Troie. Comment s'appelle-t-il déjà ? Avil. Non, ce n'est pas ça. Aniil. Non plus. Aa...

─ Achille, achève Brad en tirant sur le postiche, arrachant une grimace à ma petite amie.

─ C'est 3,50 $. Le prix sera triplé si vous l'abîmez. Et si elle disparaît, vous passerez le reste de votre vie en prison, déclare la vieille vendeuse derrière son comptoir. Me suis-je bien fait comprendre ? ajoute-t-elle toujours de sa voix monocorde avant de se remettre à taper sur cette machine qui fait un bruit bizarre.

Ç'en est ainsi à chaque fois que Robyn ou Brad touche à quelque chose. Elle les a dans le collimateur. Ma copine fait un pied de nez avant de dire tout bas :

─ Elle craint. Elle me fait penser à Mercredi Addams de la série Mercredi. Elle aussi avait une de ces antiquités. Elle s'en servait pour écrire son journal ou je ne sais quoi. Je me dis que cette vieille chouette est peut-être en train de mettre nos noms sur la liste des 587 personnes qui ne sortiront pas d'ici vivantes. Remarque, on est ses seuls clients.

─ Mais oui !

Je me tape front. Je n'arrive pas à croire qu'il l'encourage. Ils en sont là de leur élucubration lorsque Tara franchit à nouveau la porte du magasin.

─ Bonne nouvelle, les gars. Mon père organise pour la première fois une croisière festive et il nous invite à y prendre part. À bord : danses, chansons, nourritures... Bref, tout ce qu'il y a d'irlandais ! Le bateau part dans dix minutes.

HannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant