Chapitre 29

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*En multimédia, l'affiche du film "Pretty Woman" mettant en vedette Julia Roberts et Richard Gere. ;-)

PDV Hanna

Le feu rouge qui s'allume nous contraint à faire halte sur Midtown. J'admire, par la vitre arrière, quelques-uns des nombreux édifices de plus de 150 m de hauteur qui dominent New York et lui vaut le surnom de ville des gratte-ciels.

Il y en a un particulier qui me fascine. The Center ─, l'une des plus grandes entreprises architecturales des États-Unis d'Amérique, voire du monde. Il a à son compte de nombreuses filiales implantées dans divers pays. Assise à l'avant avec son copain, Monica se tord le cou pour prendre en photo le logotype du groupe Summers inscrit en lettres d'or nacrées sur la façade. Je n'y suis entrée qu'une seule fois ─ avec Sara ; depuis, je rêve de travailler dans ces locaux.

Quand le feu tourne au vert, la voiture poursuit son trajet.

─ Nous y sommes, mesdemoiselles.

Occupée à regarder défiler le paysage new-yorkais, je ne m'étais pas rendu compte que nous étions arrivés à destination. Monica encore moins. Elle saute du véhicule avec l'agilité d'un chat, sa précieuse caméra numérique toujours en main. À la séance de 18 heures "Pretty Woman". Quoiqu'on soit lundi, les gens affluent pour voir la comédie romantique américaine réalisée par Garry Marshall, diffusée pour la première fois en 1990 et qui est devenue culte au fil des ans. Brad se dépêche d'aller réserver nos tickets.

─ Si tu continues comme ça, tu risques fort de te réveiller demain matin avec un torticolis, fais-je remarquer à Monica comme elle renverse la tête pour photographier Dieu sait quoi.

─ Je risque fort d'attraper la mort aussi. On gèle ! dit-elle d'une voix chevrotante.

Je rigole.

Elle l'ignore peut-être, mais il y a bien pire qu'une température de -4 °C à New York. Mais je me dis que nous autres, les autochtones, y sommes habitués et que nous avons développé une certaine sensibilisation au froid.

─ À quand le soleil, dis-moi ? Je n'ai qu'une hâte, c'est d'aller à la plage, tremper mes pieds dans l'eau et tout le toin-toin.

─ Des plages, ce n'est pas ce qui manque à New York. Crois-moi, tu auras l'embarras du choix. Le printemps, c'est pour avril, mais vers fin mars, le climat sera plus ensoleillé. Par contre, je crains que la température de l'eau ne dépasse les 10 °C. À défaut d'aller à la plage, on pourra toujours se rendre à la piscine. T'en penses quoi ?

─ Qu'est-ce que j'en pense ? Photo ! Attention... À trois, dit "ouistiti".

Elle braque sur moi l'appareil photo et recule de quelques pas.

─ Une... Deux... Trois !

Elle lève simultanément trois doigts.

─ Ouistiti !

Un bras musclé se glisse à mon cou quelques secondes avant le flash et le bruit indiquant que la photographie a été prise. Je profite du fait que Monica examine le cliché pour dégager l'arrière-bras qui pèse sur mon épaule.

─ Et moi qui croyais que ce week-end avait tout arrangé, déclare Brad à voix si basse que je suis la seule à pouvoir entendre ce qu'il dit. Apparemment, je me suis gouré.

─ Ouais, tu t'es gouré, marmonné-je.

─ Hanna, quand voudras-tu enfin comprendre que Tara et moi, c'était une erreur de jeunesse ? De celles qui ne méritaient pas d'être remises sur le tapis, surtout qu'elle et toi aviez décidé de faire table rase du passé.

HannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant