Chapitre 9

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Sitôt l'inclinaison faite, mon image m'apparaît dans la psyché. Non plus celle d'une ado de 16 ans, mais celle d'une femme. Une femme à la fois belle et désirable. Mes mains parcourent lentement la rondeur de mes hanches mise en valeur comme jamais auparavant dans la robe moulante. Le décolleté, loin d'être vulgaire, souligne à la perfection la courbe de mes seins.

Les paroles de Sara me montent à la tête. Nous faisions les boutiques ensemble quand j'ai aperçu cette robe. Elle m'a quasiment obligé à l'essayer.

Regarde comme cette robe te va bien. Elle est faite pour toi, Hanna.

Hors de question. Non, je ne peux pas la prendre. Je... Je n'en ai pas les moyens. De plus, ce n'est vraiment pas mon style, avais-je déclaré avec véhémence.

Hanna, il arrivera un moment tu me remercieras. Emballez-la s'il vous plaît, on la prend, avait-elle rajouté en s'adressant à la vendeuse.

J'essuie mes larmes du revers de la main. Pas question de pleurer. Me dirigeant vers la coiffeuse, j'entreprends de me maquiller légèrement. Un trait d'eye-liner, du rimmel pour mes cils, un peu de fard à paupières rouge et le tour est joué. Je badigeonne mes lèvres d'un rouge à lèvres assorti à ma robe. En me contemplant à nouveau dans le miroir, la différence me saute aux yeux. Je la dois peut-être à cette nouvelle coupe de cheveux ou bien cette robe rouge cerise qui s'accorde à la perfection à ma peau laiteuse ou encore ces louboutins.

Des sifflements précèdent des exclamations quand je fais mon apparition dans le salon.

─ Waouh ! Hanna, tu es tellement belle. Qu'est-ce que t'as fait à tes cheveux ? me questionne Victoria.

J'ai finalement suivi les conseils de Sara. Je les ai rendus plus courts.

─ Ils... Ils sont en afro maintenant. Tu aimes ?

─ Si j'aime ? J'adore ! Ça te va bien sœurette. Pour une fois, j'aurais aimé avoir hérité de la tignasse de mamie, moi aussi. Ton Michael va en rester bouche bée.

─ Dis-lui que ton grand frère est là pour lui botter le cul, au moindre écart.

─ Je lui donnerai ton message mon petit Josh adoré, ironisé-je en l'embrassant sur le front.

Je rigole quand Victoria me fait tourner sur moi-même. Mon rire redouble quand elle me suggère des poses toutes aussi zarbies les unes autant que les autres ne m'autorisant à m'en aller que lorsque son quota de photos est achevé. Dans le taxi, je relis le texto que Michael m'a envoyé en début de soirée. Je n'arrive toujours pas à croire qu'il ait pu se libérer. J'étais dans ma chambre en train de faire mumuse avec mes cheveux quand il me l'a envoyé. Il me demande de le retrouver au plus vite à une boite de nuit s'excusant de ne pas pouvoir venir me chercher lui-même. Je ne me souviens pas m'être apprêtée aussi vite. Mon cri de joie a retenti dans toute la maison.

Je fronce les sourcils devant les appels manqués de Louane. Vingt-six en tout. C'était à l'heure de ma douche, quand je chantais comme une gamelle. Je la rappelle, mais à chaque fois, je tombe sur sa boîte vocale.

─ Vous êtes arrivée.

Je sursaute légèrement, paie la course et sors du véhicule. Mes pas se font hésitants à mesure que j'avance en direction du videur, un colosse au regard pervers. Il me reluque sans vergogne durant ce qui me paraît une éternité. Quand finalement, il m'ouvre la porte, je m'engouffre à l'intérieur sans demander mon reste.

Je ne suis pas plus enchantée à l'intérieur qu'à l'extérieur. En me frayant un chemin à travers la foule, des regards similaires à ceux du videur s'attardent sur moi. Tantôt, on m'invite à boire, à danser ou à aller dans un autre endroit. Je suis forcée de leur crier pour me faire entendre avec cette musique assourdissante tellement que mes cordes vocales menacent de me lâcher.

Tout ce que j'espère, c'est repérer Michael le plus vite possible. Ce sera de toute évidence la mer à boire. Je pourrais essayer de l'appeler, mais je doute qu'il entende son portable sonner avec tout ce bruit. Et cette fichue boule de disco qui ne me facilite pas la tâche avec ses lumières tamisées. La musique est tout à coup remplacée par un slow suivi de la voix du DJ qui invite les amoureux à rejoindre la piste de danse engendrant par la même occasion un flot de bougonnement de la part des célibataires. La lumière aussi a changé. Elle est maintenant blanche. Sans crier gare, la piste se vide. Je me retrouve entraînée par le courant des râleurs. Apeurée, je ferme les yeux m'attendant à être piétinée ou à être écrasée contre un vulgaire cafard.

─ Je ne suis pas morte, songé-je quand je ne me sens plus oppressée.

J'ouvre un œil puis l'autre avec un sourire timide qui s'élargit quand je vois Michael. La silhouette ne ment pas. Il est debout à quelques mètres de moi et ne semble pas m'avoir vu. Du blanc la lumière tourne au bleu tandis que je me rapproche de lui souriant jusqu'aux oreilles. Une ombre surgit de nulle part et vient s'interposer entre lui et moi, me contraignant à m'arrêter. Mes yeux s'agrandissent d'eux même quand elle fond sur Michael et l'embrasse à pleine bouche.

Embrasser ?

*Rendez-vous au prochain chapitre pour la réaction d'Hanna ;-)

HannaWhere stories live. Discover now