Chapitre 12

563 41 193
                                    

PDV Carlos 

Je réprime difficilement mon cri de rage face à l'avion qui décolle juste sous mes yeux. Jamais de ma vie, je ne m'étais senti aussi impuissant qu'en cet instant. J'ai échoué. Les poings serrés, je fais demi-tour chaque pas traduisant ma frustration. Arrivé chez moi, je claque violemment la porte de ma chambre. J'enlève mon sweat ensuite mon t-shirt et commence à frapper dans le punching-ball suspendu au milieu du plafond. Des coups de poings rageurs, de plus en plus violents, de plus en plus rapides. J'y mets toute cette haine que je refoule depuis bien trop longtemps.

Il est trop tard, maintenant.

Deux semaines que je prépare ma vengeance ; deux semaines que je m'entraîne sans relâche. Deux semaines aussi qu'elle a quitté le pays. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle me trahisse elle aussi ?

Flashback

J'écarte deux des cordes pour avoir accès à l'estrade. L'homme qui se tient en face de moi est un vrai goliath. C'est presque suicidaire de vouloir me mesurer à lui.

─ À ma gauche, vous avez avec vous King Kong comme la célèbre bête dans le film King Kong.

Cette déclaration est suivie de la clameur de la foule qui s'intensifie devant la démonstration de puissance du Noir. Et pourtant, la vue des muscles volumineux ne m'ébranle point.

─ Et à ma droite, un p'tit nouveau. Car-los !

Des rires s'élèvent dans la salle succédée de moqueries en tout genre.

─ Tu vas regretter de t'attaquer à plus fort que toi gamin, ironise mon adversaire un sourire sadique aux lèvres.

La porteuse de pancarte indique le premier round. Je gis dans mon sang à l'annonce du troisième. Encore une fois, l'arbitre me demande si je veux abandonner, mais je secoue négativement la tête. Hors de question que j'abandonne. Une douleur lancinante me vrille les côtes tandis que je me relève en titubant. Ma colère est mon seul atout. Il me suffit de la canaliser pour réussir à mettre KO cette brute épaisse.

Quinze minutes, après je descends du ring sous les applaudissements de la foule. Cette même foule qui clamait le nom de King Kong actuellement inerte sur le ring. Je monte l'escalier menant à la boîte de nuit en me tenant les côtes. L'ambiance est à son maximum là-bas. La musique est assourdissante. Les gens s'amusent sans se douter un instant de ce qui se passe au sous-sol.

─ Salut, mon chou ! susurre une aguicheuse à la poitrine énorme.

Elle m'a l'air défoncée. Je l'évite et poursuis mon chemin vers le bar. Là, j'avale d'un trait le whisky que le barman me sert. Soudain, la fille assise sur le tabouret à côté de moi attire mon attention.

Lou ?

Je ferme les yeux un instant pour éclaircir ma vision. Quand je les rouvre, elle a disparu. Je suis sot. Bien sûr que ce n'est pas elle. Ma petite amie ne fréquente pas ce genre d'endroit. De plus, elle est à un gala de charité avec sa mère ce soir. Quand je la vois à nouveau, je ne peux m'empêcher d'être intrigué. Tout en elle me rappelle Louane. Sa façon de se tourner dans tous les sens lorsqu'elle patiente, sa silhouette, sa démarche. Tout. Je réfléchis puis me décide à la suivre à l'extérieur. J'enjambe des débris de meubles et tombe nez à nez avec elle lorsque j'ouvre la porte de sortie.

Je n'y crois pas. C'est vraiment elle. Louane.

Elle s'éloigne à chaque pas que je fais vers elle. Pourquoi ? Mon cœur cogne dans ma poitrine. Elle est supposée accompagner sa mère à un gala. Qu'est-ce qu'elle fiche ici ? Et cette tenue ? Tout ce maquillage ? Ce n'est pas son genre. Un rire moqueur me fait détourner le regard. Je n'y crois pas. Hanna. Qu'est-ce qu'elle fiche ici celle-là ? Le gars à côté d'elle, je le connais. C'est lui que j'ai vu l'autre jour. Je commence soudain à comprendre. Je reconnais le regard d'Hanna. C'est celui d'une personne blessée, trahie. J'avais ce même regard un peu plus tôt en découvrant la trahison de mes parents. Et maintenant Louane. Elle a un rire hystérique quand Louane lui fait face et se met à reculer. Je vois exactement le moment où la voiture fonce sur elle. Le gars hurle pour l'avertir, mais c'est trop tard. La voiture l'a déjà renversée. 

Il accourt vers elle et tient son corps inerte dans ses bras. Il pleure.

─ Hanna reste avec moi s'il te plaît. Je suis tellement désolé de t'avoir trompé. Pardonne-moi. Je t'aime tellement.

Il lance un regard noir au chauffeur.

─ Bon sang ! Aide-moi à la transporter à l'hôpital.

Je regarde la voiture s'éloigner sans faire le moindre mouvement. Louane me lance un regard désolé avant de héler un taxi. Sous le choc, je ne réagis toujours pas.

Fin flashback

Mon coup de poing final propulse l'objet encore plus haut. Mon poing s'abat sur un des murs formant un trou à l'endroit. Un filet de sang longe le mur. Je m'y appuie à bout de souffle. Tous les coups que j'ai donnés n'ont fait qu'accroître ma fureur. Je récupère mon sweat abandonné sur le lit d'où j'extrais le pistolet censé abattre ce pauvre type. Ç'aurait dû être son sang sur l'objet. 

La porte s'ouvre sur ma mère.

─ Carlos, s'écrie-t-elle terrifiée. 

Je me délecte de son visage blême. Je n'ai plus aucune compassion pour cette femme. 

─ Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu as fait ?

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Impitoyable, j'appuie le pistolet contre ma tempe.

─ Je t'en prie ! Ne fais pas ça, supplie-t-elle au bord des larmes.

Mon géniteur fait irruption dans la pièce.

─ Kate. Je t'ai entendu crier. Que se… ? Bon sang ! Carlos.

Ma haine double à sa vue. Il a lui aussi perdu de ses couleurs. Je jubile. Des deux, c'est lui que je déteste le plus

─ Baisse… Baisse cette arme.

─ Non, lâché-je les dents serrées.

─ Mon fils...

─ Je ne suis pas ton fils, hurlé-je en pointant le pistolet sur lui. 

Un coup de feu résonne suivi du cri horrifié de ma mère. 

💫L'histoire ne fait que commencer

Rendez-vous au prochain chapitre;-)

HannaWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu