Épées et Baisers

XXII - Chapitre XCIV

Madame Simone arriva en haletant, accompagnée de trois serviteurs.

-Madame Hélène! Oh mon Dieu non!

Guillaume était parti déjà. Après avoir été épargné par Hélène, lui qui avait tué par amour et qui pensait vraiment qu'elle fasse de même, il était simplement parti en boitant, la tête basse et les épaules voûtées. Il n'avait pas été liberté, ni par la mort de Philippe ni par la sienne, alors il ne lui restait plus qu'à errer sans but et sans âme. La duchesse s'en moquait bien, il pouvait faire tout ce qu'il lui chantait, rien n'avait plus d'importance désormais. Qu'il vive, qu'il meure, qu'il aille en Enfer ou finisse l'éternité sur terre, elle ne voulait pas le savoir, qu'il garde tout cette souffrance pour lui. Il ne verrait plus jamais la noblesse ou la cour. Il n'avait plus rien. Pas même sa volonté de vengeance. Tout était terminé pour lui.

Madame Simone, qui avait elle aussi été piégée par Philippe dans le but qu'elle ne sorte pas, avait enfin réussi à faire entendre raison aux serviteurs et courrait à perdre haleine vers la scène du crime. Elle se jeta à genoux aux côtés d'Hélène.

-Oh mon dieu. Monsieur le duc! Oh non...

Elle posa ses mains sur sa poitrine, prit son visage entre ses doigts, il était si pâle.
Hélène pleurait toujours, en silence, sa main dans celle de son défunt mari.

-Madame! Il respire encore!

Hélène venait d'être giflée. Elle sursauta.

-Que dites vous?
-Son pouls est presque imperceptible mais il est encore en vie! Vite, il faut comprimer les plaies!

Elle déchire le bas de sa robe et pressa le lambeau de tissu sur le ventre. Hélène, tremblante, fébrile et sous le choc l'imita et fut de même sur l'autre blessure.
Madame Simone se tourna vers les trois serviteurs.

-Mais qu'attendez-vous?! Vite! Il faut l'amener au château!

Les trois hommes, aussi perdus qu'Hélène, obéirent et le soulevèrent du sol avant de marcher le plus rapidement possible vers le palais. Il le posèrent sur la table du salon et Madame Simone déchira la chemise pour voir correctement les blessures.

-Il faut recoudre! Du vin! Vite! Des linges, du fil et une aiguille et de l'eau chaude! Allez mais dépêchez vous!

Tous les serviteurs de la maison courraient dans tous les sens comme des fourmis paniquées, et Hélène resta à côté de son mari et de Madame Simone, observant la scène avec espoir.

-Va-t-il survivre?
-Je ne peux pas encore vous le dire Madame. Mais je vais tout faire pour. Il a perdu énormément de sang...

-Marie! Attention tu vas te faire mal!
-Mais maman je suivais le papillon.
-Je sais ma chérie. Mais fais attention. 

Hélène caressa la joue de sa fille aux boucles châtaines qui répartit aussitôt en courant et riant dans l'herbe sous le regard de sa mère assise paisiblement sur un fauteuil qu'on lui avait installé à l'ombre d'un chêne.
Son ventre rond commençait à lui peser et la chaleur de l'été lui donnait des vertiges. Elle s'éventait vivement avec son livre.

-Ma chérie.

En entendant cette voix familière dans son dos, Hélène tourna son visage et vit apparaît Philippe, plus majestueux que jamais dans sa tunique bleue roi, avec entre ses bras un petit paquet gigotant.

-Il s'est réveillé. Madame Simone était prête à me tirer les oreilles si je ne te l'amenais pas...

Hélène sourit et ouvrit grand les bras pour prendre son tout jeune fils près de sa poitrine.

-Elle sait à quel point je déteste que ce soit les nourrices qui lui donne le lait. J'aime le nourrir et le chérir moi même...

Philippe s'agenouilla près du fauteuil et posa sa main sur le ventre de son épouse.

-Que penses tu que ça va être?
-Aucune idée. Qu'aimeriez-vous?
-Je m'en moque en réalité. Tant que l'enfant est en bonne santé, et que toi tu ailles bien.

Ils se sourirent et s'embrassèrent avec douceur et passion...

• FIN •

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