X - Chapitre XLII

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Guillaume ne parvenait pas à trouver le sommeil, et pourtant il s'était couché tôt tant la fatigue le saisissait. Mais impossible de fermer l'œil malgré tout.
Dehors il pleuvait et les goutes ruisselait sur la vitre à la lueur de la lune. Ce temps lui rappela la nuit passée dans la forêt avec Hélène.
Elle allait bien de ce qu'on lui avait dit. Pas même la perte d'un orteil à déplorer. Mais comment était son esprit?

La neige. Le sang sur la neige. Les corps sur le sang. Les corbeaux sur les corps.
Ceux qui avaient survécus n'avaient pas tous été physiquement blessés. Mais leurs esprits, eux, l'étaient. Même si cela ne se voyait pas sur leurs peaux. Seulement dans leurs regards.

Lorsqu'il comprit que le sommeil ne viendrait pas, il repoussa le drap et sortit du lit. Il remit son pantalon, sa chemise, et prit un chandelier avant de sortir de la chambre.
Il avançait un peu au hasard, espérant qu'une marche nocturne lui permettait de s'endormir en retournant dans son lit.
Au détour d'un couloir, il vit de la lumière sous une porte, et des voix. Il devina que c'étaient les appartements de Philippe. Il s'approcha. Pas besoin de coller son oreille contre la porte pour entendre les gémissements, les rires, les paroles salasses. Il reconnut la voix d'Arthur, mais n'entendît pas celle de Philippe. Il n'avait jamais été du genre bavard, encore moins dans ce genre de moments. Il entendait les gémissements et couinements des filles en revanche. Combien étaient elles? Au moins trois, c'était certain.

Il s'éloigna de la porte, écœuré.
Les horreurs qu'il avait vues lui avaient retiré ce genre de lubies obscènes. Il avait décidé de mettre son énergie dans des choses plus réelles, et plus importantes. Se vider dans une pute qui pouvait transmettre la syphilis n'était plus dans les choses qui l'animaient.
Il continua sa marche nocturne, pieds nus sur les carrelages, tapis et parquets luxueux.
Finalement, il arriva devant ce qu'il devina être, au vu de la symétrie architecturale par rapport aux appartements du duc, ceux d'Hélène. La porte était ouverte. Pour une raison qu'il ignore lui même, il entra. Aucune âme présente. Il s'arrêta devant la porte de la chambre.

Hélène avait le corps endolori et douloureux, mais elle ne pouvait s'empêcher de se tourner et retourner dans son lit, à la recherche d'aune position confortable qui l'aiderait à trouver le sommeil. Elle était fatiguée, mais ne dormait pas. Et si elle ignorait l'heure, elle devinait qu'il était tard.
Soudain, une faible lumière vacillante de bougie apparue sous le seuil de sa porte.
Oh non... Son mari avait visiblement changé d'avis et il comptait prendre ce qu'il estimait être à lui. Les doigts de la jeune fille se crispèrent sur les draps.
Et puis, on frappa la porte. Très doucement, presque imperceptiblement. Si elle dormait, elle n'aurait pas été réveillée, elle n'aurait pas entendu. Philippe n'avait jamais frappé à sa porte.

Il avait frappé. Il ne savait pas ce qui lui avait prit. Mais il l'avait fait.
Tout doucement cependant, si bien que si elle dormait, elle ne l'entendrait pas.
Si elle dormait, cela signifiait qu'elle allait bien, que son esprit n'était pas blessé.
Il ne savait pas ce qu'il voulait. Qu'elle aille bien... ou qu'elle réponde?

-Entrez...

Pourquoi avait elle parlé?
Elle aurait dû faire semblant de dormir, se rendre invisible et oubliable. Pourtant, elle avait dit « entrez ».

La porte s'ouvrît aussi doucement qu'on avait frappé. La lueur d'un chandelier pénétra la pièce.
Et ce n'est pas le visage de Philippe qui apparu... mais celui de Guillaume.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now