Épées et Baisers

XVIII - Chapitre LXXIX

• Sept Mois Plus Tard •

Hélène n'avait jamais vu le palais du duché si lumineux, si bruyant et si festif. Philippe lui avait fait la surprise, et avait pour l'occasion engagé une vingtaine de serviteurs supplémentaires. Il avait invité une grande partie de la cour, dans le seul et unique but de fêter la grossesse de la duchesse et l'approche de l'arrivée de leur premier enfant prévue le mois suivant.
Il avait pour l'occasion invité Anne et ses trois enfants (qui s'étaient révélés plus libres, soulagés et heureux que jamais depuis la mort de Charles), dont le tout petit nouveau né, afin qu'ils rencontrent leur tante. En revanche il n'avait pas présenté d'invitation au reste de la famille d'Hélène. S'il avait hésité, il s'était finalement dit que revoir ses parents serait tout sauf une bonne surprise et il désirait par dessus tout que cette journée soit pour elle un moment de bonheur. Si elle connaissait assez peu de monde, il voulait qu'elle soit à l'aise et épanouie.
Si Philippe avait revu plusieurs fois Guillaume lors de ses passages à Versailles pour ses devoirs au près de la couronne, mais ce n'était pas le cas d'Hélène et ce dernier était évidemment invité. Le duc avait même fait venir Madame de Colmette bien qu'il ne l'apprécie guère car il s'avérait que c'était la seule personne avec qui Hélène semblait avoir réellement sympathisé durant son séjour à Versailles.

Hélène avait été très émue en comprenant ce que son mari avait fait pour elle. Elle s'était habillée d'une de ses plus belles robes de grossesse, et portait fièrement autour de son cou le collier que lui avait offert Philippe.
Elle ne connaissait que très peu de visages mais tous venaient l'aborder avec gentillesse et ainsi elle avait passé la journée à discuter avec ses invités tous visiblement ravis d'être ici.
Elle avait même joué avec ses jeunes neveux et n'avait pas arrêté de dire à sa sœur à quel point ils lui ressemblaient. Anne avait retrouvé son sourire d'autre fois, et était la femme célibataire la plus heureuse qu'elle connaissait.

Elle avait également beaucoup discuté avec Grace, et n'avait caché sa surprise de la voir invité. Avec Philippe s'était installé une confiance réciproque, et c'était sans doute grâce à ça qu'il avait fait ce choix, lui qui avait pourtant interdit à son épouse de lui parler quelques mois en arrière...
Grace était toujours aussi théâtrale et amusante, et elle avait fait éclaté de rire plusieurs fois Margot et Anne qui s'étaient jointes à la discussion.

La journée était passée en un éclair et la soirée commençait à s'étendre dans le vin et la musique.  Hélène sirotait une eau aux feuilles de menthe lorsque la voix familière de son mari arriva derrière elle:

-Cela vous plaît-il?

Elle se tourna face à lui et sourit de toutes ses deux en venant se pendre à son cou:

-Oh si vous saviez à quel point... merci.

Elle l'embrassa, et elle murmura:

-Mais finalement, peut-être est-ce dommage qu'il y ait tout ce monde car j'ai envie que vous me preniez sur cette table de buffet...

Philippe sourit, en serrant sa taille arrondit entre ses doigts:

-Ne me tente pas trop, tu risquerais de le regretter... Je pense que cela ferait beaucoup parler. Nous serions condamnés aux flammes de l'enfer.
-Je n'ai pas peur, c'est vous le Diable.
-Oh tu crois?

Elle hocha la tête, malicieusement.

-Si je suis le maître des enfers, cela fait de toi Persephone.
-Ce rôle me sied parfaitement!

Il vint caresser sa joue avec douceur et amour avant de finir par répondre:

-Non... toi tu es trop parfaite pour ça. Tu es la reine des cieux, pas des ténèbres.

Il l'embrassa tendrement sur le front, et ils se séparèrent de nouveau pour ne pas délaisser leurs invités.
Hélène essayait de s'économiser car son ventre lourd et rond la fatiguait. Elle marchait à petits pas et buvait régulièrement.
Soudain, elle aperçu au milieu de la foule, dos à elle, une chevelure châtain, observant un tableau au mur, les mains dans le dos.
Ses doigts se crispèrent sur son verre. Elle avala sa salive, avança jusqu'à la silhouette.

-Bonsoir Guillaume.