XV - Chapitre LXVI

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Hélène était assise dans son lit, en chemise blanche et bas, mais sans corset, ses cheveux tombant sur ses épaules et la lumière d'une chandelle dansant sur son visage. Se retrouver dans sa propre chambre l'avait soulagée, pourtant, la nuit, cela ne changeait pas grand chose, cela ne la protégeait pas.

Elle entendit les pas de Philippe entrer dans l'appartement puis s'arrêter devant la porte de la chambre. Celle-ci s'ouvrît, et il entra.

-Bonsoir.
-...Bonsoir...

Elle avait dîné avec Margot ici et n'avait donc pas revu son mari depuis leur arrivée. Il referma la porte derrière lui et déposa le chandelier qu'il tenait au dessus de la cheminée en marbre.
À Versailles c'était différent, car ils dormaient dans la même chambre, dans le même lit, alors il n'y avait aucune ombre de cérémonie chaque soir avant leur rapport. Ils étaient couchés l'un à côté de l'autre et cela se faisait tout simplement. Sans plaisir et avec douleur pour la jeune femme, mais au moins il n'y avait ni l'attente angoissante ni à devoir faire bonne figure avant. Elle restait juste couchée, attendait qu'il lui grimpe dessus, gardait les yeux fermés et se mordait l'intérieur des joues pour ne pas fondre en larmes pour crier. De plus, elle allait toujours uriner après, et n'avait plus eu de douleurs à la vessie depuis. Elle se disait que c'était toujours ça...

-...Qu'avez-vous fait... d'Arthur?

Il s'approcha du lit. Il ne portait qu'un pantalon et une chemise de lin ouverte.

-Rien de trop funeste je te rassure, il est toujours en vie. Mais je lui ai laissé le choix entre s'engager dans l'armée de Sa Majesté pour au moins trois années ou bien que je lui coupe tous les vivres et le mette dehors.
-...Qu'a-t'il choisi?
-L'armée. Cela lui mettra du plomb dans la tête.
-...Littéralement...

Elle n'avait pu retenir de commentaire. Mais Philippe ne s'en vexa pas. Il s'approcha encore et, debout à côté du lit, prit une main de sa femme qu'il observa.

-Je ne veux pas la mort de mon frère, si cela arrivait j'en serai réellement triste. Mais je préfère qu'il meurt en protégeant son pays et son roi plutôt qu'il passe sa vie à déshonorer notre nom. Tes doigts sont à vif.

Elle retira sa main des siennes et baissa les yeux avec honte.

-Ne te fais pas de mal.

Elle hocha la tête avec soumission. Puis retira la couverture de ses jambes et s'allongea que le dos en remontant sa chemise jusqu'à mi-cuisses qu'elle écarta légèrement.
Il la regarda faire. Elle ne discutait plus jamais ce genre d'acte depuis leur « entrevue » dans le petit bureau à Versailles. Pourtant, il n'en était pas satisfait. Et même il avait eu le corps de sa femme chaque nuit depuis des jours, il se sentait plus frustré que jamais.
Comme il ne bougeait pas, elle reserra les jambes et le regarda.

-...Vous... ne voulez pas... ?
-Je te l'ai dit, ce n'est pas ainsi que je te veux.
-Mais je...
-Retire ta chemise.

Elle rougit instantanément.

-...Mais... pourquoi... je...

Elle ne trouvait pas les mots et il continuait de la fixer en silence, alors finalement elle se tut et se redressa assise avant de passer lentement sa chemise au dessus de sa tête. Elle cacha sa poitrine avec ses bras, avait remonté ses jambes contre elle, et n'osait pas le regarder. Il retira complètement sa chemise, mais garda son pantalon et vint s'installer dans le lit, à côté d'elle.

-Allonge-toi.

Elle obéit, et lui-même était allongé sur le côté, en tenant sa tête dans sa main, et de l'autre il vint commencer à caresser le corps de la jeune femme. Il regardait sa peau, et passa ses doigts sur son ventre, entre ses seins, ses tétons, sa gorge. Elle frémissait, et ne savait pas où regarder. Tout son corps était crispé. Elle avait peur, elle ne comprenait pas ce qui l'attendait ni pourquoi il faisait ainsi durer les choses. Elle voulait que cela finisse le plus vite possible, c'était tout.
Les doigts du duc arrivèrent au pubis de sa jeune épouse. Il caressa les petits poils foncés frisotis de son sexe puis descendit encore, jusqu'à ses lèvres.

-Écarte tes jambes...

Son ton était directif, mais pas froid.
Elle obéit, les mains accrochés aux draps.
Il passa sur ses lèvres entrouvertes comme un souffle puis les caressa avec douceur. Elle ne comprenait pas ce qu'il faisait.

-Qu'est-ce que vous...

Elle se coupa dans sa phrase lorsqu'il la pénétra en un doigt. Elle fut surprise que cela ne soit pas vraiment douloureux, c'était juste particulier comme sensation. Puis il ressortit et passa sur son clitoris dont elle ignorait jusqu'à l'existence. Philippe ne connaissait que globalement l'anatomie des femmes, mais il avait eu suffisamment d'expériences pour savoir que cet endroit était particulièrement sensible chez elles.
Lorsqu'il caressa son bouton secret avec plus d'insistance, Hélène ne put retenir un gémissement de franchir sa bouche. Et pour la première fois, ce n'était pas un gémissement de douleur ou de terreur. Elle en fut elle-même surprise et cette sensation incompréhensible la dérangeait. Elle attrapa le poignet de Philippe.

-...Arrêtez... je... ce n'est pas... normal... je...

Il ne l'écouta pas et bien au contraire continua de plus belle. Elle enfonça sa tête dans l'oreiller tandis que son dos se cambrait malgré elle. Elle tenait toujours le poignet du duc mais plus pour s'y accrocher que pour le faire arrêter.
Lorsqu'il la pénétra de nouveau d'un doigt, il constata qu'elle était humide cette fois, et il ne put s'empêcher de sourire.
Il la caressait de son pouce et la pénétrait en même temps d'un puis de deux doigts.
Hélène avait l'impression de perdre pied. Ces sensations étaient infinies et invraisemblables, elle n'arrivait même pas à comprendre que c'était du plaisir, c'était simplement étrange et tellement nouveau. Pourquoi tout son corps réagissait-il ainsi?
Le duc se demanda au fond de lui pourquoi il n'avait pas essayé de faire les choses ainsi plus tôt. Si le plaisir des femmes relève davantage de l'hystérie et de la sorcellerie, et qu'il n'est en rien essentiel à la procréation, il devait bien admettre que voir sa femme trembler et gémir sous sa main était presque aussi satisfaisant que jouir lui-même.
Il poursuivit la chose longtemps, jusqu'à en avoir mal au poignet, et finalement il sentit des contractions dans le vagin de la jeune femme serrer ses doigts et tout son corps devenir immobile comme si elle se transformait en statue de cire. Hélène eut l'impression que son coeur s'arrêtait, qu'elle ne pouvait plus respirer. Elle pensait être en train de mourir pendant un instant, puis tout son corps se relâcha et elle poussa une sorte de cri de détresse incontrôlable en repoussant violemment la main de Philippe tant le simple contact de ses doigts contre son intimité si soudainement sensible lui faisait presque mal.
Le duc retira sa main, un petit rictus au coin des lèvres. Il la laissa reprendre conscience de la situation et finalement elle tourna son visage vers lui, à la fois choquée, essoufflée et complètement perdue. Il vint lécher les deux doigts qui avait été en elle et Hélène rougit comme une tomate. Elle prit son bras et tira pour lui retirer de la bouche.

-Mais qu'est ce que... vous faites?!
-Ton goût est à la hauteur de ta beauté. Tu es délicieuse, dit-il exprès pour la choquer.

Sur ces mots, il sortit du lit, remis sa chemise, prit son chandelier et articula poliment:

-Passe une bonne nuit.
-Attendez!

Il se tourna vers elle.

-Que... vient-il de m'arriver? Je... suis... malade?
-Non Hélène. Et tu ne vas pas mourir. Tu as simplement joui. Maintenant dors, il est tard.

Épées et BaisersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant