Sorciers, T1 : Le fils du corbeau

32. Promesse

Gewern revint avec une trousse de secours. Il s'installa sur la chaise rouge foncé, prit la main du garçon sur ses genoux et sortit du désinfectant. Il agita le tube et le déboucha. Le vieil homme aspergea les plaies puis sortit un coton de la petite mallette à croix rouge. Il tapota doucement sur la paume ensanglantée.

- Ça ne doit pas être facile de vivre ce genre de chose. Enfin, surtout pas à ce rythme.

Liam acquiesça lentement. Ce vieux barman dégageait quelque chose de rassurant. Quelque chose qui poussait à la confidence. Il continua :

- Ces deux-là... Blaze et Ketsu, je veux dire... ne sont pas très empathiques. Pour eux, tout ça est parfaitement normal. La précipitation a été notre quotidien pendant de nombreuses années alors... ils ne savent pas se mettre à votre place.

Le vieux sorcier leva les yeux vers le garçon, laissait un coton empourpré sur le côté. Il en sortit un second mais n'en fit rien.

- Il faut que tu me dises ce qu'il s'est passé.

Le garçon baissa les yeux, se redressant calmement.

- On était à l'auberge. Dans la planque que... euh... Riunot, je crois, nous avait préparés. Ketsu était parti, il restait que moi et... et Maman.

Écoutant attentivement, Gewern s'occupait de nettoyer le sang.

- On a dormi un peu et je me suis réveillé. J'ai entendu du bruit, j'ai cru que c'était Ketsu.

Liam déglutit.

- C'étaient les Rozen. Ils étaient deux. Y en a un que je connaissais. Leon... Leon-quelque chose...

Le vieil homme regroupa les cotons usagés au bout du lit et sortit les bandages.

- Je crois que...

Le garçon se mordit la lèvre, ferma les yeux et les rouvrit.

- Je crois qu'ils ont tué l'aubergiste.

Son souffle était haletant tandis que les événements défilaient dans sa tête.

- On paniquait. Maman avait abandonné, mais je voulais la sauver. Et j'ai tracé un dessin comme Blaze l'avait fait, avec de la farine. J'ai éclaté le pot en verre au milieu du signe... et... je me suis réveillé à l'extérieur de la Capitale.

Liam amena sa main gauche contre son front.

- Je comprends pas.

Gewern fit un nœud pour finaliser le bandage. Le garçon se pinça l'intérieur de la joue.

- Comment ça se fait qu'elle n'ait pas pu se téléporter avec moi ?