Pile ou face

Chapitre XXXVI

Prince Felipe :

J'ai parcouru la France à une vitesse record. Le temps m'étant compté, je ne gâcherais pas mes chances. J'arrive enfin, à la cour française. Je me hâte de rencontrer le roi actuel. Il me reçoit avec cérémonie. Je n'ai pas le temps d'appliquer le protocole, je suis pressé. Alors, je lui pose immédiatement la question qui brûle mes lèvres.

"- J'aimerais rencontrer Mathilde !" J'impose.

Il me fixe quelques secondes avant de se mettre sur la défensive.

"- Et, je peux savoir pour quelle raison ! D'après mes informations vous êtes remarié !" Il me rappelle.

"- Divorcé depuis la mot de mon père ! Il m'a obligé à épouser une femme que je ne voulais pas, et, comme je n'avais plus de raison de rester avec elle puisque celui qui m'y obliger n'était plus là, j'ai immédiatement demandé le divorce ! Je suis à nouveau libre de l'aimer !" Je lui explique en révélant mes intentions.

"- Elle ne vit plus à la cour depuis des mois ! Elle est partie avant le mariage de ma fille !" Il m'apprend.

Je suis déçu, évidemment. Je pensais la serrer dans mes bras après cette longue chevauchée. Elle a quitté la cour. Pour quelle raison ? Je poserais bien la question à son oncle, mais vu son expression, je préfère m'abstenir. Je dois à tout prix la retrouver. J'interroge des personnes du château, la femme de mon frère, les servantes. Ils ne sont pas du tout informés de l'endroit où elle s'est réfugiée. Je crois même que tout le monde semblait mal à l'aise et me cachait quelque chose.

Nous sommes hébergés pour la nuit au château. Le roi nous convie à sa table. Il parle de sa nièce avec beaucoup d'affection, et, je comprends que contrairement à son frère, il a su déceler la pureté et la sincérité de Mathilde. Je suis rassuré de ce point de vue là. Tous les jours qui ont passé loin d'elle je m'inquiétais du comportement de sa famille. Elle a été rejetée par tout le monde, moi y compris. Je ferme les yeux, ce souvenir est douloureux pour moi. Rien ne me fait plus mal que de penser que je l'ai en quelque sorte trahie. Je dois la retrouver pour m'excuser, mais également pour lui avouer que je n'ai jamais aimé qu'elle. Cela reste difficile à admettre parce que je me suis remarié. Je secoue ma tête de désespoir. Je cherche encore un moyen de me faire pardonner quand je serais devant elle.

D'après son oncle, elle serait probablement retournée au petit village où je l'ai découverte la première fois. Elle a apprécié le temps passé avec ce médecin à prendre soin des malades. C'est, également, là que je pensais commencer mes investigations. Je dois la retrouver ! Il ne peut pas en être autrement ! Tout reposera sur sa capacité à me pardonner. Mon inquiétude grandit. Au moins, elle n'est pas marié à un quelconque prince. C'est un soulagement.

Je pars tôt le matin pour regagner ma destination. Je galope suivi par mes acolytes. Plus rien ne m'arrêtera.  Ma décision est prise, elle doit me revenir. En fin de journée, je parviens à mon objectif. Je frappe à la porte du cabinet du médecin. Plusieurs fois de suite, parce que je veux la voir maintenant. La porte s'ouvre, et, il écarquille les yeux quand il me découvre.

"- Mathilde est avec vous ?" Je le questionne immédiatement sans aucune formule de politesse.

Il baisse la tête comme s'il cherchait quoi me répondre.

"- Elle n'est pas ici !" Il répond.

"- Vous savez où elle est ?" Je poursuis mon interrogatoire.

"- Elle habite une petite maison à la sortie du village !" Il m'avertit.

Je le remercie, et, me précipite à la sortie du village. J'observe plusieurs minutes avant de me décider. De la lumière sort de l'unique fenêtre de l'habitation. Je me décide à approcher, et, la main tremblante, je frappe. La porte s'ouvre, et, elle se trouve devant moi. Elle écarquille les yeux. Sans réfléchir, je la serre contre moi. Elle ne réagit pas surprise par mon empressement. Je ne pouvais plus attendre. Je la retiens à moi, elle ne m'échappera plus. Puis, je m'écarte pour l'observer. Elle baisse la tête pour fuir mon regard. Je suis agacé par sa réaction. Elle m'en veut, évidemment.

"- Je suis désolée de t'avoir abandonnée !" C'est tout ce que je trouve à lui dire.

Elle souffle fortement.

"- Cela n'a plus d'importance à présent. Pourquoi as-tu recherché à me retrouver ?" Elle me question.

"- Je ne parviens pas à vivre sans toi !" Je lui avoue.

"- Je ne vois pas pourquoi ! Tu as refait ta vie ! Tu ne me dois rien !" Elle me rejette.

"- Je suis divorcé ! Et, je suis revenu pour toi !" Je lui révèle.

"- Divorcé ?" Elle s'étonne.

"- Absolument ! C'est mon père qui m'a forcé à épouser cette princesse, je ne le souhaitais. Au décès de mon père, j'ai abdiqué pour permettre à mon frère de devenir roi, et, j'ai ensuite divorcé !" Je lui raconte.

Elle semble plus calme. Un cri de bébé se fait entendre. Je cherche dans la maison où se trouve ce nourrisson. Elle se précipite vers un coussin et en sort un enfant. Je la contemple totalement anéanti. Elle a eu un enfant. Je suis perdu.

"- Je te présente Pierre, ton fils !" Elle m'annonce.

" Mon fils ?" Je répète totalement dévasté.

"- Quand tu m'as quittée pour suivre ton père, j'étais enceinte ! Je ne le savais pas ! Mon état a été découvert par la suite. Mon oncle voulait me marier à un noble, mais à cause de mon état de santé, je lui ai demandé de m'autoriser à retourner vivre ici !" Elle me raconte.

Je reste silencieux. Il faut que je digère la nouvelle.

"- Il a accepté, et, j'ai donné naissance à notre enfant." 

Je ne peux pas parler tellement je suis subjugué par la situation.

"- Ne t'inquiète pas ! Je ne te demande rien !" Elle poursuit.

"- Je suis juste surpris. Je ne m'attendais pas du tout à cela ! Mais, je suis revenu pour vivre avec toi et fonder une famille ! Il semblerait que l'enfant soit déjà là !" Je la rassure.

Elle me sourit timidement. Mon but était de la retrouver, elle. Mais, elle m'a donné un enfant. C'est encore mieux que prévu parce que cela me donne plus de possibilité de la reconquérir.

"- Tu me pardonnes ?" Je l'interroge timidement.

"- Puisque tu es revenu vers moi ! Oui !" Elle me répond.

Je me réjouis de son acceptation et de la situation actuelle. Nous sommes déjà une famille. Ce qui me réjouit, elle m'accepte à nouveau.

Je pose mes yeux sur cet enfant, un garçon. Elle le calme en le berçant. J'observe ce magnifique tableau familiale. Je suis conquis par cette vie que je m'apprête à vivre avec elle. Plus rien ne nous séparera désormais, je m'en fais la promesse. Je la dévore des yeux. Cette femme que j'aime plus que tout m'a fait un magnifique cadeau. Elle s'approche de moi avec notre fils. Elle me le tend, je ne sais comment le porter. Elle m'explique et je rayonne de bonheur quand je sens ce petit corps s'accrocher à moi. Il me fixe longuement avant de me sourire. Ce qui me remplit de joie. Je n'ai jamais connu un bonheur aussi intense. Elle le récupère pour le recoucher dans son petit berceau. 

Je m'avance vers eux. Je l'enlace avec passion par derrière. Je resserre mon étreinte en collant mon torse à son dos. Enfin, je la retrouve. Je me sens tellement soulagé que mes yeux se remplissent de larmes. Je caresse affectueusement ses cheveux. Je la désire. Elle détache mes mains et me fait face. Je la contemple plusieurs secondes, elle se hisse sur la pointe des pieds pour déposer délicatement et furtivement ses lèvres sur les miennes.

Il n'en fallait pas plus pour déclencher mon désir. Je l'embrasse brutalement parce que je ne peux plus contenir mon amour pour elle. Je me jette littéralement sur cette femme que j'ai désiré et espéré toutes ces nuits, également, pendant mon mariage. Je n'ai pas posé les mains sur mon épouse, je ne pouvais pas car je ne pensais qu'à cette femme que je possède avec tout mon amour à présent. Elle m'accueille dans son corps, je deviens fou en la comblant de mon amour passionné. J'apprécie ce moment de bonheur parfait. J'ai apporté beaucoup d'argent avec moi, je ferais en sorte que nous vivons bien tous les trois. Et j'espère que notre famille grandira. En premier lieu, nous devons nous marier....................................