Chapitre XXVI

20 3 0
                                    


Mathilde :

Je ne désirais plus jamais le revoir parce qu'il m'avait déçue. Et, il est devant moi, dans ma chambre. Il me dévisage. Je suis contrainte de baisser les yeux parce qu'il me désarme. Le silence s'installe entre nous. Je ne serais pas celle qui le rompra. Soudain, il s'approche de moi et attrape ma main. Il m'attire vers lui. Je suis surprise par cette initiative, alors, je n'ai pas le temps de la contrer, et j'atterris sur son torse. Il me serre dans ses bras. Je suis tellement prise au dépourvu que je rougis. Ce qui me dérange le plus se sont les battements de mon cœur qui accélèrent de plus en plus vite jusqu'à le faire exploser. Je suis déstabilisée par ce que je ressens que je le repousse brusquement, pour ne plus le sentir contre moi. Il est le mari de ma soeur. Je dois garder des distances.

*************************************************

Felipe Lopez :

Elle interprète mal ma réaction et fronce les sourcils. Je décèle de la colère dans son regard. Elle s'éloigne de moi, et attend que j'exprime ma requête.

"- Tu dois revenir avec moi !" Je commence d'emblée.

Elle se braque en face de moi, et resserre ses bras sur sa poitrine. Je comprends à cette posture que la partie n'est pas gagnée. En même temps, j'ai réagi avec excès tout à l'heure. Ce qui ne va pas faciliter la situation.

"- Absolument pas !" Elle me répond finalement.

"- En fait, tu n'as pas vraiment le choix !" Je poursuis.

"- J'ai déjà fait le choix de cette vie !" Elle me dit en écartant les bras autour d'elle pour me montrer cette chambre.

"- Tu dois y renoncer pour le bien du royaume !" J'ajoute imperturbable.

"- Le royaume ? Qu'est-ce que le royaume a fait pour moi toutes ces années où j'ai souffert du manque d'amour parental et d'une profonde solitude ?" Elle m'agresse.

Je comprends sa détresse, et m'en veux de lui imposer cet ordre. Je n'ai également pas le choix. Il y a trop d'enjeux en cause. La perte sera incommensurable, et, les dégâts inestimables. Bref, je dois agir très vite avant que la situation ne tourne à notre désavantage. La convaincre ne servirait à rien. Je dois imposer ma volonté.

J'attrape sa main et l'entraine avec moi à l'extérieur de la chambre. Elle lutte et résiste en s'accrochant à l'encadrement de la porte. Je dois user de toute ma force pour la faire céder. Une fois réalisé, je la porte sur mon épaule gauche. Elle se débat, tape mon dos avec ses mains et donne des coups de pieds dans mon ventre. Je ne cèderais pas. Elle peut se débattre autant qu'elle veut. J'emploie la force pour parvenir à mes fins. Elle me détestera pour cela, mais c'est mieux que de perdre la face devant le monde entier. Je ne tolèrerais pas que ma famille se retrouve pointée du doigt pour un mauvais choix d'alliance. Ainsi méprisée, les autres royaumes profiteraient de nous combattre parce que nous donnerions une image vulnérable de notre souverain.

Elle a renoncé à se battre, et elle sanglote à présent. C'est triste pour elle à cause de la vie qu'elle a vécue. Je suis obligé d'être aussi tyrannique que son propre père. Je l'installe sur mon cheval et je prends place derrière elle. Les sœurs du cloitre ont essayé de m'arrêter, mais mes hommes se sont occupés de les maintenir à distance. Je n'avais pas prévu d'agir avec autant de force, elle ne m'a pas laissé le choix.  Je regrette d'avoir dû en arriver là.

Nous galopons à présent à travers la plaine pour rejoindre le château. Elle reste figée devant moi, sans réaction, sans parler. Elle m'inquiète un peu. Je me penche pour vérifier qu'elle va bien. Elle m'assène un coup de coude dans les côtes. Malgré la douleur, je ne me rebiffe pas, j'estime l'avoir mérité pour le destin que je suis entrain de lui imposer. Elle va me détester plus que tout à présent. Cette pensée m'attriste, mais le devoir et la sécurité du royaume avant tout. C'est ainsi quand on est héritier de la couronne. Nos sentiments ne peuvent plus être pris en compte dans nos décisions, seuls les intérêts du pays sont importants. Je soupire quand je réalise ce que je suis entrain de faire.

Pile ou faceΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα