Chapitre XXV

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Felipe Lopez, roi consort de France :

J'ai beaucoup réfléchi ces derniers jours, et, devant les remarques des ministres, je me sens obligé d'intervenir auprès de Mathilde plus tôt que prévu. Donc, j'ai organisé un voyage vers l'orphelinat. Elle doit reprendre sa place de reine, du moins remplacer sa soeur pendant son absence.

J'ai lancé les recherches et envoyer mes hommes de confiance, je veux dire, ceux de mon royaume de naissance. Le temps presse, il faut absolument que ma véritable épouse revienne à la raison. Elle a tout abandonné sans se soucier des problèmes liés à cette décision. Cette femme n'a jamais été persévérante et n'a jamais assumé ses responsabilités, d'où la supercherie. Aujourd'hui, il s'agit des intérêts de sa famille, elle ne peut plus fuir son devoir d'héritière de la couronne.

Je parviens à destination accompagné de mon escorte. La mère supérieure sort pour nous accueillir. Elle ne semble pas très ravie de me voir. Je comprends sa réaction.

"- Je dois parler à Mathilde !" Je lui annonce sans la saluer.

Elle fronce les sourcils. Puis, elle baisse la tête avec culpabilité. Je la fixe en appréhendant sa réponse.

"- Mathilde a repris sa véritable vie. Et son souhait quand elle était juste une pensionnaire de cet orphelinat était de rentrer au cloître Sainte Anne pour vouer sa vie à dieu !" Elle m'apprend.

Mon cœur cesse de battre quelques secondes. Je ne m'attendais pas du tout à cela !

"- Je comprends ! Mais, elle doit reprendre la place de reine et revenir au château parce que tout le monde s'interroge sur son absence, du moins en attendant de retrouver la reine Marie !" Je lui explique.

Elle écarquille les yeux et pose sa main sur sa bouche. Sa réaction est très exagérée. A moins qu'elle ne sache où se trouve ma femme. Je la fixe à nouveau, je veux savoir.

"- Vous savez où se trouve Marie ?" Je décide d'aller droit au but.

Elle serre les lèvres, puis me dit :

"- Suivez-moi !".

Je l'accompagne jusque son bureau. Elle referme la porte derrière moi. Elle prend beaucoup de précautions pour que personne n'entende. Ce qui m'inquiète davantage. Quand elle revient près de moi je l'incite à me parler :

"- Je vous écoute !"

"- Pour tout reprendre depuis le début. La reine mère a donné naissance à deux enfants, deux jumelles : Marie et Mathilde. Comme le protocole l'exige un seul enfant royal doit naître pour hériter du trône. De plus, le rival du roi, son demi-frère Justin attendait le moindre faux pas de sa part pour lui voler le pouvoir de souveraineté. Il a donc décidé d'envoyer Mathilde dans notre orphelinat, et, nous a ordonné qu'elle ne soit jamais adoptée pour éviter à quiconque de découvrir la ressemblance entre les deux princesses. C'est pour cette raison qu'uniquement Marie a été élevée comme un princesse. Votre épouse, a été assassinée dans la forêt du parc quand elle tentait de s'enfuir avec le palefrenier des écuries royales ! Le roi a découvert le corps inerte de sa fille quand il a été informé de son évasion et l'a poursuivie pour la ramener. Il a compris qu'il devait remplacer son enfant par sa jumelle pour éviter à ses ennemis de profiter de la situation et de faire basculer le pouvoir en place ! Mathilde a été emmenée contre son gré au château par son père. C'est à ce moment précis qu'elle a fait connaissance avec ses parents biologiques. Cela m'a brisé le cœur de la voir partir vers l'inconnu dans un univers qu'elle ne connaissait pas. Elle n'a pas eu d'autre choix que d'interpréter le rôle que son père lui avait ordonné, et abandonner le seul rêve qu'une orpheline pouvait faire. Quand elle est revenue blessée il y a quelques semaines, je me suis sentie coupable de lui avoir caché la vérité toutes ces années. Je l'ai élevée et aimée du mieux que je pouvais !" Elle me rapporte.

Je recule d'un pas. Je m'assois sur le fauteuil à proximité de moi. Mes jambes tremblent, et, je suis totalement désarmé. La vérité est terrifiante. Et je peux ressentir toute la sincérité de la vieille religieuse à l'égard de cette petite fille abandonnée par son propre père.

"- Je comprends ce que vous me racontez, mais, il faut vraiment qu'elle revienne pour sauver le royaume et protéger le prestige de sa famille. Elle doit rentrer avec moi !" Je la presse.

"- Non ! Je ne referais pas la même erreur que par le passé. Je ne déciderais plus pour elle !" Elle est catégorique.

Même si je peux admettre qu'elle veuille respecter Mathilde, l'hésitation ou encore le refus d'accéder à ma requête n'est pas du tout envisageable. Ce que je lui explique expressément. Elle refuse encore de m'aider.

"- Donnez-moi au moi l'adresse du lieu où elle s'est réfugiée pour que je lui demande personnellement !" J'insiste.

Après plusieurs refus et mon insistance, elle me confie un parchemin avec l'adresse. Je la remercie et me remet en route. Il n'y a plus de temps à perdre. En chemin, je réfléchis à tout ce que la mère supérieure m'a expliqué. Je comprends pourquoi je ne pouvais pas voir mon épouse quand elle est revenue avec son père. Et j'imagine aisément les tourments et la tristesse de cette pauvre orpheline projetée dans la royauté alors qu'elle venait d'un autre univers. J'ai aimé cette innocence et cette sincérité. Je ferme les yeux, je l'aime encore. Mon épouse n'est plus, il ne reste que Mathilde. La situation est bien plus critique que je ne le pensais. Je conçois qu'elle ne souhaite plus rendre service à cette famille, qu'elle veule redevenir la simple jeune femme qu'elle était. Mais le destin en a décidé autrement. Maintenant qu'elle est déjà rentrée dans la fausse aux lions, elle ne pourra plus en sortir quelques soient les tentatives qu'elle fera parce que je ne le permettrais pas. Savoir la vérité me l'a fait aimé encore davantage.

J'espère qu'elle acceptera de me suivre. Je dois être très convaincant, et, je pense que je ne pars pas favori dans la mesure où je l'ai quittée sans discuter avec elle, et, que je ne suis pas revenu vers elle. Elle a dû se sentir abandonnée et pour une orpheline c'est le pire des sentiments. Plus je progresse vers elle, plus je prends conscience que mes chances de la ramener au château sont très minces. Je suis un conquérant, je n'ai pas peur de mener une guerre, mais là, je prends la mesure de mon impuissance. Je l'ai, également, déçue. Je serre les lèvres, je ne peux pas accepter un refus de sa part, les enjeux sont conséquents pour le royaume de France mais également pour l'Espagne aux yeux des autres royaumes. Il y va de notre honneur. Si elle refuse, je n'aurais pas d'autre choix d'agir comme son père l'a fait, l'emmenait de force. Ce que je ressens et ce que le devoir m'impose sont deux choses différentes. L'homme que je suis la laisserait vivre son rêve, mais le roi consort ne peut pas accéder à ce souhait. Je suis torturé par cette regrettable situation. Et j'ai l'impression de la persécuter. Je m'en veux beaucoup parce que j'ai des sentiments pour elle et que je n'aime pas l'observer souffrir. Qui aime voir souffrir la personne qu'il aime ?

Le cloître Sainte Anne se trouve devant nous. Je stoppe ma monture et j'attends quelques minutes. Je réfléchis à la meilleure manière d'aborder le sujet avec elle. Je descends et me présente à l'entrée de la bâtisse. Une responsable a été appelée, et, elle me rejoint.

"- Bonjour, je suis le roi consort de France. Et j'aimerais pouvoir m'entretenir avec Mathilde. C'est la mère supérieure de l'orphelinat de Saint André  qui m'a informé qu'elle se trouvait ici !" Je me présente.

"- Pourquoi le roi consort voudrait parler à une de nos pensionnaires ?" Elle m'interroge, méfiante.

"- C'est un ordre de votre souverain !" Je suis plus ferme parce que je ne veux pas donner plus de détails de la situation.

Elle s'incline devant moi, son visage contrarié et en colère. 

Mathilde se présente devant moi. Je la contemple. Mon cœur bat la chamade. Je sais ce que je ressens pour elle, mais il me faut encore du temps pour digérer la vérité. Je décèle la surprise sur son visage. Elle baisse la tête pour cacher les larmes dans ses yeux. Je suis au moins aussi ému qu'elle. Devant elle, je ne sais pas où commencer la discussion. La responsable du cloître nous indique que nous pouvons discuter dans la chambre de Mathilde pour plus de discrétion. Je la remercie, on dirait qu'elle est revenu à la raison et a assimilé où se trouvait son intérêt. Je progresse aux côtés de Mathilde, et elle me permet de rentrer dans sa chambre. L'endroit me paraît austère et très simple. Je me tourne vers elle................................


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