Chapitre I

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Marie :

Quand je découvre mon futur époux je suis très déçue. Pas par son physique, mais son attitude hautaine. Je ne désirais pas ce mariage, lui non plus apparemment. J'ai peur que notre union parte sur de très mauvaises bases. Je ne pourrais jamais l'aimer parce que mon cœur est pris ailleurs. Mon père se félicite de cet arrangement, et les patriarches évoquent ensemble les donations de chaque famille et l'importance que notre mariage apporte aux deux pays.

La déception de ma vie se poursuit avec cet engagement. Depuis que je suis en âge de raisonner, j'ai toujours eu l'impression qu'il me manquait une partie de moi. Je n'ai jamais pu être bien à cause de ce manque. La manière pour moi d'échapper à ce protocole pesant était d'aimer Pierre, le palefrenier de l'écurie royale.

Nous nous sommes attirés au premier regard. J'ai lutté sévèrement contre cet amour, mais comme il était partagé, j'ai fini par y consentir. La première fois que Pierre m'a embrassée j'étais tellement heureuse que j'ai oublié l'espace de quelques minutes qui j'étais. Nous savions tous les deux que nous ne pourrions pas nous aimer éternellement, que je devrais faire un mariage de conditions. Or, je ne pensais pas que cette échéance serait aussi rapprochée.

J'avale difficilement ma salive quand mon père m'indique que je dois passer du temps avec mon fiancé pour que nous apprenions à nous connaître. Je le salue timidement, il me toise du regard. Tout à fait le genre de personne que je déteste. Je me conforme aux exigences de ma famille, je n'ai pas vraiment le choix. Mon future mari marche en silence à mes côtés depuis plusieurs minutes. Je tente de briser le silence :

"- Le jardin est magnifique !".

Mon expression se perd dans le vent. Il ne répond pas. Je souffle d'agacement.

"- Je constate que ma future épouse manque d'éducation. Je remédierais à cela quand nous serons mariés !" Il m'affirme.

C'est à mon tour de le toiser. Il est si hautain que je ne le tolère plus à mes côtés. Je ralentis le pas pour ne plus avoir à le supporter. Je contemple le jardin royal élégamment aménagé. Je profite du paysage en souriant lorsqu'un bras me saisit fermement pour me forcer à lui faire face.

"- Restez à mes côtés tant que je ne vous ordonne pas de partir !" Il m'agace.

Je retiens mes sarcasmes. Pour l'instant, je ne peux pas manifester mes protestations, mais il n'en sera pas toujours ainsi. Je préfère garder le silence pendant le restant de notre promenade. Quel individu grossier qui se croit parfait dans son rôle de prince héritier ! Ignoble et autoritaire individu !

Heureusement, la promenade en intimité se termine. Nos parents nous rejoignent. Je suis soulagée. Mon père m'autorise à regagner mes quartiers. Mais au lieu de cela, je bifurque vers les écuries où j'espère pouvoir apercevoir Pierre. J'ai tellement besoin qu'il me serre dans ses bras. Malheureusement pour nous, nous ne pouvons pas être ensemble. Et cela me contrarie beaucoup. Je l'aperçois, et me dirige vers lui. Il me fuit. Je veux comprendre la raison de son comportement. Je le poursuis, et, le rattrape près de ma jument. Il lui caresse le flanc pour la flatter.

"- Pourquoi tu me fuis ?" Je le questionne préoccupée.

"- Vous avez rencontré votre futur époux ! Je ne comprends pas la raison de votre présence, ici ! Princesse Marie !" Il me repousse.

"- Pierre ! Je ne désire pas ce mariage. Tu sais que je t'aime  !" Je me défends.

Il agit comme s'il n'entendait pas ma réponse. Je l'attrape par les épaules pour le forcer à me faire face, et, il m'enlace. Je me sens bien serrer contre lui. Il caresse mes cheveux, et, ses lèvres goûtent aux miennes. Notre baiser s'éternise.

Pile ou faceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant