Chapitre VI

50 7 0
                                    

Marie :

Je rends visite à ma mère pour qu'elle me soutienne et agisse auprès de mon père pour libérer Pierre. J'ai entendu la conversation avec ses hommes. Elle a évoqué un second enfant, une fille. J'ai étouffé un cri de stupeur tellement je suis surprise par cette découverte. J'ai donc une soeur qui a été éloignée de sa famille et que ma mère recherche ardemment. Mon père a pris cette décision et son épouse se questionne de savoir si elle est encore vivante. Au fur et à mesure que je digère les informations que j'ai entendues, j'assimile mon père à un démon. Comment il peut agir ainsi avec son propre enfant ?

Je suis d'accord avec ma mère, nous devons retrouver cet enfant disparu, et enlevé par le roi de France. Je cours me cacher dans le couloir d'en face lorsque je percute que quelqu'un vient dans ma direction. C'est le roi. Il entre de la chambre de la reine. Les hommes de sécurité quittent la pièce. Je vérifie que je peux me rapprocher et j'écoute derrière la porte.

"- Ce qu'il s'est passé à la naissance des filles doit rester secret ! Nous ne sommes pas n'importe quelle famille ! Nous sommes la famille royale et je suis le roi, le personnage le plus influent de la France. Tu connais le protocole ! Il ne peut y avoir qu'un seul successeur au trône, nous ne pouvions pas permettre que le peuple apprenne que vous aviez donné naissance à des jumelles ! Je n'ai jamais regretté ma décision de l'époque !" Il s'explique.

"- Dites-moi au moins si elle est encore en vie !" Supplie ma mère.

"- Pour être honnête, je l'ignore. J'ai demandé à ce qu'elle soit abandonnée devant un orphelinat, et, je me suis assuré qu'elle ne soit jamais adoptée. Personne ne devait connaître son existence ! J'ai fait ce qu'il fallait pour sauver notre famille !" Il se défend.

"- Jamais, je n'ai pu vous pardonner ! En plus, vous avez essayé de me mentir en me persuadant que je n'avais donné naissance qu'à un seul enfant ! Je vous déteste !" Crie ma mère.

J'en frissonne. Je comprends la raison du masque de tristesse qui recouvre le visage de celle-ci. Et je comprends également, la douleur d'une mère d'ignorer si son enfant vit encore et se porte bien. J'essuie une larme qui coule sur ma joue. Ce secret que mon père protège férocement est la pire chose que j'ai entendu de toute ma vie. Je dois retrouver ma soeur. Je veux aider ma mère à se sentir rassurer. Cette injustice que mon père a commise, je veux la réparer.

"- Peut-être, mais vous êtes mon épouse, la reine de France, alors vos états d'âme ne sont pas une priorité ! Veillez à jouer votre rôle de souveraine comme convenu !" Il insiste.

Il baisse la tête, comme s'il cherchait à cacher une émotion.

"- Je vous ai réellement aimée !" Il lance.

Puis, il tourne les talons, et.... Je réalise. Je dois me cacher à nouveau. Je cours désespérément me réfugier dans ma chambre. Je longe le couloir sans me retourner. J'espère ne pas avoir été découverte. Une fois dans mon antre, je m'allonge sur le lit. Je réfléchis à tout ce que j'ai entendu. Elle a été abandonnée dans un orphelinat, et il a ordonné qu'elle ne soit pas adoptée. J'en ai le cœur retourné. Je pleure sans contenir mes larmes. Ma famille me déçoit, mon mariage est un leurre, et l'homme qui j'aime croupit dans un cachot. J'ai l'impression d'être en plein cauchemar. Je dois fuir d'ici. Je ne supporte plus l'atmosphère pesante de la cour. Je vais sérieusement réfléchir à ma fuite.

Je sors de ma chambre pour tenter de persuader mon père de libérer Pierre. Je le retrouve assis à son bureau. Je m'infiltre à l'intérieur, il m'observe avancer vers lui. Ses sourcils sont froncés, on dirait qu'il a des reproches à me faire.

Je m'arrête devant lui, il me fixe.

« - Pouvez-vous libérer le palefrenier ! Mon époux l'a fait prisonnier sous prétexte que j'étais trop proche de lui. Il est jaloux et à trouver cette astuce pour se débarrasser de lui. C'est injuste de le retenir ainsi alors qu'il est votre meilleur travailleur des écuries. Il est innocent, il ne mérite pas la punition que lui a infligé votre gendre ! » Je commence.

Il me sourit.

« - Contrairement à ce que vous dites, il semblerait que ce palefrenier est très important pour vous ! » Il se contente de dire.

Je suis déçue pensant pouvoir l'amadouer, et le convaincre de libérer l'homme que j'aime. Il réfléchit, cependant, et accède à ma demande. J'en suis très surprise, mais, je me hâte de rapporter l'ordre du roi aux gardiens de prison.

Pierre est donc, libéré. Il me serre dans ses bras. Je lui donne rendez-vous ce soir même, dans la forêt près du lac favori de ma mère, et, nous pourrons nous enfuir ensemble. Pari tenu !

A vingt heures je m'arrange pour quitter ma chambre. Je déambule sur la pointe des pieds dans les couloirs du château. Je souffle de soulagement quand je parviens dans la grande cour. Il n'y a personnes à part les gardes. Je passe par la cour arrière, beaucoup moins surveillée. J'escalade le mur, en déchirant un pan de ma robe au passage.

Je suis parvenue à déjouer la garde, je suis une experte à ce jeu. Pour nos rendez-vous clandestins, nous agissions déjà ainsi. Je rejoins mon amoureux dans la forêt à l'endroit convenu. Il m'enlace avec passion et désir. J'aimerais retenir le temps et me perdre sous le charme sensuel de ses caresses. Mais, nous n'avons pas de temps à perdre. Nous nous faufilons à travers la forêt, esquivant les arbres. Il fait nuit noire et je me cramponne au bras de Pierre pour pouvoir avancer. Il n'est pas plus rassuré que moi, notamment quand nous entendons un bruit transpercer le silence de la nuit. Nous nous fixons les yeux écarquillés. Est-ce que nous allons devoir affronter un animal sauvage ? Je déglutis difficilement. J'ai peur, et froid, à présent. Il passe devant moi pour me protéger, et je ne comprends pas au premier abord quand il s'effondre devant moi.

Je m'abaisse pour prendre connaissance de ce qu'il vient de se passer. Ma main se pose sur du liquide. Et je sens un tige en bois, je comprends alors qu'il vient de recevoir une flèche en plein cœur. Je panique. Il ne respire plus. Il est mort. Je pleure, et j'essaie de le faire en silence. Je pose ma main sur ma bouche pour étouffer mes cris dû aux sanglots.

J'entends des pas. Des personnes s'avancent vers moi. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. J'ignore où me cacher, où me mettre à l'abri. Je ressens une piqure dans mon dos, puis une intense douloureux. Ma respiration est saccadée. Une seconde piqure m'achève. Je m'écroule au sol, mes yeux se ferment, et le néant..................................

***************************************

Le roi :

J'étais intrigué par la rébellion de ma fille. Je lui ai permis de libérer ce palefrenier. Mais, j'ai décidé de la faire suivre par des gardes. L'un d'entre eux et venu m'avertir qu'elle avait escaladé le mur pour sortir. J'ai donc, décidé d'accompagner la garde royale à la poursuite de la princesse pour savoir jusqu'où elle pouvait aller.

Nous sommes aveuglés par l'obscurité de la forêt. Il nous a semblé entendre des pas, mais nous avons décidé de rester à distance d'eux pour qu'ils ne nous aperçoivent pas. Nous avons établi le camp pour finir la nuit.

Au petit matin, réveillé par les rayons de soleil qui réchauffe mes joues, ma première pensée est pour ma fille. Je suis curieux de savoir ce qu'elle manigance avec son complice. Nous poursuivons notre avancée jusqu'à ce que nous apercevions deux corps allongés au sol. Ils dorment encore ? Je m'avance lentement pour éviter de les réveiller. Mon objectif est de les surprendre ensemble. Je veux punir sévèrement ma fille. A proximité d'eux, je découvre du sang au sol. Je panique. Je m'approche de ma fille. Je retourne son corps, elle est livide. Elle ne respire plus, elle est morte. De même pour son compagnon.

Je m'agenouille à ses côtés. Ils ont dû croiser des bandits. J'aurais dû intervenir plus vite, elle ne serait peut-être pas morte. Je pleure en serrant le corps inerte et recouvert de sang de ma fille. Je n'ai pas été un père très compréhensif envers elle. Je la contemple à nouveau, j'ai envie de vomir. Je ferais rechercher les coupables. C'est un crime.

Je me redresse. Désormais, il n'y a plus d'héritiers au trône. Je me sens oppressé. Comment faire ? Mon gendre n'aura pas la gouvernance. J'ai forcé ma fille à se marier pour la descendance. Je comptais bien sur un petit fils. Tous mes projets sont anéantis. Je suis très triste de perdre mon enfant, mais je ne peux pas m'arrêter là. Il y a également l'avenir de ma famille, mon maintien au pouvoir. Je suis surpris par le destin. Ma fille ne devait pas mourir.

Puis, je me souviens...... De la sœur jumelle. Elle est encore en vie, elle vit recluse dans un orphelinat. Tout n'est pas perdu..........


Pile ou faceحيث تعيش القصص. اكتشف الآن