Chapitre XX

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Felipe, prince d'Espagne :

J'aime le fait que je la recroiserais, et, que je l'obligerais à succomber à mon charme. Je souris. Elle est persuadée que je vais laisser tomber à force de me décourager. Elle ne connait pas ma ténacité. Quand je désire quelque chose, je mets tout en œuvre pour parvenir à mes fins. Le jeu de séduction qu'il va falloir que j'improvise pour la conquérir me motive déjà. Tous les jours, je serais persévérant parce qu'elle doit être à moi. 

Je suis enfermé dans cette chambre depuis que j'ai été libéré de mes ravisseurs. Elle vient quand je dors, à l'exception d'une fois où je l'ai surprise. Je crois qu'elle me rend visite très tard le soir, ou pas du tout. En tous les cas, je ne vais plus être obéissant éternellement, et rester cloitré dans cette pièce.

Mon père est retourner en Espagne. Il est tard. J'ouvre la porte de ma chambre, les couloirs sont vides. Le silence de la nuit qui commence est un peu effrayant. Je me retourne constamment pour vérifier que je ne suis pas suivi. Depuis mon enlèvement, je suis assez nerveux, et, me méfie du moindre bruit. J'ai développé un traumatisme, apparemment. Je me dirige vers les quartiers de la nouvelle reine. Par contre, dans ce coin du château, il y a plus d'agitation. Des gardes sont réquisitionnés toutes les nuits pour veiller sur notre souveraine. L'accès jusque sa chambre reste impossible. Je soupire de désespoir. Je ressens comme un sentiment d'impuissance. Elle referme complètement les portes d'accès à elle à tout le monde, moi y compris.

Si, je ne peux pas la voir.......Je soupire. J'abandonne pour aujourd'hui.

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Mathilde :

Troisième nuit que je passe dans la salle de couronnement avec mes ministres. Nous sommes préoccupés par les éventuelles attaques provenant de ma propre famille. Nous avons renforcé la sécurité autour du château, à l'intérieur de celui-ci. Seules les personnes que j'autorise à me voir le peuvent. Je sais que ma vie est en danger parce que la colère de nos ennemis a été amplifiée par le fait que nous ayons déjoué leurs plans en les piétinant.

Bien que nous les surveillons de près, ils ne vont pas être intimidés par notre manifestation de force. Je serre les lèvres. Je suis fatiguée de devoir me défendre et me méfier de tout. Je contemple tous ces hommes d'âge mur autour de moi. Chacun apporte son opinion sur la situation, et évidemment, aucune d'entre elles ne sont similaires. Je suis perdue. J'aurais besoin d'aide pour prendre la bonne décision. Si je ne réagis pas, cela remettra en doute mes capacités à gouverner la France.

"- Je pense qu'il faut sanctionner cette famille De Neuville qui a voulu prendre possession de la couronne ! Nous leur avons concédé la rançon, et j'avoue que sur le coup de l'action, il n'y avait pas d'autres alternatives, parce cela mettait en cause nos relations avec notre allié espagnol. Mais, là ! Nous ne devons pas fermer les yeux sur ce qu'ils ont tenté d'exécuter. Cela a tout de même coûté la vie au roi et la reine de France !" Je m'offense.

Tous les visages sont fermés, et à la fin de ma phrase, tous sont du même avis que moi. C'est impossible de rester sans réagir.

"- Que me proposez-vous comme sanction ?" Je les interroge.

Ils sont plus coutumiers que moi de ce genre de situation.

"- L'emprisonnement de la comtesse et de ses deux enfants !" Intervient le premier ministre.

Je partage son avis. Les autres ministres également. Nous allons donc déclarer la "guerre" au clan De Neuville des natifs royaux de France. Toute cette agitation provoquée par une seule femme et sa jalousie me retourne l'estomac. Il aura fallu des morts pour en arriver au même point. Je ne vais pas sous estimer ma tante. Mais, cette querelle familiale m'exaspère et me révolte. J'en arrive à la conclusion, qu'il vaut mieux vivre sans famille qu'avec une telle famille haineuse, avide.

Elle est puissante et peut attaquer à tout moment de n'importe quelle manière. Je crains pour ma vie et celle de mes proches. J'écarquille les yeux. Mon époux ! Un mauvais pressentiment m'interpelle. J'envoie des gardes près de la chambre de celui-ci pour le protéger. Nous poursuivons la réunion, et, nous avons déterminé un plan d'attaques contre nos adversaires.

L'un des gardes revient rapidement, en nous décrivant la situation. Le prince est menacé par des hommes tout de noir vêtus et masqués. Ils menacent de le tuer, si la reine ne les rejoint pas.

Je suis abasourdie par l'aisance avec laquelle ils parviennent à pénétrer à l'intérieur du château sans que personne ne les arrêtent. Je suis entourée d'une garde incompétente. A moins que cela ne soit le fait d'un complot. J'aurais, donc, des traitres parmi les gens qui m'entourent. Je jette un regard sur tous les ministres présents. Je suis persuadée que l'un d'entre eux est complice avec la comtesse. Je serre les lèvres. Pour l'instant, je dois me rendre vers les quartiers du prince, le piège se referme sur moi. J'ai aussi le choix de ne pas intervenir. Il sera exécuté comme mes parents. Je secoue ma tête rageusement de gauche à droite. Il ne peut plus y avoir de morts à cause de moi. Je ne pourrais le tolérer davantage. Alors, je vais agir comme mes ennemis l'attendent. Je me dirige avec escorte dans le couloir qui mène au l'endroit où je suis vivement attendue. J'entre à l'intérieur de la pièce, et déjà le prince est mis à terre sur les genoux, une épée pointée sur son cœur. Il suffit de l'enfoncer pour qu'il meurt. Cette vue me fait paniquer. Je me précipite à l'intérieur et me positionne devant lui en repoussant l'arme qui le menace.

L'homme masqué sourit sournoisement. Il attrape mon bras pour me repousser sur le côté et pointe son épée vers mon époux. Je ne peux pas accepter ce sacrifice supplémentaire. J'échappe avec toute ma volonté et ma colère à la poigne de mon ennemi, et je me pose devant la victime. Je reçois l'épée dans mes entrailles. Au départ, je ne ressens rien puis une douleur indescriptible m'assaille. Je m'écroule au sol, et je m'évanouis ...................

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Quand je me réveille plus tard, je tremble de froid. Je me redresse sur les coudes pour découvrir l'endroit où je me trouve. J'aperçois un feu, nous sommes dans la plaine. Je ressens une grande douleur au ventre, je baisse ma tête, et je découvre ma blessure. Puis, me reviennent à l'esprit les faits. Je me suis interposée quand cet homme a voulu tuer mon époux. Et j'ai été blessée à sa place. La douleur est insupportable, je décide de me rallonger.

J'espère qu'il va bien. Je m'inquiète pour cet homme que j'ai accepté d'haïr. Je ne comprends pas pourquoi, je me me retrouve seule dans cet endroit. Quelqu'un m'a soignée pourtant. Qui ? J'entends du bruit de brindilles que l'on écrase. On avance vers moi. J'ai peur, mais, je ne peux pas m'enfuir. Une ombre s'approche de moi, je crie. Il se précipite et je découvre mon époux. Il me serre dans ses bras.

"- Enfin, tu es réveillée ! J'ai vraiment eu peur que tu ne t'en sortes pas !" Il s'exprime très inquiet.

Je souris parce que je suis heureuse qu'il vive encore. Il me serre à nouveau dans ses bras, et, j'apprécie ce moment de tendresse. Puis, je me ressaisis. Je le repousse il me contemple inquiet.

"- Tu vas bien ?" Il s'enquiert de ma santé.

"- Je vais bien ! Où sommes-nous ?" Je lui demande pour changer le sujet de notre conversation.

"- Nous avons réussi à nous échapper grâce à l'aide du premier ministre et de quelques gardes !" Il m'explique en baissant les yeux.

"- Mon château a été pris d'assaut ! Comment cela a bien pu arriver avec tous les gardes que nous avions mis en place ?" Je le questionne effrayée.

"- En fait, il y avait des ennemis introduits parmi les personnes autour de nous ! C'était un grand complot, et, je soupçonne que mon enlèvement était un leurre. Le véritable plan était celui-ci !" Il argumente.

"- Où sommes-nous ?" Je réitère ma question.

"- Je l'ignore ! Je t'ai portée le plus loin possible en nous enfuyant devant nous. Je pense que la couronne va changer de propriétaire sous peu. J'ai préféré fuir plutôt que de te voir mourir. Qu'est-ce qu'il t'est passé par la tête ? Tu avez risqué ta vie pour moi ! Je croyais que tu me détestais !" Il me révèle en me taquinant.

"- J'ai réagi par instinct. N'y voyez rien de personnel !" Je préfère clarifier la situation.

"- Si tu le dis !" Il me répond.......



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