Chapitre XIV

25 4 0
                                    

Le prince :

J'étais abasourdi par la résistance de ma femme. Mes avances n'ont pas été suffisantes pour la garder dans mes bras. Je l'ai attirée par la force, cependant, elle reste impassible. Je me sens en échec pour la première fois de ma vie. Je soupire fortement en regardant par la fenêtre. C'est là que j'aperçois des rebelles se faufiler par le jardin. Je réalise ce qui se trame. Immédiatement, je comprends qu'un complot se déploie. Je ne pense plus qu'à protéger ma princesse. Je me dirige vers sa chambre, lorsque j'entends des pas dans les couloirs du château. Ils ont réussi à entrer, ils devaient avoir des complices parmi les serviteurs. La situation est plus périlleuse que je ne le pensais.

La porte de la chambre de mon épouse s'ouvre, et, je l'aperçois se précipiter dans le couloir. Je l'attrape par la taille avec mon bras, et je l'entraine avec moi dans l'ombre du couloir. Elle tente de se débattre jusqu'à ce qu'elle réalise qui je suis. Je lui fais comprendre de garder son calme et de ne surtout pas faire de bruit pour attirer les envahisseurs vers nous. Lorsqu'ils sont tous passés, je la porte jusque ma chambre. J'ai entendu des bruits d'épée qui se choquent et des hommes qui s'affrontent. Je dois en premier lieu mettre la princesse en sécurité.

Elle m'en veut, et s'inquiète pour son père. Je ne la quitte pas du regard, elle semble mal à l'aise. J'aimerais pouvoir poursuivre notre ébat amoureux, mais, je dois défendre les intérêts de mon beau-père.

« - Je dois y aller ! Vous restez dans ma chambre et attendez mon retour ! Ne tentez rien d'irréfléchi, ils ne vous épargneront pas s'ils vous trouvent ! » Je lui dis pour l'effrayer.

Elle hoche affirmativement la tête. Et l'espace de quelques secondes, j'ai l'impression de découvrir de l'inquiétude dans son regard. J'aimerais pouvoir m'attarder à la comprendre, mon devoir m'appelle ailleurs. Je referme la porte à clé derrière moi. Je prends une profonde inspiration avant de me rendre en direction des quartiers royaux.

Je me précipite, des rebelles me barrent le chemin. Je me bats avec courage, ils sont plus nombreux. Je suis constitué prisonnier. Peu après, j'apprends que le roi a été tué. Je suis emmené avec violence. Je me débats. Un cou porté sur ma tête m'assomme, et puis plus rien.......

******************************************

Mathilde :

J'écoute à la porte de la chambre du Prince, en collant mon oreille. Je patiente jusqu'à son retour. Je n'entends aucun bruit. On dirait que l'agitation a cessé. Je me hâte d'ouvrir la porte, mais celle-ci a été fermée à clé par mon époux. Je dois chercher la seconde clé. Je fouille dans son bureau, ses effets personnels. Dans le tiroir de son bureau, je découvre une lettre avec le sceau royal. Mon instinct m'oblige à en lire le contenu. Je la sors de l'enveloppe et commence à en prendre connaissance.

Le sceau de notre famille demeure sur le pli.

" Moi, le roi Philippe de Gascogne, troisième du nom, m'engage à laisser la gérance de la France, au Prince Felipe Lopez d'Espagne, ci celui-ci parvient à se faire aimer de ma fille, la Princesse Marie de Gascogne après l'avoir épousée. La naissance d'un héritier au trône promouvra l'ascension au trône du Prince  jusqu'à l'âge de la majorité de l'héritier royal.

Philippe III de Gascogne, Roi de France."

Il s'agit d'une promesse signée par mon père pour que le Prince m'épouse et donne un héritier. Je suis très déçue de découvrir ce secret. Si ma soeur avait constaté cette trahison de la part de notre père, elle aurait également était très désappointée. Je poursuis mes recherches jusqu'à ce que je repère la clé. Je sors de la pièce en ressentant du dégoût envers les personnes qui m'entourent.

Je cours jusque la chambre du Roi, on me retient à l'extérieur. J'apprends par son intendant qu'il a succombé à des blessures très graves. Qui sont les meurtriers de mon père ? Mes sentiments sont controversés. J'ignore ce que je ressens exactement, mais je suis en colère et surtout dépassée par la situation actuelle.

Mon père est mort. Je me dirige paniquée vers la chambre de ma mère. Elle est remplie de personnes qui s'inquiètent. Mon cœur s'emballe. Je la découvre allongée sur son lit, du sang sur sa robe. Son visage est très pâle, et, elle tourne lentement la tête vers moi. Je suffoque. Elle demande à ce que l'on nous laisse. Les servantes et les gardes quittent la pièce. Elle me fait signe de m'approcher d'elle parce que sa voix est très faible.

Elle murmure à mon oreille :

"- Des ennemis nous ont attaqués. Je sais que ton père est mort, et, je suis à l'agonie, également. Je voulais te mettre en garde contre les membres de la famille de ta cousine Anne de Neuville. Ils ont toujours convoités le trône. Donc, tu dois te protéger d'eux, et, surtout, et là j'insiste parce qu'il y va de la dignité de notre famille et de ta survie, tu ne dois jamais révéler que tu n'es pas Marie. Ce serait un prétexte pour eux de te déloger et de reprendre la couronne. Mathilde, ma fille, je remercie la vie de nous avoir permis de nous rencontrer malgré toutes ces années de séparation. Je sais que tu as beaucoup souffert de la solitude et de l'abandon. Je peux comprendre tout ce que tu as vécu. Aujourd'hui, tu es une autre personne. Tu dois sauver l'honneur de nos ancêtres en restant avec ton mari et en donnant un nouvel héritier à la France. Je sais que tu ne connais pas cet homme, ton époux, mais, tout repose sur toi, à présent ."

Elle tousse. Du sang sort de sa bouche. Sa respiration est de plus en plus difficile. Elle me regarde, les yeux remplis de larmes. Elle caresse mes cheveux en me souriant.

"- Mon enfant, c'est un soulagement de t'avoir vu avant de mourir !" Elle chuchote.

Je pleure à mon tour. Ma mère me quitte déjà, et, mon père ne m'aura offert aucun intérêt et aucune compassion depuis qu'il m'a interdit de rentrer au couvent. Il ne me reste plus que le Prince.

Ma mère ferme les yeux. Je la tiens dans mes bras quand elle expire son dernier souffle. Sa main posée sur mon bras, retombe brutalement sur le lit, totalement inerte. Je suis consternée de la perdre ainsi. J'exprime mon chagrin en pleurant toutes les larmes de mon corps. Je pose ma main sur mon cœur. La mort de mes parents ne restera pas impunie, et, j'en fais le serment, je les vengerais. Je retrouverais les auteurs de cet acte cruel, même si je dois y passer le restant de ma vie.

Je vais respecter la dernière volonté de ma mère. Je vais me présenter au gouvernement pour indiquer que je suis en vie, et par conséquent, devenir l'héritière du trône.

Lorsque j'arrive dans la salle des ministres, je lis la stupeur sur certains visages, et du soulagement sur les autres. Je distingue ainsi mes ennemis. De la famille proche, je suis écœurée par toute cette jalousie et de la mort de mes parents. Je suis revenue à la case de départ, je suis à nouveau dépourvue de famille, à une exception près, mon époux. Que je n'ai pas revu d'ailleurs depuis qu'il m'a enfermée dans sa chambre.

Je me présente en tant que successeur de mon père. Je vais reprendre la gouvernance de mon pays. Pour l'instant j'ai sauvé l'honneur. Mais, je suis consciente que je vais devoir m'opposer à des protestataires au niveau des hommes politiques. Surtout je dois bien m'entourer d'hommes compétents parce que je ne connais rien au monde politique. Je prends petit à petit conscience que je m'engage dans quelque chose de nouveau et seule.

Je dois retrouver mon époux. J'imagine qu'il a disparu parce qu'il a été enlevé par les rebelles. Nous n'avons pas retrouvé son corps. A moins qu'il ne soit complice de ce complot, cependant, je ne l'imagine même pas. Je reconnais que notre union était intéressée, vu la promesse faite par mon père à ce dernier. Il ne m'aime pas, il sollicite mes faveurs pour concevoir un héritier. Mais, aujourd'hui mon père n'est plus, cette promesse n'a plus aucune valeur. Je le chasserais de ma vie.

La surprise et le mécontentement sur les visages de mes ministres ne laissent rien présager de favorable à ma promotion au rang de reine de France. Demain aura lieu mon couronnement. Je vais devoir être très vigilante et prudente. Je réquisitionne la plupart des gardes pour procéder à ma protection jusqu'à ce moment important. Je ne réfléchis pas aux conséquences de mes actes, ni ne prend attention au souhait de mon père, je vais hériter du trône. Je formulerais un plan par la suite......................



Pile ou faceWhere stories live. Discover now