Chapitre 25

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- Catherine -

Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté d'y aller, mais c'était trop tard pour reculer. Je pouvais toujours prétexter un mal de tête ou une maladie imaginaire, mais au fond de moi j'avais quand même un peu envie d'y aller.

Travers m'avait téléphoné il y a deux jours pour m'inviter à la fête de nouvel an de son université. Je lui avais fait remarquer que cette année même le nouvel an chinois n'avait pas lieu au mois de février, mais il m'a répondu que c'était surtout un prétexte pour fêter la fin de la première session d'examen et de relâcher la pression.

J'avais dit oui parce que ça faisait un bon mois que maman me suppliait de me changer les idées autrement qu'en allant au travail. Grand-père était de son avis, selon lui allez s'enfermer dans les salles obscures deux fois par mois ne constituait pas une sortie.

Je crois aussi que ma mère en avait marre de me voir sursauter à chaque fois que mon téléphone sonnait avant de me précipiter dessus dans l'espoir que c'était Blaine.

- J'ai répondu trop tard, m'étais-je lamenté auprès de grand-père le week-end dernier.

- Il a dit qu'il était prêt à t'attendre. Il est un peu versatile tu ne crois pas ?

- J'ai attendu une semaine pour répondre à son « je t'aime ». Honnêtement, je serais vexée à sa place.

- Et tu lui as répondu quoi ?

- Grand-père !

- Non, mais... ta réponse pourrait aussi expliquer son silence. Après tout, ce n'est pas rien pour un homme de mettre ses sentiments à nus et de se voir rejeter.

J'avais pris ma tête entre les mains en murmurant quelque chose du style "tu me gonfles" ce qui l'avait fait rire. 

J'avais peut-être mis un peu trop longtemps à répondre à Blaine, mais je ne m'étais pas attendu à ce que ma réponse soit suivie d'un silence de mort. D'un long mois sans nouvelles aucunes. Je lui avais envoyé plusieurs textos, mais rien, pas une réponse de sa part. J'avais même essayé de lui téléphoner à deux reprises aussi, mais j'étais tombée les deux fois sur sa messagerie.

J'avais hésité à contacter Maisie, mais je ne savais pas si Blaine lui avait dit que nous nous étions quelque peu réconciliés et les derniers messages de sa soeur ne me le laissait pas penser alors je me suis abstenue. Finalement, j'ai fait des fouilles dignes d'Indiana Jones pour trouver le numéro du ranch où il travaillait mais plus aucuns des trois numéros n'étaient attribués. 

Blaine n'avait pas indiqué d'adresse de retour lorsqu'il m'avait envoyé le journal de Catrina, je n'avais donc rien de plus que son numéro de téléphone australien, les prénoms de quelques personnes qui avaient travaillés ou travaillaient pour Danny et je savais qu'il se trouvait dans le territoire du nord. 

J'avais pensé contacter mon père mais j'avais raccroché avant même la première sonnerie. J'étais encore fâché contre lui et lui contre Blaine et moi pour le bazar que nous avions mis dans la famille. Probablement aussi parce que la rumeur, on ne sait comment, avait fini par courir parmi la bourgeoisie que le fils d'Ellen et sa belle-fille n'avait pas été très sage. 

Honnêtement, le fait qu'on puisse être le sujet numéro un des commérages de quelques familles  importantes m'amusait beaucoup et ça aurait sûrement beaucoup amusé Blaine aussi. En tout cas, ça faisait hurler de rire Maisie qui m'en parlait à chaque fois que je l'avais au téléphone. 

Donc, pour apaiser les inquiétudes de ma mère et pour mettre en sourdine la petite voix vicieuse qui me disait que finalement Blaine n'avait pas l'air si enclin que ça à m'attendre, j'ai accepté d'accompagner Travers à sa soirée. 

Entre deux océans - Tome 2Where stories live. Discover now