Chapitre 19

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- Catherine -

J'avais passé ma soirée à lire toutes ces pages que j'avais imaginées. J'étais obligée d'admettre que mon imagination n'avait pas rendue justice à Catrina, elle était bien trop pauvre ou trop innocente. 

J'ai jeté un coup d'oeil par la fenêtre de ma chambre, le ciel était dégagé et laissait apparaître la pleine lune, bien ronde, éclatante. Entre mes doigts, je tenais les quelques mots de Blaine. Pas de la grande poésie, juste quelques phrases griffonnées de sa belle écriture. Tout ce que j'en avais retenu c'était qu'il me demandait, non me suppliait, de lui pardonner et de l'attendre. 

J'étais partagée. D'une part, il avait enfin écrit ce que j'avais tant espéré, d'une autre je me demandais si cela servirait à quelque chose de reprendre notre histoire. En fait, il n'y avait pas vraiment eu d'histoire, nous avions été ensemble à peine quelques secondes que nous rompions, enfin si on peut appeler ça une rupture. Notre couple n'était rien d'autre que des fondations bâties sur des sables mouvants et ces derniers l'avaient englouties. 

Et puis, je ne voulais pas lui pardonner trop facilement. Il m'avait fait mal, très mal et même si je savais que ce n'était pas très sain comme réaction, j'avais envie de le blesser en retour ou du moins de le laisser culpabiliser un peu plus longtemps.

J'en étais là dans mes pérégrinations quand ma mère est rentrée dans ma chambre sans frapper.

- Maman ! ai-je râlé. 

Elle m'a ignorée, me tendant le combiné du téléphone à la place.

- Téléphone pour toi, a-t-elle dit en haussant les épaules.

- Qui peut bien m'appeler à presque..., j'ai jeté un coup d'oeil à mon réveil, à presque minuit ?!

- Blaine, a simplement répondu maman.

Comme je ne me décidais pas à prendre le téléphone, elle l'a déposé sur mon bureau et est sortie de la pièce non sans me dévisager bizarrement.

Je suis restée devant le combiné à le regarder comme s'il allait me sauter dessus à tout moment pour m'attaquer. Rien ne m'empêchait d'appuyer sur le petit bouton rouge qui mettrait immédiatement fin à l'appel. C'était la meilleure chose à faire. Ça lui montrerait que ça n'aurait rien de facile de me récupérer, il se ferait du mouron en pensant que je ne l'attendrais sans doute pas et ce serait bien fait pour lui. 

Mais en même temps, j'avais trop envie d'entendre ce qu'il avait à me dire pour le faire alors j'ai pris le combiné et j'ai murmuré un "allo" étranglé. 

- Catherine, a-t-il soufflé.

Nous sommes restés silencieux un long moment. Je regardais l'aiguille de l'horloge de mon ordinateur tourner encore et encore sans réagir. Je ne voulais pas être la première à parler. 

- Tu vas bien ? m'a-t-il finalement demandé.

Il avait parlé tout doucement comme s'il avait eu peur de me faire fuir. Ou alors, tout comme moi, il ne savait pas trop par quoi commencer. 

- Je ne sais pas ai-je répondu.

J'avais hésité à lui dire que ça n'allait pas, que je lui en voulais comme jamais de m'avoir abandonnée, de m'avoir laissée gérer toute seule mon père, que je le détestais d'avoir fui. 

- Et toi ? ai-je demandé à la place. 

- Je ne sais pas.

Il y a eu un nouveau silence. Je l'écoutais respirer lourdement et je me suis surprise à m'inquiéter pour lui, à me demander s'il n'avait pas trop chaud ou s'il était malade.

Entre deux océans - Tome 2Where stories live. Discover now