Chapitre 21

6 1 0
                                    

- Catherine -

Je n'avais jamais été particulièrement fan de Noël. Evidemment, petite, j'étais excitée à l'idée de recevoir des cadeaux même si je n'aimais pas l'idée d'un gros bonhomme rouge s'introduisant dans notre maison pendant que nous dormions. Par contre, je n'ai jamais ressenti de joie particulière quant aux préparatifs et à l'atmosphère particulière qui enveloppe le mois de décembre.

J'étais bien allez à quelques marchés de Noël quand j'étais petite et il m'arrivait régulièrement de m'affaler dans le canapé avec ma mère pour regarder les films de Noël qu'elle avait enregistrés toute la semaine pour n'en manquer aucun, mais je n'ai jamais anticipé les fêtes de fin d'année. Pour moi, ce sont des jours comme les autres, des cadeaux en plus.

Quand j'étais encore petite, nous passion la veille de Noël devant la télévision à regarder des films et à manger des saletés. Papa était un grand fan des Greemlins, nous y avions droit chaque année. Le jour de Noël, nous allions manger chez mes grands-parents, puis au soir, mon père passait le coup de fil. Celui qui le mettait de mauvaise humeur. Il appelait ses parents. La conversation était toujours très brève et ils ne voulaient jamais me parler. Ils vivaient à Belfast et je ne les ai rencontrés qu'une seule fois mais j'étais trop petite pour m'en souvenir. Je ne sais pas vraiment pourquoi ils s'étaient disputés avec mon père et pourquoi ils n'avaient jamais voulu rencontrer leur petite fille. Sans doute parce qu'ils en avaient tout un tas à gâter grâce aux frères et soeurs de mon père. Eux non plus je ne les connais pas. Sauf un mais c'est une rencontre qui a mal tournée et qui n'a sans doute pas redoré mon blason auprès de la famille de mon père.

Nous nous promenions dans les rues de Dublin mon père et moi pour chercher le cadeau de Noël parfait pour ma mère quand nous avions rencontré par hasard son frère et sa fille, Ashley. Il nous avait invités à venir boire le thé chez lui dans l'après-midi. A cette époque, je ne me séparais pas du poney en plastique que m'avait offert Kieran pour mon anniversaire. Bien sûr, j'avais refusé de le partager avec sa peste de fille qui donnait l'impression d'être au-dessus de tout le monde. J'avais refusé de partager mon poney avec elle mais pourquoi l'aurais-je fait alors que je n'avais pas eu le droit de toucher à une seule de ses poupées Barbie. Quelque part entre le moment ou elle m'arrachait l'une de ses poupées des mains et celui où je l'insultais avec un slang appris par grand-père, elle a cassé la jambe de mon cheval. En représailles, je lui ai collé un biscuit au caramel dans les cheveux. Il avait fallu lui couper une mèche entière de cheveux pour pouvoir retirer la sucrerie et après ça nous n'avons plus eu de contact. 

Cette histoire faisait encore hurler de rire ma mère aujourd'hui même si elle n'avait pas été là pour y assister. A l'époque ça amusait aussi beaucoup mon père d'en reparler. Je suppose que maintenant la simple évocation de mon prénom doit lui hérisser les poils. 

Noël n'était donc pas une fête très familiale chez moi. Mon grand-père n'était pas très pratiquant et probablement pas très croyant non plus contrairement à ma grand-mère. C'est elle qui tenait à toute ces traditions. Pour éviter de devoir aider dans les préparatifs, mon grand-père partait dans sa cabane de pêcheur au fin fond du Connemara et j'y allais avec lui. Nous partions tôt, sans prendre de petit déjeuner et sans faire de bruit. 

En chemin, nous nous arrêtions à une ferme pas très loin de sa cabane. Il connaissait très bien les propriétaires, des danois qui nous recevaient comme des membres de la famille et on prenait le petit déjeuner avec eux. Parfois, quand il faisait vraiment trop mauvais ou qu'il y avait de la neige, plutôt que d'aller jusqu'à la cabane nous restions chez eux jusqu'à l'heure fatidique, celle où nous devions rentrer pour manger le repas qu'avait préparé ma grand-mère avec l'aide de ma mère et de Kieran. J'ignore si Kieran a jamais été d'une grande aide en cuisine, sa spécialité étant la viande brulée. Pour éviter de se disputer avec son père, mon oncle mettait un point d'honneur à éviter de lui adresser la parole. A la place, il parlait cricket avec mon père, ma mère et ma grand-mère parlait de tout et de rien et moi je jouais aux échecs avec grand-père. Quand j'en avais assez de perdre, nous jouions aux petits-chevaux. 

Entre deux océans - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant