Chapitre 24

266 23 8
                                    

TW: les premières lignes abordent à nouveau le deuil.

Quand je me lève, il fait gris. Mauvais temps pour la course du Grand Paris. Je sors de mon lit sans aucune envie, enroulé dans un plaid. Les douze Mars se ressemblent généralement tous. Comme si j'étais réglée comme une horloge. Un sentiment morose m'envahit toute la journée, je n'ai aucune envie de rien, ni même de voir des gens. Je me demande encore pourquoi j'ai proposé à Mathis de venir. Peut-être dans un sens pour le rassurer, lui dire que le douze Mars je reste peut-être enfermée chez moi sans répondre mais que je ne me laisse pas étaler sur le sol à longueur de journée. L'année dernière il faisait beau, ça remplaçait la profonde tristesse qui m'envahit chaque année à cette période, mais aujourd'hui, il est à deux doigts de pleuvoir.

J'ai déjà reçu des messages, il est passé dix heures.

« Je suis passé acheter des pop-corn et nos bonbons préférés. »

Je ne réponds pas pour autant. Je pars dans ma cuisine pour me faire un chocolat chaud. Je m'assois dans mon canapé sans motivation. Je n'ai jamais compris pourquoi j'étais comme ça ce jour-là, enfin si, je sais pourquoi, mais pourquoi ma mère n'est pas pareille ? Mathis non plus. Il n'y a que moi qui reste enfermée chez moi sans rien faire. Même si ma relation avec mon père n'était pas forcément la plus simple et la plus fusionnelle, il restait mon père. Aujourd'hui je donnerai tout pour pouvoir le revoir une dernière fois, pour pouvoir lui dire au revoir franchement. Pas juste un au revoir blasé car je pars en cours.

Quand il est décédé et que Mathis l'a appris par la suite, il s'en est voulu de ne pas avoir été là, le jour où nous sommes arrivés dans la chambre et où il ne respirait plus. Par la suite, j'avais beau rester silencieuse, il venait souvent à la maison. Nous ne faisions rien de spécial, je ne parlais pas forcément mais il restait là. Je soupire profondément en prenant mon téléphone pour répondre à Maxime, ça fait sept ans que je suis dans cette situation, je devrais peut-être grandir, ne plus agir en gamine et faire comme si c'était une journée banale. Mais l'appel résonne constamment dans ma tête, je me rappelle encore de la voix terrifiée de ma mère qui ne s'arrêtait pas de pleurer. Moi, je ne devais pas pleurer parce que, qui allait consoler maman ?

« C'était comment l'Ardèche ? »

« C'était cool, on est retourné à notre ancien lycée. »

On est même allé à la piscine, on a revu de vieux amis, on a fait des magasins et puis on a visité la tombe de mon père. J'avale ma salive, je ne le dis jamais explicitement que mon père est mort, mes amis le devine souvent par la suite avant que je ne l'annonce pour de bon. Je soupçonne quand même Mathis d'y être parfois pour quelque chose. Mais je ne sais pas si Maxime est au courant. Je renvois un message.

« Il a fait super beau, ça change de Paris. »

Je pose mon téléphone, pose ma tasse vide sur la table et pars en direction de la salle de bain pour prendre une douche, j'ai les cheveux gras en plus.

                    *

Les pop-corn sont en train de cuire dans le micro-onde sous l'œil attentif de Mathis, je lance Disney + et cherche le premier volume de Narnia. Quelques minutes après que je l'ai trouvé, Mathis arrive avec un saladier qu'il rajoute aux paquets de bonbon et à la carafe d'eau déjà posée sur la table.

« Ok, je crois qu'on a tout. »

Je lui offre un petit sourire.

« On va pouvoir commencer par le un. »

« Wesh tes films ils durent des heures je vais rentrer quand chez moi ? »

« Il y en a pour un peu près cinq heures de film. Ça va tu vas pas chouiner, ça en rajoutera trois de plus à ta liste. »

Merci pour la douceurWhere stories live. Discover now