Chapitre 49 - Fin de bataille

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* Iris*

Après cette confrontation qui me brisa le coeur je m'enfuyais en courant, j'arrivai près d'un pont, mes baskets résonnant sur le bitume et tremblante de froid. Le pont se tenait à quelques mètres d'une route passante, la pluie martelait le sol. Le pont était peu élevé mais la hauteur suffisait pour une chute mortelle. Je m'approchai, tremblante de la rambarde en fer rose rouillée, et contemplais le vide, les deux mains plaquées sur la barrière. Le vide m'appelait, me défiait de le rejoindre à tout jamais et de quitter ce monde et la culpabilité qui m'écrasait.

C'est de ma faute, pensé-je. Tout est de ma faute.

L'eau bouillonnait  en bas. Sa force destructrice me promettait une fin rapide. Elle écumait avec rage et m'hypnotisait.

J'aurais dû le protéger. C'était mon devoir. Je le lui avais promis et je n'ai pas pu tenir ma promesse.

Mon cœur tambourinait contre ma poitrine, seule preuve qu'il était encore en vie, qu'il n'avait pas disparue.

Je suis seule, pensé-je. Tellement seule. Ethan me déteste. Aicha a ses problèmes a gérer. Je manquerai sûrement à Steven, mais vu le poids que je suis, ce sera un soulagement pour lui.

Une pensée me traversa l'esprit : ma mère. Je la chassai immédiatement.

Mon frère est décédé. Je donnerais n'importe quoi pour le rejoindre. Pour sentir ses bras autour de moi. Pour lui dire à quel point je l'aime et que tout ce temps je ne l'ai jamais oublié. Que quelque chose s'est brisé en moi à ses funérailles et que ca ne s'est jamais réparé. Parce qu'une vie foutue en l'air cela ne se répare pas.

La pensée s'insinua plus profondément en moi, tentant d'attirer mon attention : maman.

Je décidai de ne pas y penser pour l'instant, me concentrant sur ma moitié : j'arrive. On se reverra plus tôt que prévu, frérot.

Maman ne peut pas vivre sans toi. Cette pensée s'ancra en moi car je savais que c'était la vérité. Elle ne le supporterait pas. Je me revis dans ses bras une semaine après l'enterrement pleurant sur mon épaule et répétant qu'elle avait déjà perdu un fils qu'elle ne pourrait pas perdre sa fille en plus.

La douleur me serra la gorge et déglutir me fit un mal de chien. Une partie de moi rejoignit l'eau bouillonnante sous le pont, mes larmes intarissables.

Je posai mon sac à terre, désespérée, puis posais mon pied droit sur le rebord en fer de la rembarde, je l'enjambai. Des klaxons résonnèrent derrière moi tandis que mes baskets glissaient sur la ferraille trempée d'eau.
Les lèvres tremblantes, la pluie me cachant le spectacle, je chuchotais

-Je t'aime maman... Pardonne-moi.

-wowow! Tu fais quoi là ?!

Deux bras puissants m'attrapèrent la taille et me tirèrent violemment en arrière, atterrissant sur le pont.

-T'as voulu faire quoi là ??

Je tournais les yeux vers l'inconnu, incapable de l'identifier étant  toujours embués de larmes. Et je craquai, fondis en larmes en  me blotissant contre son torse

-Je rêve où t'as failli sauter là ?! cria Steven, tentant de se faire entendre à travers le tonnerre.

-Je suis... je suis... je suis désolée, pleuré-je

Il m'écarta, et me secoua, terrifié  :

-J'aurais fais comment moi, putain ! T'aurais fais quoi si j'étais pas passé par là pour rentrer ? Hein ? Tu te serais jetée du pont ?

Singulier - [Terminé]Where stories live. Discover now