Chapitre 6 - Iris

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J'avais beau aller au plus mal, Steven me redonnait le sourire. Une lumière dans l'obscurité. Il ne m'avait pas encore parlé de sa maladie, mais c'était injuste que   ça tombe sur lui. Pourquoi ce sont toujours les personnes exceptionnelles qui sont touchées ? Et pas les enfoirés ? 

Je ne le connaissais que depuis deux jours, mais il avait été plus présent que de nombreuses personnes dans ma vie, depuis des années. Steven, c'était le genre de personne que l'on ne rencontre qu'une fois dans sa vie, mais qui vous marque à jamais. Le genre à illuminer ton quotidien, s'il reste à tes côtés. Et j'avais bien besoin d'un rayon de soleil.

A dix heures cinquante, je sortis de ma chambre pour rejoindre la cafétéria, une  grande salle aux murs blancs à côté desquels trônaient des tables et des chaises jaunes. Le self se situait à droite de la cafétéria,  dans une pièce séparée.

-Je vois que tu as eu mon mot.

Steven se trouvait sur ma droite, un sourire en coin, et m'observait.

-Je croyais que les fleurs étaient interdites ici ?

-Oh, tu sais lorsqu'on connaît les bonnes personnes rien n'est jamais interdit ici. Une fois on a même fait entrer un chat, ici. Les orphelins l'avaient adopté. Une infirmière a éternué une semaine entière après ça. Puis elle a découvert le stratagème, et on a dû le rendre.

-Lucie y était très attachée, ajouta-t-il.

-Qui est Lucie ?

-C'est moi, répondit une voix timide.

Derrière moi une petite fille blonde, habillée de rose, tenait un doudou dans ses bras. Elle ne devait pas avoir plus de cinq ans.

-Je l'avais appelé Pitchoune.

-Salut toi, moi c'est Iris .

Je m'accroupis pour être à sa hauteur et elle me tendit la main. Je la lui serrais.

-Enchanté. Qui sont les orphelins ? Demandé-je

-Oh, c'est nous.

Sur ma gauche trois enfants s'étaient glissés en douceur dans mon dos. Celui qui avait parlé avait le crâne rasé, et un sourcil fendu. Il était grand, maigre et souriait d'un air goguenard. Derrière lui, un petit garçon aux cheveux noirs et aux yeux marrons se tenait en retrait. Il devait avoir huit ans au maximum. Enfin, à l'écart des deux autres, un garçon d'environ treize ans, roux aux yeux verts observait la scène, me jaugeant du regard. Ses tâches de rousseurs juraient avec son t-shirt vert et son pantacourt noir.

-Moi, c'est Haychen. Se présenta l'adolescent au crâne rasé.  Lui, dit-il en pointant le petit garçon de huit ans, c'est Hélio, il est un peu dans son monde mais il est gentil.

Puis, il pointa du menton la jeune fille en rose et déclara:

-Voici Lucie, notre petite chouchoute. Elle a cinq ans, un quart, comme elle aime le rappeler.  Elle est arrivée ici à trois ans atteinte d'une mucoviscidose. On l'a tous pris sous notre aile. Et lui, c'est Finn.

Je souris à tous les enfants, puis Haychen, précisa :

-On s'appelle les orphelins parce qu'on passe plus de temps à l'hôpital qu'avec nos parents.

Mon expression choquée le fit marrer.  J'avais du mal avec le fait de rigoler de choses aussi horribles. Quelque chose tira ma jambe. Lucie, la petite en rose me tirait le pantalon. Je m'accroupis à sa hauteur.

-Heyy, Lucie c'est ça ?

Elle hocha le tête, se cachant à demi derrière son doudou. Soudain, elle s'éloigna, puis se retourna à trois mètres de moi et me fixa. Elle me fit un discret signe de la main.

Singulier - [Terminé]Where stories live. Discover now