Chapitre 9 - Steven

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***

J'avais dû m'endormir contre l'épaule d'Iris parce qu'à mon réveil, elle n'était plus là, et un coussin avait été placé sous ma tête. Soudain, la porte de ma chambre s'ouvrit et Léa mon infirmière, entra dans la chambre. Elle me regarda avec insistance, dévisageant mes cheveux en bataille puis affirma, un sourire en coin.

-T'as pas mentis, elle est jolie.

La tête encore embrumée de sommeil, je lui lançais un regard interrogateur.

-Je suis passée vérifier tes constantes dans la soirée, et elle était là. Tu dormais la tête sur ses genoux depuis une bonne demi-heure, elle n'a pas voulu te réveiller. J'ai dis que je repasserais.

Je rougis légèrement. J'avais la tête sur ses genoux et je me suis endormi. Quel nul. Heureusement la pénombre cachait ma gêne. Léa s'approcha de mon lit, vérifia mes constantes et me chuchota:

-Au fait, tu devrais l'emmener au State House, le pub à dix minutes à pieds d'ici. Ils ont un billard, une piste de danse et de la bonne bouffe.

Elle hésita, prit son temps puis affirma:

-Et si t'as le temps, monte les escaliers de service, sur la droite, et bref... tu verras, ajouta-t-elle avec un sourire.

-Mais...

-Je sais que c'est interdit de sortir le soir. Mais tu as ma permission. Je te couvrirais. Dépêches-toi, Cendrillon rentrait avant minuit.

Elle me fit un clin d'œil puis ressortit de la chambre.

***

La journée passait avec la lenteur d'une vieille sur son déambulateur. Vers dix huit heures, j'envoyais un texto à Iris :

-Tu as faim ? 

Sa réponse ne se fit pas attendre. 

-Bien sûr, je crève la dalle, comme toujours. Pourquoi ? 

Je souris devant son message et répondit: 

-Dis à ton ventre d'attendre encore un peu. Rendez-vous à vingt et une heure dans ma chambre. Ne sois pas en retard. 

-J'y serais à vingt heures cinquante. 

***

Vingt heures quarante-cinq.

Je tournais dans ma chambre comme un lion en cage, stressé. J'espérais qu'elle allait aimer la surprise. De petits coups me tirèrent de ma rêverie. Iris était là, refermant doucement la porte derrière elle, légèrement maquillée et portant une robe que Léa lui avait sans doute prêter. Elle était très belle. 

Elle me sourit timidement. 

-J'ai faim. On va où ? 

-On va devoir sauter, répondis-je. 

-Comment ça "sauter" ?  On part de l'hôpital ? 

-Oh que oui, allez-viens on est qu'au premier étage. Je le fais tout le temps !

Je laissais la fenêtre entrouverte pour pouvoir revenir pendant la nuit, enjambais le balcon et me laissais tomber le long de la gouttière. Au sol s'étalait un luxurieux jardin à quelques kilomètres de la rue menant au pub. Mon t-shirt blanc y resta accroché et s'effilocha lors de ma descente. 

-Allez-viens, je t'attends !

Iris resta plantée sur le balcon à me dévisager. 

-Poule mouillée !

-Tu as osé ? Tu vas voir ce qu'elle va faire la poule mouillée!

D'un air revêche, elle escalada le balcon, s'agrippa à la gouttière, puis ses mains glissèrent et elle tomba dans le buisson situé en-dessous de ma chambre. 

-Comment tu t'es viandé ! 

J'éclatais de rire devant ses cheveux en bataille, et son air boudeur. Iris hurla lorsqu'une araignée courut le long de son bras. 

-C'est pas drôle. 

-Tais-toi, tu vas nous faire repérer !

Je l'aidais à s'extirper et nous nous dirigeâmes au State House. 

****

La vue était splendide. L'escalier menait jusqu'à un roof-top, qui dominait la ville. Une pizza devant nous, Iris et moi étions assis sur des transats, bordés de lumières  roses et jaunes fixées sur le toit. Cet arc-en-ciel se reflétait sur son visage paisible. 

-C'est magnifique, chuchota-t-elle. 

Soudain, elle se leva, s'assit sur le rebord du toit et laissa ses jambes se balancer dans le vide. Au loin, elle observait la ville scintiller de mille feux, recouverte par les étoiles sur fond nocturne Les lumières allumées des habitants de la ville brillaient au loin. La voie lactée semblait dégagée.

-Tu fais quoi ? 

-Je m'amuse. Viens, si tu en as le courage. Sauf si tu es une poule mouillée. 

Son visage se fendit d'un sourire en coin, et je me décidais à la rejoindre, la démarche hésitante. 

-Alors comme ça on a le vertige ? 

-Pas du tout. 

Mon visage blême la fit marrer, tandis que tous mes muscles se tendaient. Le restaurant se situait cinq étages au-dessus du vide. 

Iris brisa le silence quelques minutes plus tard. 

-Tu sais, parfois il ne faut pas hésiter à sauter dans le vide. Quelque chose de magnifique peut en ressortir. 

Un sourire flotta sur ses lèvres à ses mots. Et je répondis: 

-Je sais. Je me lancerais peut-être, malgré ma peur du vide. 

Ma réponse sembla la satisfaire, puisqu'elle me proposa: 

-Alors, on se le fait ce billard, que je te mette la raclée de ta vie ? 

-Avec plaisir, répondis-je tandis qu'une agréable chaleur se propageait dans mon ventre.


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Alors que pensez-vous de cette petite escapade nocturne entre Iris et Steven ? 

A très vite, 

Lionagle 





Singulier - [Terminé]Where stories live. Discover now