Chapitre 42 - Elodie

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* Sarah * TW allusions agression sexuelle

Je rentrais du travail, les écouteurs dans les oreilles. J'avais trouvé un petit travail dans une pâtisserie en centre-ville. Ils m'avaient acceptée comme apprentie.

Emportée par la musique je laissais mes pensées divaguer pendant que j'allais vers ma voiture. Ethan . Je le détestais. Je le haissais pour tout ce qu'il représentait. A sa pensée, une la colère m'envahit. Mais j'essayais de la calmer avec la musique. Je ne savais pas pourquoi. Je ne comprenais pas pourquoi j'avais autant envie de le piétiner. Il était heureux, comment le pouvait-il ? Ses effusions de bonheur déclenchaient  en moi une haine indescriptible.

– Salut Elo ! À demain !

Je me retournais pour saluer ma collègue, et lui fis un sourire resplendissant. Je m'étais bien habillée aujourd'hui, ma robe noire soulignait mes rondeurs et mes collants noirs affinaient mes jambes. Un sac rouge à l'épaule, je me dirigeais vers ma voiture.

« Elle m'aime mais je veux voir jusqu'où »

Cette musique me parlait. Je savais qu'Ethan  m'aimait. Qu'il m'aimait et m'aimerait toujours.

« Je suis là si jamais elle saigne mais je lui mets la tête sous l'eau pour voir jusqu'où elle m'aime »

Je comprenais Gringe. Cette musique résonnait différemment en moi.

J'avais toujours été là pour lui. Je l'avais soutenu lorsqu'il avait perdu sa tante. J'avais été là quand tout le monde le rejetait, lui tournait le dos. J'avais toujours été là pour lui. Sans moi, il n'existait pas. Il ne serait pas devenu celui qu'il est aujourd'hui. Il se serait effondré bien avant. Je l'avais porté à bout de bras et poussé dans la bonne direction, et il m'avait abandonné.

Cette pensée me fit mal. Les larmes me montèrent aux yeux tandis que je sentais les fibres de mon cœur se tordre. Je l'aimais ... pensé-je. Mais je voulais l'écraser. Etouffer chaque parcelle de bonheur en lui. Qu'il me doive tout. C'est ce qui l'empêcherait de partir. 

Il m'avait abandonné. Comme tous les autres. Il n'était pas différent au final. Tout n'était qu'une illusion, une mascarade.

Tout allait bien entre nous. Oh, bien sûr, il n'était pas parfait, mais je le corrigeai, je le mettais dans la bonne voie. Puis, cette garce est arrivée. Elle a débarqué dans sa vie, et il n'y en avait plus que pour elle. Iris par ci, Iris m'a emmené là-bas.

Cette garce me l'avait volé. Il est à moi, grogné-je, en pensée.

Naif qu'il était il s'était attaché à elle, lui racontait tout, pensais-je amèrement. Et le pire, c'est qu'il souriait en revenant. Comme s'il elle lui apportait du bonheur.

Comme si elle m'arrivait à la cheville.

Chaque fois la rage montait en moi, elle me consumait. Elle finirait par me tuer à ce rythme, tant que je la contenais. Jusqu'à ce soir de décembre. Il était rentré tard sans prévenir. Et je bouillonnais. Un mélange atroce de rage, de jalousie et de haine. 

La musique de la radio passait en boucle "Jusqu'où elle m'aime" de Gringe, cette chanson faisait écho en moi. Si je la fredonnai nonchalamment en ouvrant la porte de notre maison, en briques rouges, haute de deux étages, elle faisait ressortir mes blessures internes. Et ma terreur de l'abandon. Il m'avait trahi. Ethan était parti pour elle. Elle, à la pensée d'Iris, une rage incontrôlable me saisit. Il m'avait abandonné parce qu'il l'aimait. Je m'en étais rendu compte au fil du temps. Il avait ce sourire niais lorsqu'il revenait d'une sortie prévue ensemble. C'était à gerber. 

Mais nous étions revenus à la maison. Notre maison. L'endroit contenait une pièce secrète qui ferait parfaitement l'affaire, il ne pourrait plus s'échapper. Il ne pourra plus m'abandonner.  Ces briques sombres m'avaient manquées.

Singulier - [Terminé]Where stories live. Discover now