Chapitre 5 - Iris

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J'ouvris les yeux. Un éclair de douleur me transperce le front. Je n'avais aucun souvenir de la veille Où suis-je ? Les murs orange ne me rappelaient rien. Une unique fenêtre bleue sur ma gauche laissait filtrer quelques rayons du soleil. Et un autre lit, vide se situait en parallèle du mien.

La porte s'ouvrit soudain:

-Ah vous êtes enfin réveillée ? Vous avez failli mourir, cette nuit.

Hein ? Tenté-je de répondre, mais seul un gargouillis inaudible en sortit.

-Vous ne vous souvenez plus de rien ? me questionna l'infirmière.

Elle me décocha un regard en coin, les yeux fixés sur son bloc-notes.

-Remarque, au vu de la quantité que vous avez ingéré... Un homme vous a déposée à l'hôpital. Vous étiez totalement inconsciente, ces jeunes, je vous jure, pesta-t-elle.
Le médecin a dû vous faire un lavement d'estomac mais vous étiez déjà au bord du coma éthylique, ajouta-t-elle. Près d'un litre d'alcool ! Je ne sais toujours pas comment êtes vous toujours parmi nous après tout cela, dit-elle les lèvres pincées. Vous êtes le quatrième cas, cette semaine.

-Cela fait combien d'heures ? Murmuré-je.

-Que vous êtes là ?

Un rire sarcastique s'échappa de sa gorge.

-Cela fait déjà trois jours que je viens vous perfuser.

Elle regarda la machine reliée à mon indexe et s'éloigna.

-Bonne journée.

Elle referma la porte en marmonnant :

-Complètement irresponsable.

Mon portable traînait sur la table, éteint. Je l'allumai et attendit. Neufs appels manqués de maman, cinq messages vocaux et un texto.

« Rappelles moi dès que tu peux, j'ai une mauvaise nouvelle je ne peux pas en parler par message ».

Soudain, les souvenirs affluèrent. Zach qui m'ignorait, puis l'appel de l'hôpital, ma course effrénée dans les couloirs et la sortie en boîte pour oublier. La douleur me frappa comme un boomerang. Un hôpital. Cet hôpital ! Je reconnaissais la couleur jaune poussin des murs entre mille. Ils m'ont admise dans le même hôpital que celui de mon frère.

Cruelle ironie du sort. Une larme roula sur ma joue tandis que mon cœur se comprimait. Qui allais-je pouvoir consoler désormais ? Je n'avais plus personne à protéger, plus rien. Je me retrouvais de nouveau seule.
Passé la douleur insupportable, je sentis mon bouclier refaire surface. Mon allié, il me protégeait des autres et de la douleur autant qu'il le pouvait. Un cocktail d'émotion m'envahit, et une particulière se distingua : la colère. Zach avait commis l'impardonnable. 

Il n'était rien. Plus rien, pour moi. Je n'en pouvais plus de cette situation. Je ne le laisserai plus m'humilier de la sorte. Je méritais mieux. 

Durant ces trois jours, il m'avait harcelée, messages, appels, messages vocaux. Il semblait que les rôles se soient inversés. Cependant, je n'en tirais aucune satisfaction. Le décès de mon frère, me blessait le cœur, son absence laissait un trou béant à la place de celui-ci, et j'étais encore shootée par les médocs et le contre-coup de l'empoisonnement à l'alcool subit. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même pour ce dernier point. 

Je devais rester ici, pendant trois jours, sous observation.

Quelques fois, des médecins  rentraient dans ma chambre, accompagnés d'internes et me demandaient comment j'allais. Question à laquelle je ne répondais jamais pour des raisons évidentes. Puis, je l'entendais chuchoter à l'interne qu'avec la dose d'alcool ingurgitée, j'étais une rescapée ayant frôlé le coma éthylique de peu.

Singulier - [Terminé]Where stories live. Discover now