|Chapitre 33|

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Jake et Grace ne se réveillèrent plus de la journée.

De ce fait, leurs corps furent portés à l'étage supérieur et allongés sur des hamacs avec soin.

Mais si il arrivait que les deux humains manquent à l'appel, cette absence-ci inquiétait beaucoup Leyra. Assise non loin du totem de Toruk, elle essayait de remettre de l'ordre dans les nombreuses pensées qui envahissaient son esprit.

Elle sentait que quelque chose n'allait pas. Que quelque chose se passait. Elle se demanda même si les humains n'étaient pas en train d'empêcher Grace et Jake de revenir au risque qu'ils dévoilent aux na'vis leurs plans machiavéliques.

Ses yeux se relevèrent alors vers sa petite sœur qui jouait un peu plus loin avec d'autres enfants. Et si les Omaticayas étaient en danger? Comment parviendrait-elle à protéger Nekawn?

Ses oreilles se baissèrent. La colère l'animait et pourtant, elle se sentait profondément impuissante.

Ka'ani s'approcha alors, remarquant tout de suite son air pensif et inquiet.

-La nuit tombe. Nous allons nous mettre en route. Déclara-t-il avec douceur.

La chasseuse releva la tête vers l'homme et acquiesça en se relevant. Il était temps.

Il était temps de se venger.

Il était temps de faire payer aux humains ce qu'ils avaient fait à l'arbre des voix.

-Comment tu te sens? Demanda Ka'ani en posant sa main sur le bras de Leyra avec douceur.

Par ce geste, il voulait lui montrer qu'elle n'était pas seule et qu'il était là pour veiller sur elle et pour la soutenir. Les oreilles encore basses, la na'vi ancra son regard dans celui du guerrier et prit un moment pour répondre. Comment se sentait-elle? Un tas d'émotions s'installaient dans sa poitrine et pourtant, à cet instant ce n'était ni la tristesse ni la peur qui prenaient le dessus.

-Déterminée. Répondit-elle alors.

Un sourire se dessina sur les lèvres de Ka'ani et il hocha la tête. La même détermination l'animait. En réponse à son geste, Leyra posa également sa main sur le bras de son ancien élève et le serra avec douceur. Elle savait qu'elle pouvait compter sur lui et son coeur se mit à battre bruyamment. Cependant elle ignorait si c'était l'adrénaline qui commençait déjà à monter ou si il s'agissait de ses sentiments qui s'enflammaient face à leur proximité.

-Leyra! Ka'ani! Appela soudainement Tsu'tey qui rassemblait ses guerriers à l'entrée de l'arbre maison. Prenez des pa'lis.

Sortant de leurs pensées, les deux concernés acquiescèrent en signe d'obéissance (ce qui surprit d'ailleurs le chef des chasseurs de la part de Leyra), puis se prirent naturellement la main et se dirigèrent vers les enclos de pa'lis.

Un geste que une fois de plus, Tsu'tey ne manqua pas. Son coeur se serra dans son torse mais il émit un grognement pour refouler toute sensation. L'heure n'était pas à ce genre de chose.

Lorsque Leyra et Ka'ani, tout deux assit sur leurs pa'lis, revinrent près des autres, la chasseuse parcouru le groupe des yeux. Cette fois, les chasseurs étaient nombreux. Elle vint se poster non loin de Takuk qui était lui aussi sur un pa'li, tout comme Maru, Arvok et Peyral. Atan, Saeyla et d'autres étaient eux allés chercher leurs ikrans pour pouvoir attaquer à la fois du sol et du ciel.

Car le plan était celui-ci: attaquer le groupe d'humains installés à l'emplacement de l'arbre des voix et détruire leurs machines. Un plan qui montrerait aux humains qu'ils ne pouvaient pas s'attaquer ainsi aux Omaticayas sans en subir les conséquences.

Lorsqu'il fut assuré que tout le monde soit près, Tsu'tey fit cabrer sa monture et leva son arc vers le ciel en laissant échapper un cris de guerre. Et comme les autres, Leyra répondit en levant le bras avec rage et en piaillant avec force. Puis, après avoir échangé un dernier regard avec Eytukan qui était posté à l'entrée de l'arbre, le groupe s'élança dans les bois.

Au dessus d'eux, le soleil était entièrement couché et la forêt s'éclaira sur le passage des na'vis. Tous les animaux des parages s'éloignèrent, sentant que quelque chose s'était préparé et qu'il valait mieux s'en aller.

Et comme toujours, la nature avait raison.

Deux heures plus tard, alors que la nuit s'était bien installée et que habituellement le silence régnait, l'ambiance était toute autre.

Là où se tenait autrefois le somptueux et sacré arbre des voix, se tenaient désormais un spectacle effrayant.

Les deux Bulldozers humains n'étaient plus que des structures métalliques en proie aux flammes qui s'élevaient vers le ciel sur plusieurs mètres.

Le camp était également composé  de 7 hommes chargés de surveiller la zone jusqu'au lendemain matin. Les 6 premiers, des soldats armés, gisaient déjà sur le sol, le corps parsemé de flèches lancées depuis le ciel par les cavaliers Ikran. Le dernier était un homme se tenant dans une combinaison AMP, une sorte d'exosquelette en acier de 4 mètres de haut, faite pour que les humains puissent accomplir des tâches difficile sans effort (comme le déplacement de munitions,...) et défendre (notamment grâce à l'utilisation d'armes adaptés au robot) tout en étant protégé de tout autre danger extérieur.

Cependant, cet homme gisait lui aussi sur le sol, brûlant à l'intérieur de son robot lui aussi en proie aux flammes.

Tout autour, la quarantaine de na'vis qui avaient été envoyés criaient, piaillaient, et attaquaient sans relâche les machines déjà hors d'usage des humains. La vengeance et la colère coulaient dans leurs veines et ils ne s'arrêteraient pas avant d'être sûr et certain que ce camp et ces véhicules ne puissent plus être utilisés.

Les pa'lis piaffaient, se cabrant et galopant, partageant la même détermination que leurs cavaliers. Les ikrans fendaient eux le ciel en hurlant, esquivant les explosions des machines provoquées par le feu.

Pour sa part, Leyra se tenait à une cinquantaine de mètres de l'action, immobile sur sa monture. Ses yeux observaient ce spectacle enflammé avec attention et elle ne pu s'empêcher de songer à tout ce qu'avaient fait ceux qui viennent du ciel.

Elle pensa au jour où ils avaient tué ses parents.

Au jour où ils avaient tué Sylwanin.

Au jour où ils avaient fait de Nekawn et elle, des orphelines.

Elle pensa aux kilomètres de forêt qu'ils détruisaient quotidiennement. Aux animaux qu'ils tuaient.

Elle pensa à leurs manières, à leur manque de respect et de morale.

Ses lèvres s'entrouvrirent alors qu'elle essayait de contenir les émotions bouillonnant en elle. Ses grands yeux verts continuèrent d'observer les flammes et les silhouettes na'vis qui s'agitaient avec courage.

Et alors qu'un ikran passait juste au dessus de sa tête en laissant échapper un hurlement strident, elle sentit une certaine satisfaction prendre part dans sa poitrine. Ils étaient en train de prouver que leur peuple était fort, soudé, et déterminé.

Elle ne comprenait pas bien pourquoi l'arbre des voix avait été détruit, mais elle supposa que les humains souhaitaient les briser eux par le biais de ce crime. Cependant, les na'vis n'étaient pas du genre à pleurer dans leur coin lorsqu'un adversaire essayait de les briser. Ils étaient du genre à répliquer.

Et c'est exactement ce qu'ils faisaient.

Toujours assise sur son pa'li, elle se redressa, relevant la tête avec fierté.

Sa mâchoire se contracta.

Eywa avait été vengée.

I see you |AVATAR|Onde as histórias ganham vida. Descobre agora