Prologue

137 9 1
                                    

La naissance de l'enfant royale approche. Le peuple tout entier attend avec impatience cet événement. Après plusieurs années de tentatives, les dieux ont été en faveur de la descendance de Philippe III, le roi de France. Un héritier au trône est attendu. Le médecin de la cour est présent près de la reine. Les contractions sont régulières et sévères. La future maman, en sueur et exténuée, peine à mettre au monde cet enfant tant attendu.

Le roi inquiet patiente dans ses appartements perturbés par les cris de douleur de son épouse qui se perpétuent dans l'enceinte du palais. Il pose ses mains sur ses oreilles pour atténuer l'intensité des cris, et pour se retenir de la rejoindre. Il marche de long en large, il ne peut se contenter d'attendre sans rien éprouver. Sa femme représente toute sa vie, il ne conçoit pas de la perdre. Il prie pour que l'accouchement se déroule dans les meilleures conditions. Même s'il est impatient de faire la connaissance de son enfant, la santé de celle qu'il aime prime plus que tout. Son impuissance face aux souffrances actuelles de sa femme le désarme, et, le rend fou.

Le premier cri de l'enfant se fait entendre. Il sort de son refuge et se dirige vers la pièce où se déroule l'accouchement. Enfin après des heures d'inquiétude, son enfant est né. Mais lorsqu'il souhaite rentrer pour rendre visite à son épouse, l'assistant du médecin l'en empêche. Il l'informe qu'un second enfant se présente. A nouveau, les cris de douleur de sa femme résonnent dans sa tête. Le roi, figé de stupeur par l'annonce de l'assistant, prend enfin conscience de la situation.

Au bout de quelques minutes, il peut enfin entrer. Il découvre sa femme très faible, et les deux enfants allongés l'un à côté de l'autre. Lorsque le médecin l'informe que ce sont des jumelles, il ne cache pas sa déception. Il aurait voulu un héritier, alors deux filles.......

Il détourne le regard, et se concentre sur son épouse. Elle est exténuée, le regard perdu dans le vide. Elle se remet avec difficultés. Cet accouchement aura été une rude épreuve pour elle. Il s'approche du lit, la reine est lavée et changée. Elle se repose après ce dur labeur. Il caresse affectueusement sa main. Et décide de se retirer pour lui permettre de dormir. Un dernier regard furtif vers ses filles, et il quitte la pièce. Il convoque son confident à la cour, le ministre de l'économie.

Lorsque ce dernier se fait annoncer, il le convie à le rejoindre. L'air soucieux du roi, intrigue le ministre qui l'interroge :

"- Vous m'avez fait demander, votre majesté ?".

Le souverain prend un profonde inspiration avant de l'informer :

"- La reine vient de donner naissance à des jumelles !".

Le ministre écarquille les yeux. Ce n'est pas du tout ce qui était attendu de cette naissance. Ce dernier pose ses doigts sur son menton pour réfléchir à son tour à cette situation inattendue. Il ne peut y avoir qu'un seul enfant, en tous les cas.

Le roi se lève de son siège. Il marche quelques pas, puis se retourne vers son interlocuteur :

"- Nous garderons la première née, je la marierais au fils du roi d'Espagne, et la seconde sera placée dans un orphelinat !" Il prévient son ami.

Celui-ci hoche affirmativement la tête. Il partage l'opinion du gouverneur du pays. C'était la seule solution pour permettre à l'une d'entre elles de devenir la princesse. Le roi demande que cette décision soit mise à exécution immédiatement.

Le lendemain matin, la reine émerge de son sommeil. Son premier réflexe est de demander ces deux petites filles. La servante qui s'occupe d'elle semble bien embarrassée par la réponse.

"- La princesse Marie dort encore, votre Majesté !" Lui répond la servante.

"- Et ma seconde fille ?" Elle questionne.

La servante ne sait quoi répondre. Elle sort de la chambre royale, et, l'époux rentre. Il s'approche affectueusement de sa femme. Il caresse ses cheveux, soulagé qu'elle se porte mieux, et il lui sourit. Elle le fixe, très méfiante. Sa famille l'a forcée à épouser ce roi, elle ne l'a jamais véritablement aimé. Et là, elle suppose qu'il a fait quelque chose de mal. Elle fronce les sourcils.

"- Tu n'as donné naissance qu'à une seule fille !" Il intervient.

Elle serre les poings, elle sait pertinemment qu'il s'agit d'un mensonge. Mais, elle n'est pas en position de s'affirmer contre son époux. Elle le déteste de lui mentir, et surtout de s'être débarrassé de la jumelle. Elle garde ses émotions pour elle, il ne lui permettra pas d'exprimer son opinion, même si elle sait qu'il l'aime énormément. Elle se tourne sur le côté à l'opposé de lui, sans rebondir sur son affirmation. Elle fera des recherches plus tard.

La sage-femme lui apporte sa fille qu'elle accueille avec amour dans ses bras. Il demeure, cependant, une ombre à son bonheur. L'une de ses filles a été bannie de leur vie. Elle se sent énervée, et révoltée, mais surtout impuissante contre les décisions parfois un peu trop extrêmes du roi. L'une de ses filles sera tandis que l'autre, si elle vit encore, aura une vie de misère. Le cœur déchiré, elle cache son chagrin, cette immense perte l'accable davantage. Elle ne pardonnera jamais à son mari cette dérive, et ce qu'elle qualifie de trahison.

Plusieurs mois après l'incident, un fossé s'est creusé entre eux. Le roi s'aperçoit que son épouse l'évite. Il a donc provoqué ce soir, un tête à tête avec elle. La reine, peu motivée par ce rendez-vous avec son époux, le rejoint l'esprit tourmenté. Depuis, l'accouchement, elle passe le plus clair de son temps à pleurer. Selon le diagnostic du médecin royal, la reine tombe dans la déprime. Le roi veut remédier à cette constatation. Il veut provoquer les sentiments, et, ajouter du romantisme dans leur relation. Ce que la reine refoule. Elle en veut à son époux d'avoir éloigné la jumelle de la petite princesse. Elle n'a aucun moyen d'affirmer sa volonté. Elle doit se conformer aux exigences et décisions du roi.

Leur entrevue n'a aucune saveur. La reine ne fait aucun effort pour se rapprocher du père de sa fille. Les relations entre les deux souverains viennent de stopper. Elle ne pourra plus jamais être proche intimement avec l'homme qui dans la plus totale indifférence, s'est débarrassé de son propre enfant pour le protocole de la cour. Cette réaction est insupportable. Et pire que tout, elle ignore où se trouve son autre fille. Le roi ne lui confiera jamais l'endroit de peur qu'elle aille lui rendre visite et rende publique l'existence d'un second enfant royal.

Plusieurs années ont passé. La princesse Marie, adolescente, en âge de se marier, doit rencontrer aujourd'hui son fiancé le prince héritier d'Espagne, Felipe Lopez. Leur alliance a été programmée à leur naissance. Elle ne se réjouit pas de ce mariage, elle aime en secret un palefrenier de l'écurie royale. Un amour partagé et impossible auquel elle ne peut faire face à cause de son père, et de son statut. Le couple royal n'a pas réussi à concevoir un héritier. La succession du trône de France repose sur les frêles épaules de Marie. Le poids des responsabilités n'est pas du goût de la future reine en devenir.

Le rendez-vous fixé avance à grands pas. Dans un dernier espoir, elle jette un regard désespéré vers les écuries. Elle doit renoncer à un amour sincère pour épouser un homme qu'elle n'a jamais vu, et qui ne lui plaira peut-être pas. Les sentiments n'ont aucune place dans la vie d'une future reine.

Son père la rejoint, le prétendant et sa famille sont arrivés. Elle rêve de pouvoir s'enfuir pour toujours. La main du roi agrippe son bras et la force à avancer malgré sa volonté. Son père n'a jamais été très tendre avec elle. Elle a conscience qu'il aurait préféré avoir un fils. Les larmes aux yeux, le cœur plongé dans la détresse, elle découvre ce futur époux, beau, au regard trop arrogant. Il la toise du regard et détourne les yeux comme s'il était déçu par la jeune femme. Ce qui ne lui échappe pas et ne présage pas une bonne relation..

*************************

J'espère que ce premier chapitre vous plait. Je compte sur votre soutien et vos commentaires pour cette histoire.....

Pile ou faceWhere stories live. Discover now