Chapitre soixante trois

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Ne reprochez pas un clown de se comporter comme un clown, reprochez-vous plutôt d'aller au cirque.

Point de vue de Lana.
Scène pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes.

Les battements brutaux dans ma cage thoracique me privent de tout oxygène dans une respiration chaotique et incontrôlée. Black est d'une beauté inhumaine cette nuit, de ses cheveux qu'on a envie de fourrager en passant a ses yeux ronds comme deux billes noirs qui m'observent en regardant ma tenue. Une robe quelconque rouge en forme légère de meringue a la taille. Dans un silence pesant il se relève brutalement de son fauteuil a ma venue.

— Je ne reste pas.

Ma voix qui loin d'être assurée nous entraîne dans une contemplation chacun l'un de l'autre. Un mois en arrière nos derniers mots se voulaient mettre un terme a cette relation nuisible et destructrice, aujourd'hui je pleure en silence ce que me disent ses cernes brunes sous ses yeux.

— Pourtant il me faudrait plus longtemps que ça pour me faire pardonner.

Si tu savais comme je t'en veux.

— Il n'y aura jamais de pardon quoi que tu puisses faire, Black.

Mensonge, pourquoi je ne suis moi-même pas convaincue de ce que je suis en train de dire. Son expression vient fendre mon cœur encore davantage en poussière. Il s'en veut et je ne peux rien faire de plus que l'enfoncer comme dans une revanche coup pour coup.

— Je te promets qu'il n'y a plus de mensonges maintenant.

Les larmes me montent en me fermant comme une huître. A cet instant j'ai seulement envie d'être dans ses bras en recollant les morceaux brisés de mon âme qui je sais d'avance ne se consoliderons jamais avec une simple promesse.

— Je t'ai fait confiance même si tu as fait des choses a peine imaginable, comment pourrais-je le faire de nouveau maintenant que je suis au courant de quoi tu es capable pour de la vengeance.

— Parce que j'ai envie de faire les choses correctement cette fois-ci. Murmure-t-il en relevant doucement mon menton. J'arrête tout maintenant si tu m'aides, ce putain de travail, mon obsession du contrôle. Lana, je te promets que c'est terminé.

Des larmes coulent mais ce ne sont pas les miennes. Je regarde inerte cette rage soudaine en explosant de colère mais aussi de tristesse en ne croyant pas se faire comprendre. Sauf que contrairement a ce qu'il s'imagine ses mots me bouleversent plus qu'ils ne le devraient. Je souffre autant de la situation que de mon manque de lui depuis tout ce temps. Mes lèvres s'amarrent aux siennes d'une force inimaginable en tentant de lui faire comprendre mon silence. Je te pardonne Black, je te pardonne tout.
Il se recule a bout de souffle en cherchant a lire ce que signifie ses baisers.

— Donne-moi deux de tes qualités.

Dans un empressement entêtant qui ne m'a jamais été donné de vivre jusque-là Black me rapproche en passant une main a l'arrière de ma nuque.

— On commence le curriculum vitae maintenant ?

Nos baisers esquimaux du bout de son nez qui me frôle me fait perdre la tête. J'avais oublié cette sensation, ce coeur douloureux qui nous fait comprendre que les battements ne sont pas qu'un automatisme. Une main en suspens repose sur le sien qui contre toute attente semble battre encore plus fort que le mien, je ne savais pas que cela pouvait être possible.

— Persévérant.

Je goûte aux saveurs de whisky une nouvelle fois et en redemande encore.

— Amoureux.

Une tempête vient s'abattre dans mon corps en enroulant mes jambes dans son dos. Même si ma tristesse est encore de mise je veux simplement que cette nuit apaise même légèrement toutes ses nuits blanches et ses larmes amères des dernières semaines. Moi aussi je suis amoureuse de toi, n'en doute jamais. Nous tombons rapidement sur le lit en donnant a nos corps la possibilité de faire leur propre discussion. Je retire sa chemise en caressant de la pulpe de mon index ses abdominaux parfaitement dessinés sous son teint hâlé. Deux nouveaux tatouages d'une encre sombre recouvrent celui-ci et un autre sur son flanc gauche.

— Quel est votre meilleur atout ?

Cette question semble le faire sourire en sortant son visage de mon soutien-gorge.

— La langue étrangère.

Black me donne un avant-goût de son expertise en matière de connaissance buccale. Ses lèvres s'emboîtent aux miennes voracement dans des baisers où nos langues se cherchent et s'emmêlent en faisant battre des papillons dans mon ventre. Une sensation douce comme une caresse vient me prendre par surprise et m'entraîne dans un abîme de sentiments pour ce garçon légèrement ravagé qui n'a d'yeux cette nuit que pour moi.

— Je vous laisse un essai d'une nuit pour me convaincre de faire le bon choix, kulling. Murmurai-je en me cambrant sous une pluie de baiser sur mon ventre. Soyez à la hauteur de mes attentes.

Je ne peux en dire davantage qu'une main vient s'abattre sur ma bouche comme venant d'une nouvelle promesse. Nos respirations sont haletantes tout comme mon cœur douloureux qui vient battre plus rapidement encore aux premiers coups de bassin. Je m'immobilise en recouvrant une sensation familière qui m'avait ainsi dire manqué. La tête de lit somptueuse cogne contre les murs de chambre fin comme du papier de soie mais pour rien au moindre je voudrais mettre fin a nos deux corps en pleine communication.

— Tu penses beaucoup trop fort, Lincoln..

Je ne sais comment nous nous retrouvons dans l'obscurité la plus complète mais je distingue un petit sourire naissant au coin de sa bouche en m'entraînant hors du lit en direction de la sublime terrasse. Aucun vis a vis grâce à des plantes grimpantes, un jacuzzi et une table où un repas encore fumant vient me donner soudainement faim tant le parfum embaume notre espace. La tension entre nous est a son paroxysme en venant me mettre sur ses genoux. L'eau est brûlante mais incomparable face a notre empressement de se retrouver encore dans un corps a corps intense. Ses mains malmènent mes seins sous des petits soupirs qui m'exprime son insatiabilité. Je me cambre et trouve la bonne position en ondulant lentement des hanches sur son corps de dieux grecque. Nous ne venons pas du même monde mais ce dont je suis certaine c'est que notre complémentarité nous rapproche encore en vidant presque entièrement la baignoire du jacuzzi.

— Black..

Des frissons semblables a une forte explosion s'empare de mon coeur en le rejoignant presque aussitôt au Graal tant attendu. Cette jouissance provenant de mon grincheux est certainement la plus belle musique sonore de toute mon existence.

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Where stories live. Discover now