Chapitre cinquante cinq

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Votre passé est terminé, il ne peut pas vous atteindre. Pardonnez à toutes les personnes impliquées, y compris vous-même.

Point de vue de Black.

Chez nous les repas de famille finissent toujours de la même façon. Des cris, des pleurs et ma mère qui ne semble toujours pas comprendre le but de mon travail. Je peux la comprendre elle m'aime comme chacun de ses trois enfants et a peur qu'il m'arrive quelque chose contrairement a mon père qui m'admire parce qu'il a toujours préféré les escrocs aux gentils sans emmerdes. Aujourd'hui ma mère a remis en route la machine et termine son repas en pleurs dans sa chambre avec Mia.

— Oublie ta mère, Black. Rumine mon père en nous servant un vieux bourbon. Elle ne te soutiendra jamais dans cette voie.

Paul Kulling regarde soucieux l'horizon à travers la fenêtre de la cuisine avant de me rejoindre dans son fauteuil semblant a celui d'un ministre.

— J'ai toujours apprécié cette force de caractère en toi mais là il faut bien reconnaître que tu as négligé un détail qui a toute son importance.

— Du genre ?

Dans mon mode de fonctionnement un coup de chance s'avère être bien trop minime pour prendre ce risque pendant une mission. Je calcule et planifie tout jusqu'à ce que tout dans ma tête soit parfait. Comment est-ce possible que mon père vienne me mettre le doute pour une erreur dont je ne me suis pas rendu compte. Silencieux il me regarde patiemment en attendant que je retrace mes anciennes missions jusqu'à celle où j'ai merdé. A part celle de Jamie ou tout a été sur un coup de tête, je ne vois absolument pas où il veut en venir.

— Drew Lincoln, ça ne te parle toujours pas ?

Mon coeur s'emballe en reposant mon verre sur la table basse.

— Impossible, il est enterré à six pieds sous terre.

A la façon dont il me regarde durement je comprends bien que trop rapidement que quelque chose ne colle pas avec ma description du coup parfait.

— Je vais te poser une seule question, Black. Me dit-il en se massant lentement la tempe d'un mouvement du pouce. Est-ce que cette nuit-là tu as pris le temps de bien inspecter la voiture après son accident ?

— Non, la voiture a pris feu dans la seconde où elle a traversé la barrière de sécurité.

Je ferme les yeux et replonge en arrière ou les freins ont lâché en plein virage. La voiture est tombée dans le ravin dans des tonneaux où les flammes dansaient après sa fin de course contre un arbre. Drew ne pouvait pas s'en sortir quoi que le destin lui avait réservé.

— Qu'est-ce que tu insinues ? Murmurai-je en me rapprochant davantage de lui. Il ne peut pas être encore vivant, j'ai vu son cercueil pendant son enterrement.

— Ouvert ? Est-ce que cette pute de Mary Lincoln était demandeuse d'ouvrir son cercueil pour dire une dernière fois au revoir a son mari, Black ?

Un silence de mort vient s'abattre dans la pièce en comprenant que j'ai commis la pire erreur de mon existence en ne suivant pas à la lettre mon processus. Et si mon père avait raison en disant que Mary Lincoln connaissait la vérité depuis le début ? Incapable de rester assis plus longtemps je me lève de mon fauteuil en faisant les cent pas dans le salon.

— Dois-je te dire que si Drew avait été réduit en cendre par les flammes il n'aurait pas eu d'autre choix que de se faire incinéré ?

Mon père vient porter le dernier coup de massue de cette voix rauque et écorché qui annonce la fin de la partie. Échec et mat.

— Dans la vie, il y a les bons tireurs et de l'autre côté les intellectuels. Savais-tu qu'une majorité de meurtriers finissent en prison parce qu'ils ne se servent pas suffisamment de ce qu'ils ont dans le crâne ?

Il tapote d'un doigt le haut de mon crâne en me laissant sur cette dernière remarque volontaire. Les yeux dans le vide, je me renfrogne dans mon siège en cherchant une solution qui ne me vient pas facilement. Si supposons que Drew est encore en vie où est-il maintenant ? Voudra-t-il se venger encore une fois en sachant qu'il doit déjà être au courant que Mia est sortie du coma ? En pensant à cette éventualité, mes pieds m'entraînent en furie chez les Lincoln.

— Black ? M'interpelle Aaron en trottinant a ma suite. Tu vas où comme ça ?

— Il faut que je m'en aille mais je t'envoie un message tout à l'heure.

Je monte dans ma voiture en lui faisant bien comprendre que ça ne sert à rien de se mettre sur mon chemin. Il faut absolument que je parle a la mère de famille qui maintenant je suis certain est dans le complot depuis le début. Aaron capitule et me laisse libre accès à la route. Bientôt la gigantesque maison des Lincoln me fait de l'ombre en passant la porte du jardin. Le vélo de Lana n'est plus à sa place habituelle sur la terrasse ce qui veut dire qu'elle n'est pas là et c'est tant mieux.

— Bonjour Simon c'est bien ça ?

Mary qui vient de m'ouvrir se positionne devant le montant de la porte d'un petit sourire satisfait. Simon rien que ce nom de scène me donne un soudain haut-le-cœur en me rappelant cette après-midi d'enterrement ou elle connaissait déjà ma vraie identité.

— Il faut que je vous parle.

— A quoi bon ? Me siffle-t-elle en encrant ses talons haut dans le parquet comme en guise de barrière. Si c'est en rapport avec ma fille, je vous conseille de la laisser tranquille.

La colère me monte doucement en faisant un pas dans sa direction. Si elle pense que je viens lui demander une autorisation pour coucher avec sa fille, c'est qu'elle ne me connaît pas si bien que ça finalement.

— Parlons plutôt de votre mari ou alors devrais-je dire votre défunt ?

Son visage se contorsionne dans une teinte rouge qui s'accorde parfaitement a son haut carmin. Mary est le genre de femme qui joue sur beaucoup de tableaux mais qui est malheureusement rapidement déstabilisée par des questions anodines. Elle m'ouvre soudainement la porte en me faisant signe de la rejoindre dans le salon.

— Dépêchez-vous je vous donne deux minutes de mon temps.

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Where stories live. Discover now