Chapitre quarante deux

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De grandes choses arrivent à ceux qui ne cessent de croire, d'essayer, d'apprendre et d'être reconnaissants.

Point de vue de Black.

Les feuilles des arbres tombent naturellement tandis que le soleil laisse place aux nuages et aux températures plus fraîches en cette fin d'été. La haute saison meurt doucement tout comme cette ville que nous aimons tant. Nous ne sommes qu'en fin septembre et pourtant il semble que quelque chose a changé. Je me sens bien parce que je suis avec mon humaine préférée et son sourire niais qui me raconte son autre vie de l'autre côté tout en avalant son deuxième hot-dog de l'après-midi.

— Bon tu vas me dire à quoi tu penses ?

Mia qui semble comprendre que je me suis vaguement perdue dans mes souvenirs me ramène brutalement à la réalité.

— A rien d'important, continue.

Son hot dog dégoûtant tombe dans son assiette en me faisant très clairement comprendre qu'elle ne me lâchera pas aussi facilement. Je grogne en ramassant un morceau de saucisse à mes pieds.

— Princesse Mia voudrait-elle bien prendre la peine de continuer son monologue rébarbatif ?

— Princesse Mia va se fâcher tout rouge si tu continues à divaguer sans moi. Râle-t-elle en repoussant son assiette comme une gamine qui n'a plus faim. Qu'est-ce qui te faire sourire comme ça du con ?

J'avais presque oublié à quel point elle pouvait être curieuse. Si elle savait que là tout de suite je pense à Lana qui doit certainement m'attendre depuis trois plombes dans mon lit, je ne pense pas qu'elle voudrait d'un dessin.

— Comment elle s'appelle que je lui fasse regretter d'exister ?

Ma sœur est plus perspicace que quiconque ferait semblant de me connaître un temps soit peu. Je mime une claque imaginaire qu'elle me renvoie sur le coup en rapprochant son tabouret un peu plus proche du mien. Je sens que cet interrogatoire va être long.

— Elle ne s'appelle pas.

— Pas ouf son nom.

Elle hoche stupidement de la tête en me faisant les yeux doux. Stupide Mia, tu es aussi cruelle que moi à ton âge.

— Lana.

Ses yeux brillent soudainement en souriant face à mon manque de ténacité. Je suis au courant qu'après ça elle ne me lâchera plus pour tout connaître dans les moindres détails et je sais d'autant plus qu'elle la haïra un bon moment parce qu'elle ne connaît pas le sens du partage.

— J'espère vraiment pour toi qu'elle est plus jolie que son nom.

— Mauvaise langue, qu'est-ce que tu dirais si je te disais qu'elle pourrait même te faire  concurrence ?

A la façon dont elle me fusille de ses grands yeux bruns, je peux bien admettre que la provocation est un domaine où j'ai une place de choix.

— J'ai bien envie de voir ça tient.

Mia balance son assiette dans le lave-vaisselle puis me contourne pour prendre une cigarette directement dans mon paquet. Je ne dis rien, apparement les mauvaises habitudes ont la peaux dures même après des mois branché à une machine pour rester en vie.

— Dis-m'en encore, tu es en couple avec elle ?

— Non mais c'est tout comme.

Elle rage silencieusement de mon honnêteté mais fait tout de même preuve de bonne figure parce qu'elle sait à quel point il est difficile de me faire sortir les vers du nez. Je n'aime pas qu'on s'attarde sur ma vie ou ceux qui en font partie. Ma vie et ce que j'en fais avec Lana ne concerne personne.

— Suspect cette histoire, tu m'as toujours dit que ça ne servait à rien d'être amoureux à part s'attirer des soucis.

— Qui te dit que je le suis ?

A vrai dire, je ne me suis jamais vraiment poser cette question auparavant, je sais ce que je ressens en passant du temps avec elle mais de là à dire que je suis amoureux c'est clairement flippant. Sans que je ne le sente venir, Mia vient me rejoindre en appuyant doucement juste là où se tient un petit sourire que je ne contrôle absolument pas.

— Est-ce que tu sens ça ? Me demande-t-elle arrogante. Ça s'appelle la faiblesse et je t'interdis de l'être parce que le jour où il y aura un problème toi comme moi nous en souffrirons.

Depuis notre plus tendre enfance, Mia et moi-même vivons à travers les humeurs et les sentiments de l'un comme de l'autre. Nous absorbons nos souffrances ensemble parce qu'ils nous semblent plus facile de faire nos deuils tous les deux. Aaron n'a jamais vraiment trouvé sa place dans notre relation même si jusqu'à notre adolescence nous étions très proches.

— Où tu vas comme ça ? Me demande-t-elle en me suivant jusqu'à la porte.

— Souffrir.

Je sors de cette maison d'enfance avec des questions emmêlées comme des putains de noeuds dans ma tête. Et si ma sœur avait raison ? Et si cette relation avec Lana sonnait déjà ma perte sans même avoir goûter aux petits plaisirs d'être pleinement heureux. Et si je restait comme ça pour toujours ? J'ignore les deux textos qui se trouve sur mon portable et rejoins la salle de sport la plus proche. Les douleurs me ravagent physiquement tout comme les trois nouveaux numéros de femmes qui ont suivis les deux heures de sports intensifs que je me suis donner comme objectifs.

Je dors chez Miles ce soir, pas besoin de m'attendre.

Le message de John me fait sourire.

Cool je ne suis pas ta meuf mais merci.

En poussant la porte de notre appartement, je râle de trouver toutes les lumières allumées mais encore plus celle de ma chambre. Je traverse le salon en furie en ne me doutant absolument pas qu'une invitée surprise serait encore dans mon lit à une heure aussi tardive de la soirée. Je regarde immobile et silencieux un vieux film en noir et blanc en pause sur la télévision et deux plateaux repas en bout de lit. Je repense automatiquement à notre liste de souhaits que nous avons faits ensemble avant ma mission à New-York et contre tout attente cette petite attention me fait du bien.

— Tu veux me demander quelque chose ? Murmurai-je en enfouissant mon nez dans ses cheveux.

Lana se retourne doucement en me prenant dans ses bras.

— Tu m'as manqué.

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Where stories live. Discover now