Chapitre trente huit

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Les grandes choses ne sont jamais produites dans des zones de confort.

Point de vue de Black.

Exactement cinq jours de fatigue extrême.
Cinq jours a prendre Mia sous mon aile comme un oiseau tombé du nid. Plus les jours passent et plus je maudis Drew de hantait ma sœur a ce point-là. Aaron tente a sa manière de me faire battre en retraite en me donnant ainsi une chance de me reposer mais mon monde ne tourne que pour elle. Aujourd'hui encore mon corps subi le contre coup de toutes ses nuits assis sur ce putain de fauteuil rigide a attendre qu'elle reprenne légèrement de sa hargne habituelle.

— Faut que tu manges, Black.
Me dit-il en me balançant un paquet de chips dans la gueule. Elle va bien ok ? Alors putain laisse-moi prendre le relai et va te coucher.

Mon agacement est palpable en me relavant difficilement de mon assise. Ça me fait chier de l'admettre mais pourtant il a raison a ce rythme je ne vais pas pouvoir tenir longtemps. Je m'empare de mon portable encore en charge et presque saturé en regardant les nouvelles notifications qui s'ajoutent encore sur mon accueil. Lana est largement en tête avec de nombreux appels en absence. Mes lèvres sifflent d'elles-même en passant une main dans mes cheveux en bordel.

— Pourquoi tu ne veux pas lui dire pour Mia ?

Je reste silencieux en regardant notre sœur calme et endormie dans son lit.

— Je te pensais plus courageux.
Me sermonne-t-il en regardant toujours dans ma direction. Tu as peur pas vrai ? Ça t'emmerde de te dire que tout est terminé. Plus de vengeance, plus rien.

— La ferme Aaron.

Les secondes passent et laisse le silence faire les choses. Si seulement il savait tout ce qui ce passe dans ma putain de cervelle, tout ce qui me hante depuis que les jours se succèdent en ne sachant pas comment combler son absence. Cette fille m'obsède dans tous les sens du terme et je ne trouve pas de raison plus valorisante a mes yeux que de me dire qu'elle ne compte pas. Qu'elle attise tous mes sens seulement parce qu'elle est la fille d'un monstre qui s'insinue chaque seconde dans la tête de notre sœur.

— Repose-toi, sort, mais s'il te plaît fait quelque chose. Putain ce que tu peux être flippant.

Ma main se renferme soudainement sur le col de son sweat-shirt en le repoussant dans un angle de la pièce. Aaron ne respire plus en me regardant faire comme si il savait déjà en avance mes agissements.

— Je veux que tes yeux soit constamment sur elle.
Dis-je en exerçant une pression plus forte. Tu m'entends ? Assure-toi que ce connard ne rentre pas dans cette chambre.

— Je l'aime autant que toi, Black. Me dit-il en contractant la mâchoire. Je briserai autant de nuque qu'il le faudra si quelqu'un ose lui rendre visite.

Et je te crois, mon frère.
Je relâche ma prise et sors a contre coeur de la chambre en tremblant déjà au contact du paquet de cigarette dans la paume de ma main. Dehors, les nuages dansent au-dessus de ma tête signe d'une potentielle averse. Je resserre les pans de mon blouson avant de rejoindre ma moto depuis bientôt une semaine sur le parking.

Un appel entrant de John.

Ils ne s'arrêteront donc jamais.
J'enfourche la scelle et part en trombe sans encore avoir fait de choix sur ma destination. Plus j'avale les kilomètres et plus son visage refait surface comme un boulet de canon dans ma tête. Est-ce qu'elle m'en veut ? Est-ce qu'elle va me faire regretter cette absence totale de nouvelles ? La pluie commence doucement a s'abattre sur le bitume en coupant finalement le moteur devant ce palace digne du plus perfide des Lincoln. Apparemment plus ça coûte et plus c'est satisfaisant, la luxure c'est son truc.

— Bah dis-donc la prochaine fois supprime mon numéro, ça ira plus vite du con.

Je roule des yeux en entendant la voix criarde et menaçante de John a l'autre bout du fil.

— J'ai d'autre projets pour toi si tu continues a beugler comme un porc. Dis-je d'une voix sévère en me massant la tempe de ma main libre. Tu as des nouvelles de Lincoln ?

— La mère est toute mielleuse, c'est nouveau ça.
Me dit-il après un long silence. Ah oui, Drew est revenu deux ou trois fois baiser sa femme probablement et..

— John.

Là colère monte doucement en le sentant se perdre dans cette discussion sans queue ni tête. Je m'en tape complet de savoir si cette salope se fait boucher les trous par son connard de mec. Je veux juste savoir si Lana va bien, c'est pas compliqué.

— Tu savais qu'elle avait des faux seins ?

— Putain mais je m'en branle de ses faux seins, va droit au but merde.

Je me retiens de lui refaire le portrait, il a de la chance d'être derrière un téléphone. Sans attendre John se taire dans un silence de plomb devant mon manque de patience face a son rôle bien huilé de commère de mes deux. Dormir putain, il faut que je dorme.

— Elle va bien, toi en revanche tu ne pourras plus te servir de tes boules pendant un moment quand elle va te faire payer ton silence.

Je saute une haie et me retrouve dans son jardin en moins de temps qu'il n'en faut pour mettre un terme a notre conversation. Je coupe la communication rapidement et m'engage sur la pelouse parfaitement entretenue mais boueuse en me dirigeant sur le toit de la maison. L'escalade pourtant mon point fort habituellement ne demeure plus qu'une vague salve de souvenirs en mettant un temps fou a monter jusqu'à la terrasse. Les rideaux opaques m'empêchent de voir a travers la vitre celle qui me fait clairement perdre la boule depuis des semaines. Je tape légèrement contre les carreaux dans une attente insoutenable.

— Putain bouge-toi Lincoln.

Les gouttes de pluie retombent dans une rare violence sur mes vêtements encore humides. La fenêtre s'ouvre enfin après ce qui m'a semblé être une éternité sur sa silhouette svelte dans un petit short en coton qui moule ses formes.

— On se connaît ?
Me demande-t-elle sèchement. Non, alors barrez-vous avant que j'appelle les flics.

Elle tente de me claquer la fenêtre au nez mais comme par instinct de survie, mon bras se place dans son embrasure avant qu'elle ne la referme. Visiblement contrariée, elle soupire en me voyant faire mon irruption dans sa chambre.

— Tu as bonne mine ça fait plaisir.

Cette connasse me nargue ouvertement en lorgnant probablement les cernes sous mes yeux.

— Tu me veux quoi, Black ?
Peste-t-elle en croisant les bras contre sa poitrine. Je croyais que tu avais tiré un trait sur moi.

— J'avais des obligations.

— Ah oui ? Du genre te taper les meufs les plus chaudes de Las Vegas maintenant que tu n'as plus Lana le bébé a surveiller ?

J'ai envie de lui faire ravaler tous ses mots perfides qui sortent de sa bouche en lui enfonçant ma langue dans sa gorge. Peut-être pas la bonne solution en fin de compte. Elle semble attendre que je daigne dire quelque chose, n'importe quoi qui confirmerait ses sous-entendus.

— Tu as besoin que je te rassure maintenant, c'est nouveau sorcière ?

— Non sans façon ton pote s'en charge a ta place.
Me dit-elle soudainement en souriant. Merci encore d'ailleurs, il est vachement bon au lit.

Lana 1 / Black 0

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Where stories live. Discover now