Chapitre vingt six

89 7 0
                                    

Je ne connaîtrai pas la peur car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale.

Point de vue de Lana.

Ses mots sonnent en moi comme une horripilante et douloureuse symphonie. Je ne peux pas lui en vouloir d'avoir tout fait pour apaiser les maux de ma grande sœur, pourtant tout ce que m'inspire ses aveux sont une profonde colère. Je regrette que mon cœur cogne aussi violemment dans ma poitrine après tout ce que ce monstre a fait comme ravage dans nos vies. Visiblement le destin ne me fait absolument pas de cadeaux, tout a toujours été question de chagrins et revirements de situation.

J'avais besoin de te voir, tu m'as manqué.

Le sang est invisible pourtant une hémorragie se forme belle et bien dans mon organisme en tentant de ne pas tomber sous ses yeux.

— Tu t'attends a quoi ? Demandai-je durement pour ne pas sombrer. Que je cours te rejoindre en te sautant dans les bras ?

Black demeure impassible pourtant je le sens que chaque mots de ma part brise un petit peu plus quelque chose en lui.

— On est plus en maternelle, estime-toi seulement chanceux que je gâche une nouvelle fois mon temps a t'entendre encore me mentir.

Je referme la porte derrière moi sans me retourner et m'adosse aussitôt contre la chambranle de la porte. Les larmes coulent sous mes yeux en me retenant de hurler ma douleur. Dans ma malchance, je suis soulagée que Dany ne rentre pas ce soir a cause de son boulot de nuit. Notre couple est déjà bien amoché autant ne pas lui rajouter de soucis davantage. Je m'endors finalement dans cette position après je ne sais combien de temps recroquevillée comme une huître sur le carrelage.

Je constate a la lumière filtrant sous les rideaux que l'heure doit déjà bien être avancée. Je suis déjà en retard de dix minutes pour ma première heure de cours et je ne peux pas dire que ma professeur soit la plus sympathique de l'université.

— Bonjour toi, tu es en retard.
Me salue la mère de Dany en me tendant une tasse. Tu veux que je t'emmène ce matin ?

— Bonjour Sophie, c'est gentil mais je préfère marcher.

Faux, faux et archi faux.

Je ne veux juste pas lui faire perdre du temps en abusant de son hospitalité.

— Tu as une mine affreuse, tu dors suffisamment ?

Je grimace devant cette petite remontrance en reposant ma tasse dans le lavabo. Nos liens restent fragiles en sachant que nous avons disparus avec son fils sans laisser le moindre mot. Pouf volatilisé dans la nature comme elle aime me dire quand nous sommes que toutes les deux.

— Oui ne vous en faites pas, bonne journée.

Je fais volte-face et sors comme une voleuse de la maison dans une dernière politesse de la main. Elle tente de me retenir en me disant quelque chose qui ressemble a un bon gros charabia mais je suis déjà loin en refermant la porte. Les kilomètres filent a en perdre haleine tant ma vitesse est soutenue ou alors est-ce seulement mes muscles engourdis par ma position pour dormir cette nuit qui me laisse croire le contraire. Je rentre au pas de course dans les couloirs du bâtiment et toque a la porte en attendant patiemment que ma prof veuille bien me laisser assister a son cours de physique chimie.

— Vous êtes en retard Mademoiselle Lincoln.
Me dit-elle sévèrement. Avez-vous un mot d'excuses ?

— Bonjour Madame Stanfort, non il y avait des bouchons sur la route.

Elle fronce les sourcils sous ses grosses montures de lunettes vert olive avant de me faire signe de rejoindre ma place. Eddy et Lola mes deux meilleurs amis m'attendent de pied ferme comme tous les matins.

— Tu as encore des ennuis, Nana ?
Me demande Eddy en m'embrassant sur le front.

— Non tout va bien, j'ai loupé mon réveil.

— Tu as de la chance, moi ça ne m'arrive jamais. Intervient Lola en gribouillant sur son cahier. Ton prince charmant a un rapport avec tout ça ?

Son petit sourire en coin me fait rire. Lola est toujours friande des petits potins croustillants du matin contrairement a moi qui ne m'intéressent pas beaucoup aux rumeurs du lycée.

— Non désolée, pas grand chose a te mettre sous la dent, mon prince charmant bosse toute la nuit six jours sur sept.

— Bruh ta vie sexuelle doit être vraiment barbante..

— Ou inexistante.

Je donne une tape a Eddy qui ricane perversement en jouant a la balancelle avec sa chaise. J'ai horreur des conversations de ce genre aussi tôt et encore moins quand il s'agit d'en être au centre. Le pire est qu'ils disent vrais, ma vie sexuelle est digne d'une none en pleine reconversion. Depuis notre retour a la vie normale, lui comme moi ne nous approchons pas l'un de l'autre affectueusement parlant.

— Bon changeons de problème.
Clame soudainement Eddy en cachant son portable sous le pupitre. Tu te souviens que vendredi c'est mon anniversaire pas vrai ?

J'acquiesce tout de même sans comprendre où il veut en venir.

— Je t'explique, on a regroupé des potes a moi pour faire un anniversaire deux en un dans une superbe baraque a Los Angeles.

— Et donc ?

Lola se met a rire nerveusement en secouant la tête.

— Je te l'avais dit qu'elle dirait non.
Marmonne-t-elle en mâchouillant le bout d'un crayon.

— Et donc tu viens avec nous.

— Venir avec vous ? Répétai-je bêtement. Vous savez bien que je n'aime pas ça.

Les fêtes sont loin d'être ce que je préfère mais mon meilleur ami et son mode yeux de chien battus on toujours raison de moi.

— Allez Lana ça va être sympa, ça te changera un peu de ta routine puis tu peux proposer a Dany de venir si tu as envie.

— Ou a cet apollon qui a fait le mur du jardin pour te rejoindre en douce hier soir..

Mon sang se glace subitement en regardant Lola qui joue des sourcils depuis sa place. Comment est-elle au courant de sa visite ? Eddy quant a lui visiblement ne semblait pas au courant a la façon dont il me regarde avec incompréhension.

— Elle parle de qui ?
Demande-t-il étonné.

— D'un beau brun comme dans ses livres d'amours.
Ricane-t-elle en ne me laissant pas prendre a la conversation. Oh ça va Lana, je voulais juste passer pour papoter et il m'a devancé.

— Tessa restait souvent avec avant son décès, c'est tout, ils étaient bon amis.

Ouais et il a mit fin a ses jours aussi.

Le cours se termine dans le silence le plus complet même si je vois bien que Eddy semble perturber de la situation. Je ne vois toujours pas pourquoi Lola a décidé de mettre ça sur le tapis mais je suis certaine qu'elle n'en restera pas là. En fin d'après-midi, je profite d'un moment où nous pouvons être que tous les deux pour remettre cette histoire dans son contexte.

— Je peux te poser une question ?
Me demande-t-il en sortant une cigarette.

— Hm ?

— Ça va avec Dany ?

Je savais bien que cette question sortirait a un moment ou un autre.

— Je ne sais pas trop en fait, je ne me retrouve plus trop dans notre relation en ce moment.

— En ce moment ? Me dit-il dans un sourire. Ça fait déjà longtemps que ça ne va plus Nana.

Sa main rejoint la mienne en exerçant une petite pression pour tenter de m'apaiser parce que oui Eddy est comme ça, il absorbe mes émotions, calme mes maux de sa simple présence.

— Ça a un rapport avec ce mec ?

Il ne faut pas que ça le soit, surtout pas après tout ce qu'il a fait, pourtant mon silence donne malheureusement la réponse a ma place. Oui, je ne pense qu'à lui et mon cœur en souffre.

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Where stories live. Discover now