Chapitre quarante quatre

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Est-ce que cela aura la moindre importance dans 10 ans ?

Point de vue de Black.

Le verre de whisky a le même goût que les précédents. Fort en bouche avec du caractère. Tout ce que j'aime habituellement mais pas aujourd'hui. La colère, cette putain de colère contre moi-même m'assaille de toute part et vient me rendre vulnérable. La queue en compote je retombe mollement dans mon pieux en poussant au passage la petite blonde en train de remettre son tee-shirt.

— Tu vas faire quoi pour Lana ?

Je regarde Lola qui s'arrête brusquement de s'habiller en me posant cette question stupide.

— Depuis quand ça te regarde ?

— Je suis sa meilleure amie si tu te souviens bien.

Mon ivresse est un frein pour rire de cette connerie. Meilleure amie ? Elle n'a pas hésité à me faire des avances dans ce putain de pub. Je crois que nous n'avons pas la même signification de l'amitié même si ce n'est pas franchement mon domaine.

— Tu es une salope pas son amie.

Je ne contrôle absolument pas les mots qui sortent comme ils me viennent parce qu'à mes yeux ils sont cent pour cent justifiés. Je suis tout autant responsable qu'elle dans cette folie parce que j'ai accepté cette nuit en sa compagnie mais c'est elle qui a fait tout le reste.

— Excuse-moi ? Crache-t-elle en me forçant à la regarder. Tu ne disais pas ça quand tu avais ta tête dans mon entrejambe.

— Ouais et justement il m'a fallu une petite éternité pour bander a nouveau avec ton odeur de rat crevé.

Je la repousse une dernière fois pour bien lui faire comprendre que je ne plaisante pas et qu'il temps pour elle de se barrer vite fait de mon appartement. Semblant être sur le point de se mettre à chialer et clairement impatient je sors du lit difficilement à retenant brutalement son poignet dans ma main.

— Mais lâche-moi abruti !

En deux temps, trois mouvements Lola se retrouve devant la porte que je referme au passage brutalement sur elle. Depuis l'arrière de la chambranle, je peux entendre ses jurons et son petit coup de poing timide dans le battant de la porte avant que le silence ne revienne. John qui ne semble rien avoir à faire de sa vie platonique sors de sa chambre en se frottant les yeux.

— Non mais mec c'est quoi ce boucan encore ?

Je le contourne en me dirigeant jusqu'à la bouteille de whisky encore sur la table basse.

— Désolé je ne comptais pas te réveillé.

— Je bosse à six heures du mat mon pote alors je ne remet pas en question notre amitié mais tes petites visites nocturnes commence à me taper grave sur le système.

Les lumières du salon s'allument et en contrepartie m'aveugle une bonne minute. Je bougonne en attrapant une casquette qui traîne sur un meuble.

— Ça fait bientôt deux semaines Black, tu veux bien me dire ce qu'il se passe ?

— Rien du tout.

Je sors une cigarette de mon paquet et me renfrogne dans un fauteuil en attendant qu'il ne me fasse une leçon de morale à la con. Je suis peut-être ivre mais j'ai encore conscience de ce que je suis capable de dire ou non et raconter ma vie sexuelle à mon ami et loin d'être possible à mes yeux aujourd'hui.

— Arrête de te foutre de ma gueule, plus les jours passent et plus tu te transformes en un zombi de The Walking Dead.

En effet, il marque un point. Depuis ma dispute précédente avec Lana je ne dors presque plus et j'ai la sensation que le ciel est en train de me tomber sur la tête. Si seulement je n'avais pas eu peur cette nuit-là en apprenant qu'elle m'aimait nous filerions à l'heure qu'il est le parfait amour.

— Belle comparaison, je te tire mon chapeau.

Ma casquette à la main fait une petite révérence et je me sens subitement complètement stupide.

— C'est en rapport avec Lana ?

Entendre son nom venant d'une autre bouche que la mienne deux fois dans la même nuit m'agace davantage.

— Plus ou moins.

— Raconte, je suis plus à une heure de sommeil près si tu vois ce que je veux dire.

John s'installe sur le divan en s'accoudant bien en appui sur ses genoux. Il est un bon ami pleins de bonnes attentions mais je ne vois pas ce que je pourrais lui dire à part que je suis épuisé de me battre contre moi-même en permanence.

— Je suis trop con.

— Ce n'est pas une nouvelle, Black.

Je lui donne un coup dans le bras qui semble à ses yeux le faire rire plus qu'en être douloureux.

— Elle est amoureuse de moi.

Les mots sonnent faux dans ma bouche.
Je ne vois pas comment cela pourrait être possible après tout ce qu'elle subit de traumatisant depuis que je suis dans sa vie. Je ne peux pas me permettre de faire volontairement mal a elle ou bien un membre de sa famille puis imaginer quelque chose de plus concret. Il faudrait vraiment être à la masse et malheureusement je n'en suis pas encore à ce stade même si elle a beaucoup d'importance à mes yeux.

— C'est une bonne nouvelle non ? Me dit-il d'un sourire honnête. Elle est plutôt bonne en plus.

— Mais c'est la fille de Lincoln.

Un silence de mort s'abat dans la pièce et semble bien rapidement le faire revenir à la raison. John me fait les gros yeux en me donnant cette fois un coup incontrôlé dans les bijoux de famille. Je peste certainement cinq bonnes minutes en me demandant si tel n'est pas vraiment ma destinée. Se faire castrer à deux heures du matin par son pote d'enfance n'était clairement pas dans mon programme.

— Attends deux secondes c'est la fille de Drew ? PUTAIN MAIS TU AS QUOI DANS LA TÊTE ? ET TU L'AS RAMENE CHEZ NOUS EN PLUS ?

— Mais ta gueule, tu  vas rameuter tous les flics si tu continues à gueuler comme ça.

Je pars dans ma chambre en pensant que la conversation serait close mais c'est mal connaître mon ami qui vient me suivre jusqu'à celle-ci comme un petit chien.

— Tu as des centaines de femmes à tes pieds et toi tu choisis la fille du mec que tu as tué a cause de l'accident de Mia ? C'est quoi ton problème..

— J'en sais rien, je ne contrôle rien John.

Je m'affale sur le bout de mon lit en serrant mes doigts plus fort encore dans mon visage. A cause de tout cet alcool, je ne ressens presque rien et cette sensation vient remettre ma colère à rude épreuve.

— Comment ça tu ne contrôles rien ? Parle-t-il tout bas en venant se mettre à genoux devant mon visage. Black putain, je t'en supplie ne me dis pas que tu es amoureux de cette fille.

Bingo.

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant