Chapitre soixante

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Si quelqu'un ne se soucie pas de vous perdre, tournez la page. Beaucoup de gens mourraient s'ils vous perdaient.

Point de vue de Lana.

Je me suis perdue moi-même durant cette bataille qui finalement n'a pas obtenue une fin digne de ce nom. En sortant de ma cachette le cœur battant a tout rompre dans la poitrine, j'ai compris que plus rien ne serait comme avant et qu'une vie ne serait pas suffisante à me faire oublier cette relation toxique mais si belle qui m'a été donné de vivre. En rentrant en trombe dans la maison avec encore le goût de ses baisers en bouche mon père fait son apparition dans le salon et me bloque ainsi le passage.

— Je suis fière de toi, Lana.

Et moi je meurs doucement dans mon propre abîme en sachant pertinemment que cette douleur lui-même ne pourra pas la combler.

— J'ai mis un terme a cette relation parce qu'elle devenait trop prenante mais en revanche n'imagine pas qu'elle te donne le droit de revenir dans ma vie comme tu en as envie.

Ma mère qui se trouve dans un coin du salon et sent certainement le vent dans la mauvaise direction vient faire renfort. Elle est la raison qui me pousse à dire tout ce que je pense parce qu'elle est ma dernière chance de faire comprendre a mon père que lui aussi n'est pas blanc comme neige dans cette histoire.

— Comment peux-tu être amoureuse de ce connard ? Soupire-t-il en reprenant cette expression sévère qui ne lui va absolument pas. Je le connais depuis longtemps, Lana. Il ne peut pas t'aimer sincèrement et tu sais pourquoi ?

Je hoche d'un mouvement de tête.

— Parce que lui-même ne s'aime pas.

La bile me remonte en gorge violemment et m'oblige a rejoindre la salle de bain en courant. Je me vide entièrement de tout ce que j'ai ingurgité depuis la veille. Les larmes me montent aux yeux en vomissant toute la peine qu'il me reste en stock. Et si Black ne m'avait pas menti ? Est-ce que le fait de me dire qu'il m'aime m'aurait conforté sur la solidité de notre relation ?

— Je t'en prie, Lana. Murmure ma mère en grattant comme un chat devant la porte. Je sais que c'est difficile pour toi mais nous avons la chance d'être enfin ensemble.

J'ouvre légèrement la porte en regardant ma mère qui se retient de fondre en larme sous mes yeux. Impuissante, voilà ce que je retiens de cette longue minute où nos regards se croisent et s'apprivoisent.

— S'il te plaît, tu veux bien faire ça ?

— Si tu savais comme c'est douloureux, maman. Dis-je en me blottissant dans ses bras. Il se souciait vraiment de moi et même si papa ne me croit pas, je suis certaine qu'il m'aimait.

Mary Lincoln indocile et bagarreuse dans l'âme vient fendre l'armure en me serrant davantage dans ses bras et en me caressant doucement les cheveux.

— Je n'en doute pas mon bébé mais nous sommes tes parents et nous souhaitons que ton bonheur. J'espère sincèrement que tu te rends compte qu'il y avait trop de larmes et pas assez de sourires ses derniers temps.

— Je ne sais pas si il y en aura encore maintenant que tout est terminé.

Si seulement elle savait que son unique enfant a franchi la limite plus d'une fois en s'armant même d'un pistolet qui a ainsi dire mis un terme à la vie d'une personne innocente. Cette histoire me hante chaque seconde depuis.

— Le temps fait tout, Lana. Murmure-t-elle en m'embrassant doucement le front. Et la prochaine fois qu'un homme instable vient te parler, un coup dans les attributs et on en parle plus.

— Vise plutôt dans l'œil, les roubignoles c'est extrêmement douloureux.

Papa vient se joindre à la partie en s'asseyant a même le carrelage. Ce moment ensemble me rappelle des souvenirs qui me blessent autant qu'ils me rendent heureux. Combien de temps cela va-t-il rester comme ça ? Est-ce que nous arriverons a nous reconstruire après cette longue absence ? Seul le destin pourra nous le dire mais en attendant un autre calvaire commence seulement maintenant. Oublier mon histoire avec Black et tout ce qui le concerne. Mission impossible d'après les larmes qui menace encore de couler juste en y pensant.

— Que dirais-tu d'une balade en bateau comme au bon vieux temps ? Me demande-t-il soudainement en s'acoquinant avec ma mère qui sourit déjà. Rien que tous les trois.

— Je croyais que tu n'aimais pas ça ?

Maman morte de honte se relève difficilement du carrelage en tapant dans ses mains comme en signe de fin de discussion.

— Elle ne supporte pas ça mais elle veut te faire plaisir. Chuchote mon père en m'accompagnant dans le salon. Tu verras ma Nana, les belles choses arrivent bientôt.

Nous passons une bonne partie de cette fin d'après-midi ensemble a revivre nos souvenirs sur ses vieux bateaux que mon père retapait entièrement avant de prendre le large. En rentrant a la maison, la petite cabane en bois dans le jardin me ramène brusquement en arrière et mon coeur se serre encore plus fort en ouvrant doucement la porte. Je me blottis pile là où Black a genoux m'a dit qu'il m'aimait en cherchant a revivre notre dernier moment en commun. Je ne me vois pas m'endormir en boule a même le carrelage mais une petite lumière provenant de mon portable me fait sursauter. Mon coeur bondit en remarquant un texte interminable provenant de Black datant d'une minute a peine.

Je ne sais pas si tu liras mon message mais les mots me viennent plus facilement quand ils ne sont pas dit à voix haute. Je suis conscient qu'ils ne changeront rien de ce que tu penses de moi mais a mon sens je te dois bien ça. Par où commencer, premièrement je vais très certainement m'excuser une bonne dizaine de fois alors ne roule pas des yeux en lisant ça.

Je suis exactement en train de le faire.

Lana, putain si tu savais comme c'est tellement brouillon dans ma tête depuis que je t'ai quitté. Je vivais depuis tellement longtemps en solitaire et pourtant a la seconde où tu es partie loin de moi après cette semaine chez Aaron, j'ai compris qu'il me serait difficile de mettre un trait sur toi.

Tu veux dire la semaine où tu nous as enfermé avec Dany ? Cette putain de longue semaine où tu lui a tiré dessus et que tu m'as demander de le soigner en me regardant tranquillement faire les bras ballants ? Exactement sept jours avec une arme pointée dans ma direction en me rappelant toujours que c'était toi le maître de la partie ? Excuse-moi mais je ne vois pas bien comment faire plus psychopathe.

Je n'ai pas fait les choses correctement mais Mia venait de m'être enlevée par ton père et j'ai franchi la limite en prenant le risque de poursuivre cette histoire. Notre histoire qui a mes yeux a été la plus belle de toute mon existence. Honnêtement, je ne suis pas heureux pour Drew d'avoir loupé mon coup mais heureux pour toi parce que tu vas enfin reprendre goût à la vie en profitant de lui chaque seconde comme il se doit.

Les larmes menacent de couler en me blottissant dans une couverture bien chaude qui traîne certainement depuis une petite éternité par terre. Lui aussi a été ma plus belle histoire.

Ça reste impardonnable même si ça se termine bien dans un sens pour ta famille comme pour la mienne. J'ai joué et j'ai tout perdu en laissant passer cette chance de construire quelque chose avec toi mais si un jour tu trouves la force de me pardonner alors tu peux toujours me rejoindre pour qu'on discute. J'ai une chambre d'hôtel a l'autre bout de la ville histoire de prendre un peu de distance.

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant