Chapitre vingt quatre

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Moi le matin, je casse le vent, je fais chier les gens ça me purifie c'est important.

Point de vue de Lana.

Plus mon imaginaire se met en route en ressassant ses souvenirs du matin avec Dany et moins mon corps accepte physiquement et psychologiquement le contre-coup de cet accident. La fatigue s'accumule davantage dans cette position et mes yeux noirs de mascara se ferment tous seuls en tentant de me convaincre que dans cette pièce, il ne pourra plus m'atteindre. Des coups puissants pleuvent soudainement derrière la porte et mon sang se glace en me recroquevillant davantage dans un angle de la salle de bain.

— Lana ?

— Ne frappe pas aussi fort, tu vas lui foutre encore plus la trouille du con.

Je lève automatiquement la tête en entendant une conversation entre John et Black derrière le montant en bois de la porte. Des questions me viennent soudainement en tête du genre. Comment va-t-il ? Pourquoi est-il déjà debout ? Est-ce que la douleur est aussi inimaginable que ce que mes livres au bahut disent ? Les coups s'ensuivent et se répètent en me sortant subitement de cette rêverie.

— Tu m'entends ?

— Donne deux coups pour dire oui et un coup pour dire non.

La plaisanterie idiote de John a le don de me faire sourire en me relevant légèrement pour mieux entendre la conversation.

— Mais tu es con ou quoi ? Intervient Black d'une voix tranchante. Putain barre-toi avant que je casse la porte en plus de ta tronche.

— Bah quoi ? Si on ne peux même plus aider.

Les deux garçons se disputent puis le silence revient brutalement en laissant place a la panique. Je cède finalement devant un Black qui s'impatiente en frappant dans une nouvelle et dernière tentative contre la porte. Nos regards se rencontrent une seconde et les larmes me montent rapidement en restant immobile sous ses yeux obscurs de colère. Son poing s'abaisse doucement et son expression se radoucit en lisant en moi comme dans un livre ouvert.

— Viens, approche.

La sensation soudaine de reprendre en oxygène en me faufilant dans ses bras grands ouverts m'apaise instinctivement.

— Raconte-moi, Lana.

Ses bras se referment sur mon corps en caressant doucement mes cheveux en bataille. Si seulement Black pouvait sentir comme mon coeur saigne, comme je me sens impuissante au-delà de la situation.

— Dis-moi toi comment tu te sens.

— Comme une bombe a retardement.
Me dit-il en tenant fermement d'une main son pansement. Il faut que je m'assois.

Sans attendre, il me repousse doucement en arrière et referme la porte derrière lui avant de crouler contre le mur de la petite pièce. Je m'assois a sa droite, épuisée mais tout de même rassurée d'être en sa compagnie.

— Qu'est-ce que tu as fait ? Me demande-t-il en observant consciencieux mon poignet. Ne me dit pas que c'est John ou mon frère.

— Non, je suis tombée.

Je m'embourbe dans mon mensonge, incapable de lui dire la vraie raison de mon traumatisme. Je ne veux même pas imaginer son comportement si Black venait a apprendre ce que Dany a fait ce matin pendant qu'il dormait. Premièrement il le tuerait et deuxièmement je ne suis pas prête a voir encore la tombe de quelqu'un de mon entourage sous mes yeux.

— Si ça un rapport avec ton père sache que la porte est encore ouverte, Lana. Mon offre tient toujours, tu peux partir si tu en as envie.

Ses mots me touchent parce qu'ils sont authentiques. Il me fait suffisamment confiance pour m'offrir la liberté dont je ne suis plus certaine d'avoir envie. Espèce d'idiote. Silencieuse et infiniment reconnaissante je repose mon visage dans le creux de son bras.

— J'ai juste besoin de dormir pour le moment et toi aussi par la même occasion.

Mon intonation est douce mais pourtant sonne pleine de reproche en fixant sa main sur son pansement. Il a besoin de repos plus que quiconque, je ne veux pas qu'il s'inquiète. Je me relève et vient lui tendre une poigne de main a laquelle il s'accroche en prenant appui difficilement.

— Alors comment elle..

Nous tombons sur les deux garçons qui sautent du divan pour nous rejoindre. Le frère Kulling reste a bonne distance en feignant la nonchalance  et l'indifférence contrairement a John qui bien plus expressif vient a ma rencontre en me pressant puissamment dans ses bras. Je me raidis inconsciemment chose que tout le monde remarque en silence.

— Explique-nous putain, c'est quoi ton problème aujourd'hui ? Me demande-t-il en se reculant finalement. On se fait du soucis contrairement a ce que tu peux croire.

— Tu te fais du soucis, moi je m'en cogne royalement.

Black fusille des yeux son frère qui soupire avec agacement en sortant de la maison. Plus le temps passe et moins j'arrive a comprendre son problème avec moi même si je dois bien reconnaître qu'être la fille de Drew Lincoln ne me facilite pas la tâche. Il est la cible a abattre dans cette famille. Ça en devient fatiguant.

— Ne lui en veut pas, les chiens ne font pas des chats. Me dit John en s'amusant avec la pierre de son briquet. C'est de famille.

— Une famille dont tu fais partie, je te rappelle.

Les deux amis se chamaillent et oublient rapidement la raison de notre conversation. Je m'en contente amplement en me faufilant sans bruit dans la chambre ou les draps sont encore légèrement tiède. Je m'assois sur le lit, la tête reposant sur mes genoux repliés en essayant de faire abstraction de ses souvenirs du matin même en compagnie de Dany. Ici, je suis en sécurité. Je me répète ses mots inlassablement comme en guise de relique en regardant Black faire irruption dans la chambre.

— Tu ne dors toujours pas ?

Le lit s'affaisse légèrement et ses bras m'entourent soudainement.

— Est-ce que ton ordure de copain a un rapport avec tout ça ? Me demande-t-il calmement. Si nous voulons cohabiter ensemble, on doit se faire confiance, Lana.

Il a raison mais j'ai une peur bleue de ce qu'il pourrait être capable de lui faire en apprenant cette vérité.

— Promets-moi que tu ne vas rien faire.

Un manque inexplicable m'accapare soudainement en sentant sa prise se faire moins lourde de ses mains contre moi.

— Promets-le moi, Black.

— Accouche putain, tu me mets en colère juste en me demandant ça.

La tension monte crescendo dans la pièce.
Il est important avant tout de lui dire ce que Dany manigance derrière son dos.

— Dany a un couteau avec lui dans la chambre. Dis-je d'une petite voix. Il m'en a fait part ce matin en me couchant.

Je le soupçonne d'être beaucoup trop calme au vue de la situation. Black demeure impassible et silencieux en attendant certainement que je poursuive.

— Il nous a vu sortir de la salle de bain dans la nuit et il est devenu hors de contrôle. Continuai-je dans un murmure. Il m'a attaché aux barreaux du lit et m'a bâillonné..

Les larmes coulent naturellement en baissant les yeux morte de honte. Je vais seulement prendre mon pied en te baisant comme la chienne que tu as toujours été. Ses mots tournent encore dans ma tête en sentant son corps se raidir contre moi.

— Continue.

— Il m'a forcé a le faire avec lui.

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum