Chapitre vingt

88 8 0
                                    

La vie est une série de destins et d'incidents croisés échappant à notre contrôle

Ups! Ten obraz nie jest zgodny z naszymi wytycznymi. Aby kontynuować, spróbuj go usunąć lub użyć innego.

La vie est une série de destins et d'incidents croisés échappant à notre contrôle.

Point de vue de Lana.

Les sapins dansent et virevoltent dans de grosse bourrasques de vent qui me glace le sang. Les paupières closes, je m'abreuve de la vitesse en encerclant plus fort encore la taille de mon partenaire. La moto zigzague rapidement sur les routes menant au cœur de Las Vegas. J'avais oublié la beauté des lieux, toutes ses odeurs et ses lumières qui brillent comme des comètes. Les souvenirs de mon adolescence refont surface et les rêves inavoués de revivre ses moments de pure insouciance avec mes amis redouble mon chagrin. Lola et Eddy font toujours partie de ma vie et ils me manque.

— Tu dors ?

La lumière revancharde du soleil m'agresse les yeux en les rouvrant.

— Non je profite du calme, dommage que tu viennes perturber ce moment pour dire de la merde.

Un petit sourire vient fendre son armure en portant une main vers mon visage pour me retirer mon casque. Je ronchonne mais me laisse faire en savourant tout de même la douceur inhabituelle de son geste.

— Alors c'est quoi le programme ?
Demandai-je en lissant la perruque sur mon crâne.

— Contente-toi seulement de profiter et ne m'emmerde pas avec tes questions.

Je roule des yeux mais marche tout de même sur ses talons en me fondant dans la masse importante de ce milieu d'après-midi. Chaque recoin de rue et monuments me rappelle a quel point j'aime encore me balader dans cette merveilleuse ville qui est la mienne. Las Vegas est ta maison, ma grande. Pourtant involontairement ma cadence s'amenuise en profitant des paysages explosifs de cette ville lumière. Une main chaude glisse et se referme soudainement sur la mienne en m'incitant a ne pas me laisser distraire. Je frissonne au contact de ses doigts m'enserrant comme un vieux couple.

— Je propose une paire de couilles sur le front.
Dis-je en passant les portes d'un salon de tatouage. Allez Black ça t'irait tellement bien.

— Et toi une bouche plus grande pour les gober sans vomir.

Un haut le cœur me submerge en lui donnant un bon coup de poing dans le dos. Il ricane avant de saluer une femme aux cheveux bleus pâle et aux nombreux tatouages d'une vague accolade.

— Black Kulling. Souffle-t-elle dans un sourire sincère. Tu viens de rentabilisé ma journée.

— Et toi la mienne.

Une pointe de jalousie inappropriée m'envahit en me faisant toute petite derrière lui. Je ne le connaissait pas en dehors de son personnage de fou furieux psychopathe alors cette soudaine douceur attise ma curiosité.

— Tu me ramènes de la visite ?
Demande-t-elle curieuse en reposant sur la table un carnet de croquis. Dommage que je ne sois pas complètement lesbienne, tu es divine.

— Merci..

La honte me monte aux joues en la laissant me prendre dans ses bras comme un chaton apeuré.

— Moi c'est May et toi ?

— Lana, enchanté.

Je rejoins timidement Black dans la pièce suivante.
L'odeur de cuir du fauteuil me chatouille le nez en parcourant des yeux la petite salle pleine de couleurs et de choses inutiles. Je transpire la fascination, envieuse de comprendre qu'il va se faire tatouer certainement pour la centième fois.

— Je peux te le faire si tu veux.
Me murmure May en voyant le dessin que je regarde.

— Ne la force pas, elle est du genre chochotte.

La voix rauque et accablante de Black dans mon dos me pousse a ressentir le besoin de le contredire. Mon père ferait certainement un syncope en apprenant la nouvelle. Lui qui m'avait formellement interdite de salir mon corps avec des saloperies de tatouages comme il le dit si bien.

— La chochotte va le faire alors.

— Voilà une vraie femme.
Rigole May en me tapant dans la main. Tu vas voir tu ne le regretteras pas.

Black roule des yeux en nous voyant aussi complice avant de retirer son tee-shirt sous les regards salivants de la jeune femme. Il plaît et il le sait. La cession commence ou je profite du bruit perfide des aiguilles qui entaille la base de sa nuque même si il semble totalement hermétique a la douleur.

— Je t'ai déjà dit que tu ressembles a un chef-d'œuvre Kulling ?

— Tous les jours depuis qu'on a quinze ans, ça flatte ma confiance en moi.

— Comme si tu avais besoin de ça.
Dis-je en m'installant a mon tour sur le fauteuil. Tu as les chevilles plus grosses que la cervelle.

Il esquisse un sourire puis m'invite a prendre mon aise comme pour me faire comprendre que je vais pleurer. La tatoueuse m'applique consciencieuse le motif de la moitié d'un cœur brisé dans la nuque juste derrière mon oreille. Je ne me voyais pas avec un autre dessin que celui qui ressemble tant au chaos qui règne depuis la mort de Tessa dans ma vie. Ce tatouage sera le fruit de mes erreurs et regrets accumulés.

— Respire doucement.
Me dit-elle en sortant une aiguille d'une pochette.

Les battements de mon cœur redoublent en cherchant un peu d'oxygène dans la pièce. Je ferme les yeux, incapable de montrer a Black mes faiblesses mais soudainement une main s'invite a la mienne propageant sa chaleur dans ma paume. L'homme en question ne sourit pas, pourtant je peux lire sur ses lèvres son petit " je suis là "tout en m'habituant a la douleur me mordant la peau.

— Merci encore May, c'était un plaisir.
Lui dis-je en suivant Black vers la sortie.

— Moi de même, n'oubliez pas de me dire si ça vous tente de sortir un de ses jours comme au bon vieux temps.

Elle nous lance un clin d'œil avant de refermer la porte derrière elle. Silencieux monsieur grognon sillonne les ruelles poursuivant son ascension en direction d'un centre commercial. Je tente de le suivre, priant pour ne pas me retrouver avec des cloques aux pieds en rentrant. Je retrouve soudainement mon âme d'enfant en regardant les devantures de vitrines des magasins qui se succèdent sous mes yeux.

— Regarde ce qui te plaît en attendant que je reviennes. Me dit-il en me tendant une carte bancaire. Profite c'est ma tournée.

— Tu te crois dans Pretty Women ?

Il rit sous cape avant de me la tendre encore dans une nouvelle tentative.

— Rassure-toi c'est pas comparable, il te faudrait un ravalement de façade complet pour que je veuilles bien me faire..

Les yeux ronds de surprise, je couvre sa bouche trop souriante de ma main en priant pour que personne ne nous regarde. Heureusement pour moi les clientes du magasin sont trop loin pour nous entendre.

— Essaye celle-ci et peut-être que je changerai d'avis.

Il file vers la sortie, me laissant certainement seule pour la toute première fois depuis notre rencontre.
Je pourrais moi aussi saisir ma chance en cherchant le premier avion a des milliers de kilomètres de lui, de toute ses incertitudes qui me taraude et m'esseule pourtant mes pieds restent bien accroché sur le parquet.

— Bonjour vous avez besoin d'aide ?

Non, non et non.
Enfin oui si on se souvient que j'ai un psychopathe qui se trimballe toujours avec une arme dans son pantalon qui m'a enlevée et séquestrée. Je refuse poliment même si tout me suggère de la faire envoyer ce faire voir et court en vitesse dans une cabine d'essayage.

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz